dimanche 31 août 2025

Récidivistes ?

Autant le dire: je n'ai pas hésité longtemps à voir Les bad guys 2. J'avais aimé le premier volet et ce second épisode était prometteur dans la catégorie un peu fourre-tout des divertissements estivaux. Aucune déception à l'arrivée: ce nouvel opus des studios Dreamworks répond aux attentes que j'avais placées en lui - et il a plu à ma mère !

Rappel: Loup et son équipe (Requin, Piranha, Serpent et Tarentule) étaient connus comme les auteurs de vols ultra-spectaculaires. Seulement voilà ! Le chef de meute est soudain tombé amoureux d'une renarde honnête et la bande s'est dès lors sagement rangée derrière son chef. Problème: ses nombreux écarts de conduite passés suscitent encore la méfiance et privent les mauvais sujets repentis d'une véritable possibilité de reconversion dans une activité légale. Faudra-t-il qu'ils rempilent ? Ils pourraient de fait y être contraints. Après la première scène d'anthologie en Égypte, c'est cette hypothèse qui tient lieu de véritable point de départ pour ce très chouette film d'animation qu'est Les bad guys 2, à 99% orienté action et 100% fun. Nous pourrions ensuite avoir droit à un numéro 3. C'est à confirmer...

Sans toutefois affoler les compteurs du box-office, les aventures 2025 de ces drôles de bestioles introduisent bien sûr de nouveaux individus dans la ménagerie initiale, dont cette peu farouche et jolie tigresse. C'est tout près d'un ring de catch qu'aura lieu le premier rendez-vous. Plus tard, je vous révélerai simplement que nos amis les animaux prendront de l'altitude. Comment ? Je préfère vous laisser la surprise. Les bad guys 2 ne s'embarrasse évidemment d'aucune vraisemblance. J'ai pris l'habitude de dire que l'animation permet toutes les fantaisies et j'ajoute donc que vous en aurez ici une nouvelle démonstration. Conseil d'ami: débranchez votre cerveau analytique et amusez-vous ! C'est en fait le mal que je vous souhaite devant un tel programme. Quelques jours avant la rentrée, ça ne pourra pas vous faire de mal...

Les bad guys 2
Film américain de Pierre Perifel et Juan Pablo Sans (2025)
Les plus chauvins auront noté que l'un des réalisateurs est français. Pierre Perifel fait coup double après avoir été le premier Frenchie responsable  - en solo - d'un long-métrage animé made in USA. Dreamworks résiste ainsi plutôt vaillamment à l'empire Disney-Pixar. J'attends donc la réplique (Zootopie 2 ?) d'ici la fin de cette année faiblarde pour les entrées en salles. Le premier approche des dix ans !

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Oups ! Je n'ai rien dit des voix...

En VF, vous pourrez notamment entendre Pierre Niney, Alice Belaïdi ou Jean-Pascal Zadi. Et ces "non-spécialistes" ont fait du bon boulot...

vendredi 29 août 2025

Le seul fils

Sa belle bande-annonce nimbée de mystères et sa provenance turque m'ont poussé à découvrir de The things you kill à sa sortie en salles. J'imaginais que le réalisateur, iranien, n'avait pas pu tourner son film dans son pays et il semble en effet que les autorisations nécessaires aient (au moins) mis trop de temps à arriver ! Il s'est donc expatrié...

C'était aussi le cas d'Ali, son personnage principal, revenu en Turquie après 14 années passées aux États-Unis. Ce professeur de littérature comparée (une option à l'université) a bien des ennuis: son contrat d'un semestre devrait ne pas être renouvelé, sa vie d'homme marié souffre de l'impossibilité d'avoir un enfant - des examens médicaux révélant une stérilité qu'il ne peut admettre - et, plus grave encore pour lui, il est le seul fils d'un père qui le méprise d'être un jour parti. Résultat: quand sa mère décède, Ali est persuadé que son géniteur est coupable et mène alors une contre-enquête sur l'accident supposé. Ambiance ! Cette froideur scénaristique se maintiendra tout au long du métrage. En un mot, The things you kill est bel et bien un thriller des plus tendus, sur fond de profondes dissensions intrafamiliales. Vous aurez remarqué que j'ai opté pour des images plutôt sibyllines pour vous le présenter. Ce n'est, bien sûr, pas tout à fait un hasard...

Je ne veux pas vous priver de la surprise, mais le (très bon) scénario se développe vite vers autre chose qu'une banale intrigue policière. L'apparition de Reza, un personnage de jardinier amené à épauler Ali dans ses tâches quotidiennes, fait sortir l'histoire de son cap initial. J'admets qu'il m'a fallu lire quelques critiques ensuite pour être sûr d'avoir bien compris ce que j'avais vu et entendu. Les journalistes spécialisés confirment souvent que le réalisateur est très honnête quand il cite David Lynch parmi ses références. Sa version originale en langue turque renforce le trouble que suscite The things you kill. D'aucuns laissent par ailleurs entendre que l'homme derrière la caméra raconte son histoire via la fiction - le film étant dédié à ses soeurs. Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé l'expérience tout à fait fascinante ! Disons qu'elle est aussi exigeante et réclame dès lors d'être concentré sur ce qui se passe et se dit à l'écran, à la lumière, dans la pénombre ou même dans l'obscurité. Et pas toujours de manière très audible. J'imagine que cela pourrait m'inciter à m'y plonger une seconde fois...

