dimanche 6 février 2011

7ème étage: rayon coutellerie

Une chronique de Moko-B

Il y a quelque temps,
Robert Rodriguez se payait la fantaisie Machete (prononcez Matchété), une fausse bande-annonce réalisée pour le programme Grindhouse, imaginée avec Quentin Tarantino et placée entre les deux longs métrages principaux: Planète terreur et Boulevard de la mort. Quelques années plus tard, ce qui était une récréation d’un réalisateur terrible est devenu... un vrai long-métrage ! L’histoire n’a rien d’originale, mais on s’y attend un peu, n'est-ce pas ?

Ainsi, Machete, un ancien agent fédéral, véritable légende, est-il laissé pour mort après avoir été piégé par un baron de la drogue (Steven Seagal himself). Réfugié au Texas, il essaie de se fondre dans le paysage et d’oublier son passé - difficile de louper Danny Trejo quel que soit le paysage ! Mais comme dit un vieux proverbe texan, chassez le bœuf-futur-steak, il revient vous encorner au galop ! Et voilà ce pauvre Machete de nouveau victime d’infamie et de perfidie. Sauf que cette fois… c’est pas pareil ! Il veut venger son honneur et pouvoir vivre de nouveau en homme libre (prononcez libré) ! Le pitch, en réalité, on s’en tamponne les coussinets de léopard zébré de Triffouillis-les-chats ! Machete est un prétexte de Robert Rodriguez pour nous balancer en pleine poire une déferlante de scènes improbables, sanglantes, aberrantes et hilarantes ! Et on peut dire qu’il s’est fait plaisir le monsieur, avec un casting à faire pâlir les réalisateurs en manque d’inspiration: Danny "Bad" Trejo, Jessica "Film plastique" Alba, Steven "Kung-fu" Seagal, Michelle "Camionneuse" Rodriguez, Robert "Talking to me" de Niro, Lindsay "Pouf" Lohan, Cheech "Cray Mexican" Marin, Don "Nash" Johnson et Jeff "Lost" Fahey.

Voilà ces acteurs réunis d’une façon inattendue et qui se font plaisir comme jamais (si, si, ça se sent). L’exploit de Rodriguez ne tient pas au film lui-même, mais aux choix pris unilatéralement. On s’aperçoit combien il a bien choisi chaque rôle. Et ce film de série B qui, en d’autres mains, aurait pu être remisé au fond du dernier rayon du 4ème sous-sol du plus miteux vidéo club, réussit à impressionner et… à plaire.

Des précautions à prendre, toutefois. Machete n’est pas un film tout public. Avant de s’introduire dans cet univers barbaque-poufs-flingues, il faut avoir potassé un peu son Petit Tarantino&Rodriguez illustré. Si vous avez l’estomac fragile, la féminité susceptible et le langage chaste, passez votre route. Machete est un film musclé et crasseux. Le machisme y est roi et le sang y coule plus encore que la bière. Certes, ce film n’est pas une œuvre cinématographique en soi. Ce n’est pas non plus un navet infâme. On peut dire que Robert Rodriguez a su montrer là tout son talent, dans le créneau qui est (souvent) le sien. Plus fou encore, ce film fait le pari insensé de mettre Danny Trejo en tête d’affiche, dans son premier rôle principal. Pour l’ancien taulard, cousin de Robert Rodriguez et abonné aux tierces rôles scabreux, la révélation est fracassante !

Il est quasiment à la portée de tous les réalisateurs confirmés d’Hollywood de réunir de grosses légumes pour jouer dans un film très annoncé. Mais savoir donner à chacun sa place, même gigantesquement stupide, tient quand même de l’exploit. Et je ne parle même pas de désacraliser intelligemment certaines stars comme Robert de Niro ou Don Johnson.


Machete
Film américain de R. Rodriguez et E. Maniquis (2010)
En conclusion, si vous voulez passer un moment de rigolade et que vous avez l’humour franchement premier degré et décalé, courrez voir Machete. Ce film est là pour vous débrider le cerveau, rendre dérisoires vos visions du film de héros solitaire, et vous laisser un parfum de sang. N’oubliez pas d’ouvrir votre esprit et de ne pas confondre série B et navet. Le mot de la fin: espérons qu'il ne fasse pas un film avec Le Rôtisseur. Encore que...

Pour être tout à fait complet...
Vous pouvez lire la chronique du même film signée Martin.

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