Une chronique de Martin
Le western est un voyage: celui d'aujourd'hui nous conduit en Bolivie.
L'idée de Blackthorn est de ressusciter le légendaire Butch Cassidy et d'avancer que, contrairement à ce que le cinéma a déjà pu suggérer, le braqueur de banques n'est pas mort abattu sous le feu de la police sud-américaine. Avec son ami Sundance Kid, il aurait fui et serait resté caché de longues années pour se faire doucement oublier dans les habits d'un éleveur de chevaux, avant de se décider finalement à rentrer au pays pour retrouver un neveu - ou un fils ? - égaré. Un bel argument scénaristique qui dévie de sa trajectoire initiale quand Butch croise la route d'un drôle d'ingénieur, poursuivi par une horde de prétendus chasseurs de prime. Le début des ennuis.
Blackthorn est un western bolivien, tourné là-bas par un cinéaste espagnol. L'Amérique est aussi bien présente, dans les traits fatigués du héros joué par un excellent Sam Shepard. La toute première chose qui frappe ici, c'est la beauté inaltérable des paysages: ils ne sont pas de l'Ouest, d'accord, mais ces décors naturels apportent au film d'éclatantes couleurs, d'autant qu'ils sont incroyablement diversifiés (montagne enneigée, désert de sel, jungle luxuriante). C'est bien là ce qui m'a permis d'entrer dans l'histoire, d'accepter ses petits temps morts et de prendre beaucoup de plaisir dans une posture strictement contemplative. Je peux négliger ce que montre le cinéma au profit de ce qu'il raconte. Dans le cas présent, il y a un équilibre.
Le résultat n'est pas parfait, mais mérite le détour. Je crois difficile d'imaginer les rebondissements du scénario avant que Butch Cassidy ne se soit véritablement remis en selle. À ceux qui, faute de l'avoir rencontré, ne cadreraient pas le personnage, quelques flash-backs viennent livrer des éléments concrets sur ce qu'était sa vie "active" d'avant la retraite bolivienne. Comme dans le film de George Roy Hill sorti en 1969, il y a dans Blackthorn quelque chose qui ressemble beaucoup à de la nostalgie. D'une manière générale, le ton demeure plus sombre aujourd'hui qu'il ne l'était hier. Les dernières images laissent toutefois croire en une issue plus favorable, sinon heureuse. Au loin, une ultime nouvelle vie pour les jours du troisième âge.
Blackthorn
Film espagnol de Mateo Gil (2011)
Crépusculaire: l'adjectif colle à ces westerns modernes où un héros vieillissant s'embarque pour une dernière chevauchée - c'est d'ailleurs le sous-titre du film. Impitoyable (de Clint Eastwood) fait figure d'incontournable référence pour tous les réalisateurs qui s'attellent aujourd'hui à pareil projet. Bien plus que le True grit sorti au début de cette année de la caméra des frères Coen. Le genre peut-il désormais rebondir autrement ? Je n'en sais rien, mais j'accepte d'emblée d'être à nouveau surpris. Et si possible par quelque chose d'un peu plus consistant que le récent Cowboys et envahisseurs.
1 commentaire:
Un très beau western !
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