The things you kill
Film turc d'Alireza Khatami (2025)

Sans délai, je conseille vivement cet opus aux âmes bien accrochées ! Après cela, il sera naturellement toujours possible de le comparer avec Lost highway, souvent fixé comme un possible point de repère. Bref... un exemple de cinéma stimulant comme on en voit (trop) peu. Du côté iranien, un film comme Valley of stars est plus mystérieux encore. Mon explication ? L'intention du cinéaste n'est pas la même...

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Vous en redemandez ?

Un conseil de lecture: la chronique de Pascale, elle aussi très positive.

mercredi 27 août 2025

Emprises multiples

Je n'aime pas être sévère avec les premiers films d'un(e) cinéaste. Ainsi qu'on me l'a dit un jour, il est logique qu'ils soient "chargés" d'intentions, puisque leur auteur - ou autrice - n'a aucune certitude préalable de faire carrière (ou au moins de réaliser un second opus). J'aimerais être moins exigeant avec Aux jours qui viennent. Mais...

Laura, la trentaine, vit seule avec sa fille Lou depuis qu'elle a rompu avec le père, Joachim. Sa situation financière est vraiment difficile. Son ex ne la soutient absolument pas... et son ancienne belle-mère compatit vaguement, en ouvrant son porte-monnaie dans un soupir. Joachim, lui, fréquente désormais Shirine, et vit à ses crochets. Comme avec Laura auparavant, il témoigne d'un comportement jaloux, possessif et franchement instable. Aux jours qui viennent relève d'abord de l'étude de moeurs, actuelle... et plutôt bien ficelée !

Seul problème: quand le scénario rapproche les deux jeunes femmes dans une même peur liée à l'homme, le film prend des airs de thriller et oublie qu'il nous parlait d'emprise, au point de trouver des excuses au personnage masculin (manipulateur, oui, mais malade avant tout). Je vous avoue que j'ai eu un peu de mal à croire à cette histoire. Dommage, car ses interprètes sont bons, à commencer par les têtes d'affiche, Zita Hanrot et le désormais incontournable Bastien Bouillon. Le même éloge doit être fait à Alexia Chardard, que la promotion officielle du long-métrage néglige un peu trop, à mon humble avis. Mentions spéciales enfin pour saluer le petit rôle de Marianne Basler et l'incroyable prestation d'une formidable petite fille, Maya Hirsbein. Il y a de jolis moments dans ce film, y compris dans la représentation d'un amour naissant (et merci, notamment, à Aurélien Gabrielli !). Qu'il se passe à Nice n'apporte pas grand-chose, malheureusement. Aux jours qui viennent restera donc pour moi une petite déception. Cela dit, je souhaite le meilleur à sa jeune réalisatrice pour l'avenir...

Aux jours qui viennent
Film français de Nathalie Najem (2025)

Trois étoiles, c'est peu. Il est entendu que le sujet du long-métrage reste vraiment important (et donc pleinement légitime au cinéma). Mon vrai regret tient surtout au fait qu'une certaine invraisemblance entoure le parcours des protagonistes, un peu caricaturaux parfois. Peut-être ressortirai-je mon DVD de Darling, qui parle d'une femme battue. Autres idées: Jusqu'à la garde et/ou L'amour et les forêts...

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Et pour conclure...

Vous pourrez voir que Pascale et moi sommes presque du même avis.

lundi 25 août 2025

Dans la ville

Et si c'était lui ? Oui... et si c'était Cédric Klapisch le premier cinéaste dont j'aurai présenté tous les films ? Je me suis rapproché de la cible en revoyant Chacun cherche son chat (qui aura bientôt 30 ans). Tourné à Paris, dans le quartier Bastille, ce long-métrage énergique respire l'amour des gens et d'une certaine ville en voie de disparition !

Avant de prendre une semaine de vacances, Chloé cherche quelqu'un pour garder Gris-Gris, son chat (noir). C'est compliqué, mais elle finit par rencontrer une mamie habituée à ouvrir son petit appartement aux matous de tous poils. Seul problème: quand la jeune femme revient de sa pause estivale, son cher félin a totalement disparu. Débute alors une quête pour le retrouver, toutes les vieilles dames des environs se mobilisant vite pour aider Chloé, du mieux possible. Pas toujours efficaces, certes, mais d'une indéniable bonne volonté...

Avec elles, il y a également Djamel, un type plus jeune, d'un niveau intellectuel disons limité, depuis sa chute - accidentelle - d'un toit. Grand révélateur de talents, Cédric Klapisch retrouvait un comédien fidèle à son cinéma: l'excellent Zinedine Soualem. L'improbable duo formé avec Garance Clavel, que je connais moins bien, fonctionne parfaitement. D'autres visages incontournables dans la galaxie CK apparaissent au détour d'un plan ou bien sûr pour une participation plus importante: je citerais Romain Duris, Hélène de Fougerolles, Simon Abkarian ou encore Nicolas Koretzky. Une famille à ses débuts. J'ai aimé la voir évoluer dans une capitale changeante, dans la foulée de la première élection de Chirac à la présidence (52,64% vs. Jospin). Je vous l'avoue: trois décennies ont passé, mais j'ai eu l'impression de faire un lointain - et ma foi très agréable - voyage dans le temps. Les nombreuses scènes de rue ressemblent parfois à un documentaire saisi sur le vif et auquel on n'aurait pas souhaité ajouter de voix off. Les images, elles, disent beaucoup. D'où ce (nouveau) coup de coeur !

