mercredi 21 septembre 2011

Une disparition

Une chronique de Martin

Stéphane Monnereau est un flic. Un flic ordinaire, aurais-je pu dire, qui, après une opération musclée, emmène sa femme en vacances pour renouer des liens que la routine a distendus. Sur une route rectiligne de Lozère, avec son petit garçon à l'arrière, le couple est victime d'une panne. La tension reprend le dessus et Monnereau laisse Valérie seule dans une station-service, le temps de retourner vers son véhicule avec la dépanneuse. À son retour, elle a disparu. Rien que par son titre, R.I.F. claque comme un coup de feu. Recherches dans l'intérêt des familles, seconde réalisation cinéma de l'ex-policier Franck Mancuso, démarre fort pour ne plus ralentir.

Avec Yvan Attal dans le rôle principal, c'est sa première qualité. C'est donc à une nouvelle enquête policière que le public est ici convié. Une investigation qui sera double: celle du mari "abandonné" progressera en parallèle avec les recherches officielles, diligentées par un gendarme, Bertrand Barthélémy - alias Pascal Elbé à l'écran. La deuxième réussite de R.I.F. tient à l'efficacité de la confrontation qui s'instaure entre les deux flics, alliés objectifs de circonstance, mais suffisamment opposés quant à la méthode à suivre pour ouvrir le champ à une belle opposition de style. Attal, tendu, rentre-dedans, fait face à Elbé, autoritaire et méthodique. Que, du fait justement de leur métier, ils aient dû être sur la même longueur d'ondes renforce le réalisme du film. Comme un dialogue l'explicite, à la place de l'autre, chacun aurait agi de la même façon: aux mépris des règles procédurales pour Monnereau, de manière organisée pour Barthélémy.

R.I.F. ne se contente toutefois pas de faire vivre un (bon) duo d'acteurs. Sur la base d'un suspense appréciable, il crée un univers âpre, sec, où les états d'âme et les regrets n'ont guère de place. Jusque dans ses petits rôles, la distribution est remarquable: j'ai beau avoir lu plusieurs fois le contraire, je trouve que chacun est ici à sa juste place, avec l'allure, le style, qui va à son personnage. Nimbé d'une musique de Louis Bertignac parfois décalée, le film s'illustre par une très belle photo et une bonne technique pour filmer. Calmes ou non, les plans sont d'une parfaite lisibilité. Pas de temps mort dans cette histoire: si son dénouement peut peut-être sembler expéditif, c'est bien aussi que le rythme ne faiblit jamais vraiment.

R.I.F. - Recherches dans l'intérêt des familles
Film français de Franck Mancuso (2011)
Après avoir notamment écrit le scénario de 36, quai des Orfèvres, le réalisateur de Contre-enquête signe un nouveau long-métrage sans concession, qui va droit au but. Peut-être pas encore l'oeuvre cinéma la plus aboutie qui soit, mais une base solide et efficace, pour une carrière qui n'en est encore qu'à son début. Je surveillerai donc la suite avec intérêt. Sur un thème étrangement identique, mais sans qu'il s'agisse cette fois d'une "simple" adaptation, j'ai retrouvé ici un peu de la qualité de Ne le dis à personne, le polar réalisé par Guillaume Canet. Une preuve encore que les Américains ne sont pas les seuls à savoir utiliser l'univers policier pour la fiction.

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Une petite précision:
Les photos qui illustrent cette chronique sont signées Guy Ferrandis.

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