lundi 4 août 2025

Un monde virtuel ?

Jusqu'où ira-t-il ? Le réalisateur Quentin Dupieux peut-il être stoppé ? L'accident de piano, sorti en juillet, est son septième long-métrage depuis 2020 (et déjà le quatorzième de sa carrière, débutée en 2007). Parmi ses partenaires nommés au générique: Netflix et Arte France. J'appelle cela faire un grand écart, mais il n'y a aucune honte à avoir !

Quentin Dupieux s'est presque toujours fait remarquer par son sens de l'absurde et sa capacité à faire des films relativement courts. L'accident de piano atteint presque l'heure et demie: on peut dire que c'est l'un des plus longs à ce jour. Reste à en apprécier le fond. Habitué à la dérision du cinéaste, je trouve que son humour grinçant s'habille cette fois (et peut-être même huit) d'un profond pessimisme.

Blague à part, QD a choisi d'aborder le petit monde des influenceurs. Magalie, son "héroïne", s'est fait connaître via le Web, en se filmant dans des situations extrêmement dangereuses. La médecine a établi que la jeune femme était insensible à la douleur: elle a donc choisi d'en profiter pour se mutiler face à la caméra et publier des vidéos sur Internet, extrêmement lucratives. Nous la découvrons flanquée d'un assistant, Patrick, dans un luxueux chalet de haute montagne choisi par lui pour qu'elle échappe un temps à la cohorte de ses fans. Misanthropes et vénaux, Magalie et lui ont du mépris l'un pour l'autre. Ils vont alors devoir le dissimuler. A minima devant une journaliste...

Pour pointer du doigt cet univers d'apparences, il est tout à fait clair que Quentin Dupieux n'y va pas par quatre chemins. Son talent avéré lui permet de construire des scènes trash, on ne peut plus explicites. Ce style peut donc choquer ou, à tout le moins, mettre mal à l'aise. C'est, à mon avis, l'effet recherché, a fortiori lorsqu'une séquence s'étire et, de ce fait, ne laisse finalement aucun répit au spectateur ébahi. Je trouve d'ailleurs fort déroutante l'une de mes impressions durables: le type derrière la caméra ne prend probablement pas parti. Hypothèse: il a de l'empathie pour ses personnages les plus abjects. Comme s'il se moquait à la fois d'eux, mais aussi de nous... et de lui !

L'une de mes amies (Aurelia !) le dit justement: L'accident de piano déboussole et pourrait bien mériter au moins un second visionnage. Vous prétendre que c'est devenu ma priorité serait mentir, toutefois. J'aime tout autant rester sur ma première sensation et l'impression favorable que m'a laissé l'incroyable prestation d'Adèle Exarchopoulos. Face à elle, Jérôme Commandeur, Sandrine Kiberlain et Karim Leklou sont plus discrets, mais ils font leur boulot, de manière honorable. Générations et familles de cinéma se croisent: de quoi se réjouir. Qu'en restera-t-il dans cinq ou dix ans ? Je ne m'en soucie qu'à moitié. Un film vient chasser l'autre ? En réalité, c'est sans doute aussi bien...

L'accident de piano
Film français de Quentin Dupieux (2025)

Dans la multitude de ses délires passés et futurs, un assez bon cru pour le cinéaste le plus dingo de France... en attendant le prochain. Aurait-il pris la relève du duo Kervern-Delépine ? Le monde tourne mal dans d'autres films comme Le grand soir ou Effacer l'historique. Encore me faut-il préciser qu'une part de tendresse y est préservée. La "noirceur sociale" n'est pas toujours aussi intense au cinéma. Ouf !

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Pour conclure et sans plus attendre...

Je vous laisse désormais lire (ou relire) l'avis enthousiaste de Pascale. Princécranoir, quant à lui, se montre intéressé et un peu plus nuancé.

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