Chacun cherche son chat
Film français de Cédric Klapisch (1996)

Je sais: ma note est vraiment haute. Je l'explique par l'harmonie d'une fiction parfaitement assumée comme telle avec l'environnement urbain qui accueille ses personnages et lui permet donc de s'épanouir. Même avec Paris, sorti en 2008, Cédric Klapisch n'a pas fait mieux ! Pour faire écho à un autre de ses films, je choisis Deux moi (2019). Ni pour ni contre (bien au contraire) est de fait bien plus sombre...

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Et donc, une intégrale Klapisch en vue ?
Mon index des réalisateurs est un bon moyen de retrouver ses longs chroniqués sur Mille et une bobines. Il ne manque à cette belle liste que Peut-être (1999) et L'auberge espagnole (2002), deux jalons importants de mon parcours avec le cinéma. Mais un jour reviendra...

Je termine avec un lien vers un autre blog...
C'est l'occasion de revenir sur la Kinopithèque de notre ami Benjamin.

vendredi 22 août 2025

Fuite et fin ?

Fin de l'hiver 1944-1945. Hitler a reculé, mais la guerre s'éternise. Exemple en Asie: je viens de découvrir le "coup de force" japonais initié le 9 mars. Les troupes de l'empereur, en Indochine française depuis 1940, en prennent le contrôle total. 3.000 militaires et civils originaires de la France métropolitaine sont tués en 48 heures. Commence alors une bataille, mais aussi un grand repli vers la Chine !

En la romançant et de manière frontale, le film Les derniers hommes nous narre cette histoire encore méconnue. Il concentre son attention sur des soldats de la Légion étrangère basés à Khan Khaï, un camp situé dans le sud de l'actuel Laos. Ceux-là vivent une situation épouvantable: blessés et fort mal soignés, il est douteux d'envisager qu'ils puissent survivre à une dispersion dans la jungle environnante. Les longs kilomètres qui les attendent sont bien, eux aussi, un danger mortel. Reste qu'une colonne se met en mouvement, parce que l'ordre lui en est donné, mais sans autre espoir pour certains que d'en finir enfin avec leurs souffrances. Ce qui révèle aussitôt des sentiments variés au sein de l'escouade, ainsi qu'une divergence entre l'officier de commandement et un soldat "de base", privé de toute munition. Attention: j'ai choisi des images générales pour ne pas vous spoiler. Elles vous donneront une idée de l'esthétique du film, le déroulé exact de son scénario restant - je vous le promets - largement à découvrir. Vous n'avez pas devant vous un film de guerre ordinaire, à vrai dire...

Je n'ai pas lu Les chiens jaunes, d'Alain Gandy, le roman ici adapté. Le générique du film cite sept coscénaristes, dont son producteur emblématique, feu Jacques Perrin, décédé avant la sortie en salles. Cette histoire sans vrai héros ressemble à ce que j'ai connu de lui. Elle nous place devant la folie des hommes et les grandes difficultés qu'ils éprouvent parfois à l'heure de faire des choix pour eux décisifs. J'indique au passage que le récit prend ponctuellement une tournure métaphysique, ce qui ne conviendra pas forcément à tout le monde. Les derniers hommes a toutefois l'intelligence d'intégrer sa réflexion sur le divin dans une dimension plus large, démontrant une diversité de croyances (et de non-croyances) au coeur même de la troupe. L'idée d'un Dieu m'étant tout à fait étrangère, je me suis contenté d'observer - et de réfléchir à - comment les hommes peuvent agir pour se raccrocher, justement, à leur humanité dans des conditions extrêmes. Le film les met à nu, loin de l'Éden, mais comme immergés dans la nature presque primitive. Oui, c'est une très belle réalisation !

Les derniers hommes
Film français de David Oelhoffen (2024)

Vous lirez ailleurs des infos sur le tournage, dantesque, en Guyane. Concentré sur le film, j'ai aimé qu'il parle des horreurs de la guerre sans nous asséner un discours préformaté. J'y vois un lien possible avec d'autres opus (récents et remarquables): Onoda et Mosquito. David Oelhoffen m'avait déjà tapé dans l'oeil avec Loin des hommes et Le quatrième mur. Je vais donc essayer de continuer à le suivre...

mercredi 20 août 2025

Venue de loin pour...

J'ai appris (et vite compris) que beaucoup des tous premiers films mettant en scène des extra-terrestres parlaient d'une menace réelle d'une manière détournée - afin de "ménager" le public, par exemple. J'ignore si c'est le cas pour ma curiosité du jour: Une Martienne diabolique. Un film dont je n'ai entendu parler que très récemment...

Venu de Grande-Bretagne, cet étonnant long-métrage nous conduit jusqu'au fin fond d'un petit village écossais, au cours de la saison hivernale. De rares personnes se rassemblent dans l'auberge locale. Outre les tenanciers, il y a là leur petit personnel, une mannequin cherchant à oublier ses amours malheureuses, ainsi qu'un scientifique réputé et un journaliste, l'un et l'autre intrigués par la chute annoncée d'un météore. Il y a aussi un enfant... et un homme évadé de prison. Et une femme, affirmant venir de Mars, rejoint alors le petit groupe !

