vendredi 22 août 2025

Fuite et fin ?

Fin de l'hiver 1944-1945. Hitler a reculé, mais la guerre s'éternise. Exemple en Asie: je viens de découvrir le "coup de force" japonais initié le 9 mars. Les troupes de l'empereur, en Indochine française depuis 1940, en prennent le contrôle total. 3.000 militaires et civils originaires de la France métropolitaine sont tués en 48 heures. Commence alors une bataille, mais aussi un grand repli vers la Chine !

En la romançant et de manière frontale, le film Les derniers hommes nous narre cette histoire encore méconnue. Il concentre son attention sur des soldats de la Légion étrangère basés à Khan Khaï, un camp situé dans le sud de l'actuel Laos. Ceux-là vivent une situation épouvantable: blessés et fort mal soignés, il est douteux d'envisager qu'ils puissent survivre à une dispersion dans la jungle environnante. Les longs kilomètres qui les attendent sont bien, eux aussi, un danger mortel. Reste qu'une colonne se met en mouvement, parce que l'ordre lui en est donné, mais sans autre espoir pour certains que d'en finir enfin avec leurs souffrances. Ce qui révèle aussitôt des sentiments variés au sein de l'escouade, ainsi qu'une divergence entre l'officier de commandement et un soldat "de base", privé de toute munition. Attention: j'ai choisi des images générales pour ne pas vous spoiler. Elles vous donneront une idée de l'esthétique du film, le déroulé exact de son scénario restant - je vous le promets - largement à découvrir. Vous n'avez pas devant vous un film de guerre ordinaire, à vrai dire...

Je n'ai pas lu Les chiens jaunes, d'Alain Gandy, le roman ici adapté. Le générique du film cite sept coscénaristes, dont son producteur emblématique, feu Jacques Perrin, décédé avant la sortie en salles. Cette histoire sans vrai héros ressemble à ce que j'ai connu de lui. Elle nous place devant la folie des hommes et les grandes difficultés qu'ils éprouvent parfois à l'heure de faire des choix pour eux décisifs. J'indique au passage que le récit prend ponctuellement une tournure métaphysique, ce qui ne conviendra pas forcément à tout le monde. Les derniers hommes a toutefois l'intelligence d'intégrer sa réflexion sur le divin dans une dimension plus large, démontrant une diversité de croyances (et de non-croyances) au coeur même de la troupe. L'idée d'un Dieu m'étant tout à fait étrangère, je me suis contenté d'observer - et de réfléchir à - comment les hommes peuvent agir pour se raccrocher, justement, à leur humanité dans des conditions extrêmes. Le film les met à nu, loin de l'Éden, mais comme immergés dans la nature presque primitive. Oui, c'est une très belle réalisation !

Les derniers hommes
Film français de David Oelhoffen (2024)

Vous lirez ailleurs des infos sur le tournage, dantesque, en Guyane. Concentré sur le film, j'ai aimé qu'il parle des horreurs de la guerre sans nous asséner un discours préformaté. J'y vois un lien possible avec d'autres opus (récents et remarquables): Onoda et Mosquito. David Oelhoffen m'avait déjà tapé dans l'oeil avec Loin des hommes et Le quatrième mur. Je vais donc essayer de continuer à le suivre...

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