Une chronique de Martin
Je n'ai pas fini d'explorer la filmographie de Jean-Pierre Melville. Sûrement, je sais déjà qu'on le présente souvent comme un maître du septième art, mais j'ai constaté que son style pouvait être vivement décrié. Je ne suis donc pas en mesure de prendre position pour l'instant: il me faut attendre d'avoir vu plus de ses films. Si j'ai regardé L'aîné des Ferchaux l'autre jour, lors d'un passage télévisé, c'est d'abord pour Jean-Paul Belmondo, ici âgé d'à peine trente ans dans la peau d'un des deux personnages principaux. Le rôle titre, lui, revient à Charles Vanel. Le long-métrage marque leur confrontation.
Belmondo est Maudet, un boxeur sans gloire qui décide de changer radicalement de vie en s'engageant comme secrétaire d'un patron voyou, en partance vers l'Amérique du sud. Ce patron, vous l'aurez compris, c'est donc Vanel, L'aîné des Ferchaux, un homme puissant et arrogant que son passé douteux a fini par rattraper. L'enjeu premier du film est de montrer l'évolution de la relation de ces êtres que tout semble devoir opposer. Vanel-Ferchaux se demande en fait dans quelles catégories d'hommes il faut classer Belmondo-Maudet. Lui en compte trois: d'abord celle des moutons, qu'il exclut d'emblée, ensuite celle des léopards et enfin celle des chacals. C'est à la fois sur cette question et sur ses conséquences que l'intrigue progresse.
Avant d'être un film, L'aîné des Ferchaux est un livre, un roman signé Georges Simenon. Je ne l'ai pas lu. Parfois, le contexte général est raconté par Maudet, en voix off. C'est donc bien son histoire à lui que le long-métrage évoque avant tout, à un rythme dont la lenteur peut surprendre, voire déstabiliser, le public des créations contemporaines. Les acteurs sont restés en France, mais Melville entrecoupe leurs scènes de longs plans de villes américaines, histoire de se situer dans le décor. Le tournage fut éprouvant, le cinéaste vexant coup sur coup ses deux acteurs. On notera que son oeuvre a connu un remake, réalisé d'ailleurs par l'un de ses anciens assistants, Bernard Stora. 38 ans plus tard, mouvement d'inversion, Belmondo reprenait le rôle de Vanel, le sien étant alors offert à Samy Naceri.
L'aîné des Ferchaux
Film français de Jean-Pierre Melville (1963)
Au tout départ, c'est Jean Valère, un autre cinéaste, qui devait ici tenir la caméra. Il était question qu'Alain Delon et Spencer Tracy incarnent les personnages, un petit rôle revenant à Romy Schneider. Tel qu'il se présente aujourd'hui, le film reste une oeuvre intéressante, même si son auteur a fait mieux - Le cercle rouge, par exemple. Dans la relation qui s'instaure entre Belmondo et Vanel, j'ai retrouvé un peu de celle qui unit Romain Duris et Niels Arestrup dans De battre mon coeur s'est arrêté. Et dans le personnage ambigu de Maudet, un opportunisme désabusé qui m'a rappelé celui de Barry Lyndon. Même si ses motivations sont tout autres, la fuite en avant du film peut également évoquer celle de Pierrot le fou. Quatre autres films qui, autant le préciser, sont sortis plus tard.
Belmondo est Maudet, un boxeur sans gloire qui décide de changer radicalement de vie en s'engageant comme secrétaire d'un patron voyou, en partance vers l'Amérique du sud. Ce patron, vous l'aurez compris, c'est donc Vanel, L'aîné des Ferchaux, un homme puissant et arrogant que son passé douteux a fini par rattraper. L'enjeu premier du film est de montrer l'évolution de la relation de ces êtres que tout semble devoir opposer. Vanel-Ferchaux se demande en fait dans quelles catégories d'hommes il faut classer Belmondo-Maudet. Lui en compte trois: d'abord celle des moutons, qu'il exclut d'emblée, ensuite celle des léopards et enfin celle des chacals. C'est à la fois sur cette question et sur ses conséquences que l'intrigue progresse.
Avant d'être un film, L'aîné des Ferchaux est un livre, un roman signé Georges Simenon. Je ne l'ai pas lu. Parfois, le contexte général est raconté par Maudet, en voix off. C'est donc bien son histoire à lui que le long-métrage évoque avant tout, à un rythme dont la lenteur peut surprendre, voire déstabiliser, le public des créations contemporaines. Les acteurs sont restés en France, mais Melville entrecoupe leurs scènes de longs plans de villes américaines, histoire de se situer dans le décor. Le tournage fut éprouvant, le cinéaste vexant coup sur coup ses deux acteurs. On notera que son oeuvre a connu un remake, réalisé d'ailleurs par l'un de ses anciens assistants, Bernard Stora. 38 ans plus tard, mouvement d'inversion, Belmondo reprenait le rôle de Vanel, le sien étant alors offert à Samy Naceri.
L'aîné des Ferchaux
Film français de Jean-Pierre Melville (1963)
Au tout départ, c'est Jean Valère, un autre cinéaste, qui devait ici tenir la caméra. Il était question qu'Alain Delon et Spencer Tracy incarnent les personnages, un petit rôle revenant à Romy Schneider. Tel qu'il se présente aujourd'hui, le film reste une oeuvre intéressante, même si son auteur a fait mieux - Le cercle rouge, par exemple. Dans la relation qui s'instaure entre Belmondo et Vanel, j'ai retrouvé un peu de celle qui unit Romain Duris et Niels Arestrup dans De battre mon coeur s'est arrêté. Et dans le personnage ambigu de Maudet, un opportunisme désabusé qui m'a rappelé celui de Barry Lyndon. Même si ses motivations sont tout autres, la fuite en avant du film peut également évoquer celle de Pierrot le fou. Quatre autres films qui, autant le préciser, sont sortis plus tard.
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