Je passe sur les détails du pourquoi du comment, mais comme le titre l'indique, cette femme sera bien sûr un réel danger pour les autres. Honnêtement, tout cela s'avère plutôt risible: de la science-fiction cinéma, un peu balourde et de fait dépourvue de moyens techniques importants. Cet opus garde malgré tout un certain charme vintage ! Tourné en noir et blanc, je crois qu'il peut aussi être vu en version colorisée - cela dit sans le moindre regret de ne pas y avoir eu accès. Je vous recommande d'être prudents: le Web est truffé de spoilers. D'une durée d'une heure 14 minutes, le film a le mérite d'être concis. Raison de plus, je dirais, pour lui donner une chance de vous plaire...

La Martienne diabolique
Film britannique de David MacDonald (1954)

Une demi-étoile bonus pour le côté "insolite" de cette découverte tardive: il faut replacer le film dans son contexte artistique d'époque. Il a deux ans de plus qu'une référence: l'amusant Planète interdite. Bien sûr, bien des réalisateurs ont créé des situations et des mondes beaucoup plus spectaculaires encore. Mais en partant dans l'espace ! Rester sur Terre, c'est bien aussi, non ? Enfin, en bonne compagnie...

lundi 18 août 2025

Prise au piège

Le sexisme... Je vous propose un lien vers le rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, publié en début d'année. Je le fais ce midi pour m'inscrire dans la continuité d'un film espagnol sorti en 2024: L'affaire Nevenka. Il revient quant à lui sur des faits survenus, entre 1999 et 2001, dans une ville de la province de León...

Née à Ponferrada, Nevenka Fernández, 25 ans, y revient avec joie après de brillantes études à Madrid et est élue au conseil municipal. Le maire, Ismael Álvarez, la choisit comme adjointe aux Finances. Malgré une
importante différence d'âge, l'édile et sa jeune collègue entament une liaison. Cela ne dure pas: le comportement dominateur de son amant déstabilise et inquiète Nevenka. Elle décide de rompre. Ismael se met alors à la harceler, niant ses qualités professionnelles ou multipliant les appels, à toutes les heures du jour et de la nuit. Aucune esbroufe: c'est très sobrement que le film expose la réalité crue de cette terrible situation, d'autant plus intenable pour la victime que son oppresseur avait l'aura d'un chef mafieux dans sa commune. Le plus dingue dans cette histoire, c'est qu'il a toujours été soutenu...

J'avais l'espoir que la production ait fait appel à de très bons acteurs. Que vous dire ? Chacun dans son rôle, Mireia Oriol et Urko Olazabal sont excellents. Je suis même étonné qu'ils soient repartis bredouilles des Goya en février, lui ayant tout de même été nommé pour le Prix d'interprétation, mais elle absente de la brève liste des prétendantes. L'idée désormais, ce serait au moins d'essayer de retenir leurs noms. Petite précision: avant de découvrir le film, je connaissais déjà celui de sa réalisatrice, régulièrement citée pour ses talents liés au cinéma et ses engagements militants (elle est une proche de Ken Loach). J'estime qu'il est indispensable que des longs-métrages comme le sien existent pour maintenir les consciences éveillées et pour les secouer. Aujourd'hui, je parle de l'Espagne, mais des faits de cette nature existent aussi en France, j'en suis plus que sûr: intimement persuadé. Tout comme je suis certain que la culture peut être un outil efficace pour donner l'alerte et combattre ainsi toutes les formes d'injustice. Elles sont nombreuses, mais je n'y vois pas une raison pour renoncer !

L'affaire Nevenka
Film (italo-)espagnol d'Icíar Bollaín (2024)

Mon petit doigt me souffle qu'aborder un tel sujet de manière honnête et percutante n'est pas forcément à la portée du tout premier venu. C'est si facile de tomber dans le pathos "bon marché" et le racolage. Rien de tel ici... et j'ai hâte de pouvoir comparer ce long-métrage avec d'autres consacrés au même sujet et/ou à des thèmes voisins. Et d'ici là, je vous conseille vivement El reino pour l'aspect
politique !

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Pour finir, deux avis féminins...

Je vous assure: vous pouvez lire Pascale et Dasola en toute confiance.

samedi 16 août 2025

Flammèches

Je retourne vers l'Asie aujourd'hui pour vous parler d'un film chinois accueilli en France début juillet: Des feux dans la plaine. Il semble que Pékin ait longtemps bloqué son exportation, car il date de 2021. Qu'importe: il n'est jamais trop tard pour une séance de rattrapage. Présenté comme un polar, l'opus m'apparaissait riche de promesses...

