dimanche 28 mars 2010

Un cauchemar paranoïaque

Et de quatre ! En choisissant Leonardo di Caprio pour le rôle principal de Shutter Island, Martin Scorsese signe sa quatrième coopération avec le comédien. Une bonne idée ? Oui, plutôt, car l'acteur se tire plutôt bien d'un rôle pas franchement facile. Il joue ici le marshall Teddy Daniels, un policier qui débarque sur une île américaine transformée en asile-prison pour des déments criminels. Tout juste descendu du ferry un jour de brouillard avec son équipier Chuck Aule, le flic est chargé de percer un mystère: comment est-il possible qu'une des patientes-prisonnières, une dénommée Rachel Solando, soit parvenue à échapper à la vigilance de ses gardiens et dès lors à... disparaître ? Il lui faut résoudre cette énigme très rapidement. Sur place, une tempête menace en effet de s'abattre à tout moment.

J'ai vite voulu voir Shutter Island, en fait dès le moment où j'ai découvert sa bande-annonce. Une relative surprise, dans la mesure où je n'ai pas toujours apprécié le travail de Martin Scorsese: j'ai quelques (grands ?) films à rattraper, certes, mais la sourde violence qui parcourt sa filmographie de bout en bout me met souvent franchement mal à l'aise. Attention: les lieux que le réalisateur propose d'arpenter cette fois n'ont rien du pays des Bisounours. Maintenant, et en dépit de certaines scènes sanglantes, parfois même outrancières, c'est d'abord l'angoisse qui risque de vous saisir dès les premières images de ce long métrage. Il semble en tout cas que tout est fait pour ça, en images et sons, entre les intempéries météorologiques à l'écran et les violoncelles saturés en fond musical. Après, c'est une question de goût: cette rude approche formelle pourrait évidemment rebuter. Pour ma part, elle m'a aussitôt plongé dans le scénario. D'emblée, un très bon point pour le cinéaste !

Le grand plaisir que j'ai eu à voir ce film, c'est aussi pour avoir compris qu'il était bien autre chose que ce que sa bande annonce m'avait laissé entrevoir. Polar de facture classique, Shutter Island est d'abord un thriller. Pour peu qu'on s'immerge dans les entrelacs multiples de cette histoire tordue et que sa conclusion ne s'impose pas comme une évidence avant le générique final, je pense qu'il y a là de quoi vivre un vrai grand moment de cinéma. Sur le plan strictement formel, je l'ai déjà suggéré: c'est parfait ou presque. Pour ce qui est du fond, je crois effectivement que les conclusions ultimes de l'enquête du marshall Daniels pourront en surprendre plus d'un. J'ajoute pour être franc que mon ami Philippe, qui a vu le film avec moi, l'a beaucoup moins apprécié, car il avait tout deviné rapidement. Plus que jamais, je crois donc utile de garder le silence sur les tenants et aboutissants de l'intrigue, vous laissant le bonheur de les découvrir seuls. Deux petits mots complémentaires, toutefois, et d'abord pour souligner le jeu des acteurs, avec notamment l'excellent Mark Ruffalo et un Ben Kingsley que j'étais ravi de revoir dans un rôle de médecin assez ambigu. Et je rappelle aussi à ceux qui manqueraient la projection que le long métrage est l'adaptation (fidèle) d'un bouquin de Dennis Lehane, que j'ai lu dans la foulée immédiate, et qui m'a beaucoup plu aussi. Double satisfaction, donc.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais hate de lire ta chronique sur Shutter, nous en avons déjà discuté donc... Avec nos conclusions propres.
Je conseille en tout cas ce film !
Killaee

Thierry D a dit…

Je n'ai pas vu encore le film, mais la densité du livre de Dehaenne associé au talent de Léonardo Di Caprio laisse augurer du meilleur.