Au final, je dois l'admettre: c'est une petite déception qui domine. J'attendais un peu mieux de cette histoire autour d'un serial killer ciblant exclusivement les chauffeurs de taxi. Que l'action se déroule dans le nord industriel de la Chine m'avait par ailleurs laissé espérer que ce cadre ajouterait une dimension sociale à l'intrigue policière. Finalement, ce serait plutôt l'observation d'une société ultra-sclérosée que le film propose, en se focalisant surtout sur un duo fille-garçon. Douée pour le dessin, Li Fei voudrait partir refaire sa vie dans le Sud. Shu, à l'inverse, entend bien rester, quitte alors à ne plus fréquenter que les petites frappes que sont ses amis. Des feux dans la plaine déploie son récit en deux parties: en 1997 d'abord, puis en 2005. L'énigme n'est pas élucidée à l'issue de la première, mais le scénario prend un virage important à mi-parcours - ce qui peut être frustrant. Tout cela n'est pas forcément très vraisemblable et le côté sanglant de certaines séquences risque de vous mettre mal à l'aise (ou pire). Ma note est relativement haute de par la nationalité chinoise. Mais...

Des feux dans la plaine
Film chinois de Zhang Ji (2021)

Attention: je vous suggère de ne pas confondre ce film encore récent avec Feux dans la plaine, un film (de guerre) (japonais) de 1959. Cela étant précisé, vous pourrez choisir en connaissance de cause. Pour ma part, je vous invite à rester en Chine en voyant des films mieux équilibrés, tels Black coal ou Une pluie sans fin par exemple. Autre valeur sûre: le mémorable Les éternels, du grand Jia Zhang-ke.

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Et si vous cherchez d'autres avis...

Je vous signale que Dasola aura été la première à "dégainer" le sien. Pascale l'a imitée un peu plus tard et avoue ne pas avoir tout compris.

vendredi 15 août 2025

No stress

Vous êtes là ? Une bonne nouvelle: les après-midis qui restent en août sont plus nombreux que ceux écoulés. J'espère que vous en profitez. Pour ma part et depuis dix jours, j'ai ENFIN pris (un peu) de distance avec le Web - et cela devrait durer jusqu'à jeudi prochain, au moins. Mais pas de pause prévue pour Mille et une bobines... à court terme !

La raison est simple: j'ai encore quelques chroniques "en stock". Suffisamment pour être serein d'ici septembre et l'approche des films automnaux. On dit parfois que la saison est appréciée des cinéphiles parce qu'elle permet la sortie de productions jugées plus ambitieuses. J'ai failli faire une liste de mes attentes: j'ai repéré quelques pépites potentielles, dont la Palme d'or et le nouveau film de Pierre Richard. Je peux déjà vous assurer que je ne renoncerai pas à l'éclectisme. Qu'en est-il de votre côté ? Avez-vous des anticipations positives ? Allez ! Si vous êtes toujours en vacances, nous aurons bien le temps d'en reparler, naturellement, à la fois de visu et par le biais du blog. Certains me lisent depuis très longtemps: je tiens à les en remercier. Rien ne vous oblige toutefois à quitter aussitôt vos chaises longues...

mercredi 13 août 2025

Un éveil à la vie

C'est Wikipédia qui l'affirme: peu connu sous nos latitudes, le cinéma mongol serait "grandement influencé par son homologue russe". J'avoue que ce n'est pas flagrant quand on regarde Un jeune chaman. Ce film sorti l'an passé a vu son jeune acteur décrocher un Prix d'interprétation à la Mostra de Venise 2023 ! Et il vaut le coup d'oeil...

Zé, 17 ans, est donc chaman. Ce qui veut dire qu'il détient le pouvoir de convoquer l'esprit des morts pour obtenir des infos sur les vivants et leur avenir, ce qui permettra de les rassurer et/ou de les protéger. Un jour, il est contacté par la mère de Maralaa, une fille de son âge en passe d'être hospitalisée et opérée pour une pathologie du coeur. D'abord sceptique, la toute jeune femme finit par trouver le garçon attachant et, comme en écho, éveille en lui des sentiments inédits. Jusqu'alors très sage, l'adolescent sort progressivement de sa coquille pour découvrir la vie telle qu'elle est vraiment, sa potentielle douceur et ses aspects beaucoup plus âpres. Je ne crois pas qu'il soit possible de présenter Un jeune chaman comme un étonnant feel good movie venu de la très lointaine Asie, mais c'est un film pétri de qualités. Bien que dépaysant, il n'en est pas moins accessible à tous les publics. Et vous donnera l'envie de tourner le regard... vers d'autres horizons !

Un jeune chaman
Film mongol de Lkhagvadulam Purev-Ochir (2023)

Je vous épargne la longue litanie des nationalités des producteurs officiels de ce long-métrage et me concentre donc sur son origine mongole. Il montre la capitale Oulan-Bator comme un assemblage d'immeubles "modernes", complété par des yourtes traditionnelles. C'est le cas aussi d'un autre opus: Si seulement je pouvais hiberner. Deux films que j'associe donc, l'un et l'autre réalisés par une femme...

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Et puisqu'on parle de femmes...

Vous aurez peut-être envie de connaître l'avis de notre amie Pascale.

lundi 11 août 2025

Exfiltrés

Kaboul, mi-août 2021. De très nombreux hommes, femmes et enfants paniqués courent après les avions qui partent de la capitale afghane. Je ne connais pas beaucoup d'images de cinéma plus forte que ce plan issu du journal télévisé d'il y aura bientôt quatre ans. Le septième art s'empare de cette histoire pour nous proposer la "version française"...

13 jours 13 nuits
, c'est le titre que le réalisateur Martin Bourboulon recycle pour revenir sur une partie de l'opération Apagan (cf. Wiki). Pendant deux courtes semaines d'été, les forces armées françaises ont assuré un pont aérien afin d'exfiltrer au plus vite des personnes confrontées au retour au pouvoir des Talibans et déterminées à fuir. En tout, 2.630 Afghans, 62 ressortissants européens et 142 Français. Le film rend compte de la fin de ce terrible épisode et de l'évacuation complète de l'ambassade de France. Il y restait encore une douzaine de membres chargés de la sécurité, mais également des centaines d'anonymes, venus chercher de l'aide et retranchés derrière ses murs. Cette histoire dans l'histoire, c'est Mohamed Bida, officier de police en mission à l'époque, qui l'a racontée dans un bouquin (re-cf. Wiki). Le scénario s'appuie donc sur une base solide. Il l'édulcore un peu. Mais bon, je ne jouerai pas aujourd'hui au jeu des sept différences...

J'insiste cependant: le film dont je parle N'EST PAS un documentaire. Ce sont avant tout ses deux acteurs-vedettes, à savoir Roschdy Zem et Lyna Khoudri, qui m'ont donné envie d'aller le voir. Bonne pioche ! Lui décroche ici un nouveau rôle fort, à la hauteur de son charisme. Elle est un peu en retrait, mais ce beau personnage de jeune femme engagée comme interprète lui offre une visibilité largement méritée. Je chipoterais si je vous précisais qu'il a été inventé pour le cinéma. Je passe et préfère vous indiquer que le film a été tourné au Maroc. Or, pour le coup et selon ce que je peux savoir de la réalité de la vie afghane d'alors, 13 jours 13 nuits se tient au plus proche des faits. C'est donc à la fois un long-métrage haletant et un rappel important. En fin de projection, vous n'échapperez d'ailleurs pas aux cartons didactiques - qui font entre autres une brève mention de la situation actuelle. Seuls regrets: ils passent sous silence le fait que la France avait initialement laissé derrière elle des centaines de ses supplétifs. Ils ne disent rien non plus de l'action humanitaire demeurée sur place.

13 jours 13 nuits
Film français de Martin Bourboulon (2025)

La grande qualité de cet opus ? C'est sûrement de ne pas user d'effets spectaculaires pour rendre compte d'événements intenses et de miser sur la force de ce qui est vraisemblable. Un copier-coller intelligent ! Maintenant, il existe évidemment d'autres façons de parler du sort tragique de l'Afghanistan: je vous recommande Osama et Parvana. Sur un thème voisin, Zero dark thirty ravira les fans de blockbusters.

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Vous en voulez encore ?

Soit ! Je vous recommande donc un petit tour chez Pascale et Dasola.

samedi 9 août 2025

De sang et de papier

Le crime fait vendre. Ces quatre mots disent ma profonde conviction selon laquelle les réalités les plus scabreuses ont encore ce pouvoir d'intéresser nombre de lecteurs, auditeurs et spectateurs des médias. Sont-ils les Rapaces du film sorti en juillet sous ce titre ? Pas sûr. Mais il sera bien question aujourd'hui de la presse... et d'un meurtre !

Quelque part dans le nord de la France, on a jeté de l'acide au visage d'une jeune femme avant de la tuer. Le grand reporter d'un journal spécialiste des faits divers - l'hebdomadaire Le Nouveau Détective - suppose que l'assassin aurait pu ne pas agir seul. Il reprend l'enquête pour tenter de débusquer la vérité et, bien sûr, en faire ses choux gras. Rapaces aborde simultanément plusieurs sujets: l'investigation de Samuel, le personnage principal, s'accompagne d'une description intelligente de son cadre professionnel et de sa relation compliquée avec Ava, sa fille, engagée comme stagiaire au sein du même canard. C'est plutôt bien senti, souvent intéressant et, vers la fin, haletant comme ces thrillers où tout menace de dériver vers la violence crue. Bon point: le duo que composent Sami Bouajila et Mallory Wanecque est toujours crédible et nous plonge avec talent dans les aspects non-criminels de ce récit (librement inspiré de l'affaire Élodie Kulik). J.-P. Darroussin, Valérie Donzelli, Stefan Crepon et Andréa Bescond sont aussi dans ce deuxième long d'un cinéaste prometteur. À suivre !

Rapaces
Film français de Peter Dourountzis (2025)

Un vrai enthousiasme pour cet opus, quelque peu tempéré toutefois par l'impression que le scénario veut raconter trop de choses à la fois. C'est super d'avoir montré le fonctionnement interne d'une rédaction aux moyens limités, mais, pour évoquer un féminicide, La nuit du 12 m'apparaît mieux maîtrisé (et, je dois le dire, plus sombre encore). Le cinéma français n'a rien à envier aux "classiques" comme Zodiac...

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D'autres avis sur la toile ?

Bien sûr... et pour commencer, j'ai repéré celui de notre amie Dasola.

vendredi 8 août 2025

Le coq, l'âne et moi

Vous le savez bien si vous venez régulièrement sur ce blog: au-delà même des époques où ils ont pu être réalisés et de leurs origines géographiques, les films que je regarde appartiennent à des genres très diversifiés. Je ne veux pas découvrir toujours la même histoire ! J'ai quelques préférences, oui. Mais j'essaye de rester ouvert à tout...

Et j'aime passer du coq à l'âne ! Je peux ainsi vous assurer que le film dont je vous parlerai demain n'a rien à voir avec celui d'avant-hier. Un indice chez vous: ce sera un film français, sorti le mois dernier. Avant d'y revenir, je voulais évoquer l'application mobile Letterboxd. Quelqu'un parmi vous l'utilise-t-il déjà ? Un ami que le septième art passionne me l'a présentée comme un réseau social pour cinéphiles. J'hésite encore à la tester, vu le nombre d'heures que je passe déjà devant les écrans, et je serai preneur de vos avis en commentaires. Ma certitude: il y a encore des milliers de films... que je n'ai pas vus !

mercredi 6 août 2025

Sa musique pour horizon

Vous aurez peut-être su le deviner à la lecture des deux chroniques précédentes: le piano est bien mon instrument de musique préféré. J'aimerais savoir en jouer et je reste baba devant Freddie Mercury. Autre grand talent (que j'ai vu et applaudi sur scène): Alain Klingler. Soyez sûrs que le cinéma ne nourrit pas ma vie culturelle... à lui seul !

J'y retourne vite aujourd'hui pour évoquer un film dont j'ignorais tout jusqu'à ce qu'Arte le diffuse: La légende du pianiste sur l'océan. L'histoire commence à l'aube du 20ème siècle quand un machiniste embarqué sur un gigantesque paquebot découvre par hasard un bébé abandonné dans la salle de banquet. Il n'hésite pas et l'adopte. L'enfant grandira à bord, n'osant jamais s'aventurer jusqu'à la terre ferme et naviguant donc constamment entre l'Europe et l'Amérique. C'est dans ces conditions qu'il apprendra le piano en pur autodidacte et deviendra l'ami d'un trompettiste - le narrateur de cette histoire. Que vous dire ? J'ai littéralement été embarqué dans ce beau récit aux allures de conte, inspiré d'un monologue théâtral du dramaturge italien Alessandro Baricco, mais cependant tourné en langue anglaise. L'incroyable Tim Roth y dévoile une facette inattendue de son talent d'acteur. Il sait nous tenir en haleine jusqu'au bout du long-métrage...

C'est bien évidemment plus facile avec la musique d'Ennio Morricone ! En partie tourné à Cinecittà, le film a des airs de grand cinéma italien classique, avec une évidente référence au maestro Federico Fellini. Magie de la création, le décor de La légende du pianiste sur l'océan n’apparaît parfois que comme du carton-pâte: l'émotion et le plaisir n'en sont alors que plus vifs. Pas d'effets spéciaux ultra-spectaculaires dans cet opus, mais un imaginaire poétique et une grande attention portée aux divers personnages. Ce huis-clos flottant n'en est pas un pour chacun d'entre eux, mais il ne faut pas attendre trop de réalisme dans le déroulé de leurs prétendues "aventures" maritimes. Je dirais qu'une nouvelle fois, c'est la mélancolie qui affleure sous les images. C'est aussi la fin d'un monde qui nous est racontée, avec un bateau comme possible refuge pour éviter le chaos ou attendre d'y sombrer. Bon, c'est à vous de voir: je ne vais pas tout vous dévoiler non plus...

La légende du pianiste sur l'océan
Film italien de Giuseppe Tornatore (1998)
Je suis également venu vers cette histoire pour retrouver un cinéaste décidément méconnu et injustement malaimé. Il est certes évident qu'il lorgne vers Et vogue le navire... et je ne lui reprocherai pas. J'aime autant croire - et dire - que les deux films peuvent coexister. Un "bonus" appréciable ici: la première apparition de Mélanie Thierry. Un certain émoi pourrait alors refaire briller Les lumières de la ville !

lundi 4 août 2025

Un monde virtuel ?

Jusqu'où ira-t-il ? Le réalisateur Quentin Dupieux peut-il être stoppé ? L'accident de piano, sorti en juillet, est son septième long-métrage depuis 2020 (et déjà le quatorzième de sa carrière, débutée en 2007). Parmi ses partenaires nommés au générique: Netflix et Arte France. J'appelle cela faire un grand écart, mais il n'y a aucune honte à avoir !

Quentin Dupieux s'est presque toujours fait remarquer par son sens de l'absurde et sa capacité à faire des films relativement courts. L'accident de piano atteint presque l'heure et demie: on peut dire que c'est l'un des plus longs à ce jour. Reste à en apprécier le fond. Habitué à la dérision du cinéaste, je trouve que son humour grinçant s'habille cette fois (et peut-être même huit) d'un profond pessimisme.

Blague à part, QD a choisi d'aborder le petit monde des influenceurs. Magalie, son "héroïne", s'est fait connaître via le Web, en se filmant dans des situations extrêmement dangereuses. La médecine a établi que la jeune femme était insensible à la douleur: elle a donc choisi d'en profiter pour se mutiler face à la caméra et publier des vidéos sur Internet, extrêmement lucratives. Nous la découvrons flanquée d'un assistant, Patrick, dans un luxueux chalet de haute montagne choisi par lui pour qu'elle échappe un temps à la cohorte de ses fans. Misanthropes et vénaux, Magalie et lui ont du mépris l'un pour l'autre. Ils vont alors devoir le dissimuler. A minima devant une journaliste...

Pour pointer du doigt cet univers d'apparences, il est tout à fait clair que Quentin Dupieux n'y va pas par quatre chemins. Son talent avéré lui permet de construire des scènes trash, on ne peut plus explicites. Ce style peut donc choquer ou, à tout le moins, mettre mal à l'aise. C'est, à mon avis, l'effet recherché, a fortiori lorsqu'une séquence s'étire et, de ce fait, ne laisse finalement aucun répit au spectateur ébahi. Je trouve d'ailleurs fort déroutante l'une de mes impressions durables: le type derrière la caméra ne prend probablement pas parti. Hypothèse: il a de l'empathie pour ses personnages les plus abjects. Comme s'il se moquait à la fois d'eux, mais aussi de nous... et de lui !

L'une de mes amies (Aurelia !) le dit justement: L'accident de piano déboussole et pourrait bien mériter au moins un second visionnage. Vous prétendre que c'est devenu ma priorité serait mentir, toutefois. J'aime tout autant rester sur ma première sensation et l'impression favorable que m'a laissé l'incroyable prestation d'Adèle Exarchopoulos. Face à elle, Jérôme Commandeur, Sandrine Kiberlain et Karim Leklou sont plus discrets, mais ils font leur boulot, de manière honorable. Générations et familles de cinéma se croisent: de quoi se réjouir. Qu'en restera-t-il dans cinq ou dix ans ? Je ne m'en soucie qu'à moitié. Un film vient chasser l'autre ? En réalité, c'est sans doute aussi bien...

L'accident de piano
Film français de Quentin Dupieux (2025)

Dans la multitude de ses délires passés et futurs, un assez bon cru pour le cinéaste le plus dingo de France... en attendant le prochain. Aurait-il pris la relève du duo Kervern-Delépine ? Le monde tourne mal dans d'autres films comme Le grand soir ou Effacer l'historique. Encore me faut-il préciser qu'une part de tendresse y est préservée. La "noirceur sociale" n'est pas toujours aussi intense au cinéma. Ouf !

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Pour conclure et sans plus attendre...

Je vous laisse désormais lire (ou relire) l'avis enthousiaste de Pascale. Princécranoir, quant à lui, se montre intéressé et un peu plus nuancé.

samedi 2 août 2025

La vie par obstination

Je ne savais pas grand-chose du jazzman américain Keith Jarrett avant de le voir incarné par John Magaro dans un film sorti le mois dernier. J'ai ainsi découvert qu'en 1975, il n'avait encore que 29 ans quand une très jeune Allemande l'a aidé à organiser un concert unique à l'Opéra de Cologne. En venant alors à bout de nombreux obstacles...

Totalement improvisé, the Köln Concert a même pu être enregistré et, grande référence du jazz, l'album est le plus vendu dans le monde pour le piano solo, tous styles de musique confondus. Quelle histoire ! Or, comme son titre (français) l'indique, le film qui nous est proposé l'aborde par le côté: Au rythme de Vera s'intéresse au génie musical de Keith Jarrett, bien sûr, mais aussi et surtout à l'adolescente passionnée qui fut en quelque sorte sa productrice de circonstance. Vera Brandes, à peine 18 ans, s'était alors lancée dans une carrière désapprouvée par son père - ce que le film nous montre dès le début. Son incroyable audace lui a permis de vite dépasser ses limites professionnelles. Le bon scénario qui reconstitue les faits historiques s'inspire de ses explications et la montre en vraie meneuse, capable d'offrir toute son énergie à un projet et d'y embarquer une équipe. Mala Emde, que je découvre à peine, l'incarne avec vigueur et talent !

Et la musique ? Elle a évidemment une place importante dans le film. Cela dit, je préfère vous laisser l'écouter: les airs et morceaux choisis pourraient vous surprendre agréablement. Je ne suis pas féru de jazz et je m'y suis retrouvé, d'autant plus facilement qu'une scène du film consiste à nous expliquer comment cette musique a su évoluer au gré des inspirations. Et le montage rend ces explications fascinantes ! J'insiste: experts, curieux et néophytes, une bonne compréhension des enjeux du récit est à la portée de tous... et un feel good movie aussi intelligent et affirmé fait vraiment plaisir à voir, de nos jours. Au rythme de Vera, film allemand, a aussi pu compter sur le soutien de partenaires belges et polonais. Seuls 114.200 spectateurs l'ont vu dans son pays d'origine: je trouve cela étonnant (et un peu triste). J'admets qu'en France, les critiques sont restées plutôt mitigées. Projeté hors-compétition au Festival de Berlin, il mérite meilleur sort.

Au rythme de Vera
Film (belgo-polono-)allemand d'Ido Fluk (2025)

Il est bien entendu que la réalité n'est pas forcément aussi positive que ce long-métrage a bien voulu la reconstruire, mais qu'importe ! Sincèrement, je me suis régalé en découvrant cette histoire dingue ! Traitée avec intelligence, la musique est par nature un fabuleux sujet pour le cinéma (cf. Music of my life ou Yesterday, par exemple). J'enfonce des portes ouvertes ? Oui, peut-être. Et j'attends la suite...

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Peu de spectateurs pour le film, peut-être...

J'ai toutefois repéré une autre chronique (très) positive chez Pascale.