Vous le savez certainement: Cédric Klapisch n'a évidemment pas tourné que des courts-métrages. J'ai envie aujourd'hui de vous parler de celui de ses longs qui a le moins marché: Ni pour ni contre (bien au contraire) n'a attiré en salles qu'environ 375.000 spectateurs. Certes, le chiffre n'est pas ridicule, mais si j'en crois mes sources, 107 autres films ont eu plus de succès en cette année 2003. L'histoire racontée ici a pourtant de la gueule. C'est celle de Cathy, Parisienne et journaliste reporter d'images, mal dans son travail, pas terrible dans sa vie. Le hasard veut qu'elle rencontre Jean, qui lui propose rapidement un petit boulot de tournage, bien payé, à la condition qu'elle ne pose pas de questions. Le beau garçon est aussi un truand.
Plus ou moins consciemment d'abord, Cathy, attirée par l'argent, s'engage sur la mauvaise route et devient la "petite soeur" ambiguë d'un groupe de loulous. Tout resterait sage si, petit à petit, les coups qui se montent ne devenaient pas plus gros ou plus dangereux. Finalement, c'est du braquage nocturne d'une banque qu'il sera question et là, plus possible de revenir en arrière. Comme son titre l'indique, Ni pour ni contre (bien au contraire) ne pose véritablement aucun jugement moral sur ses personnages. Cet état de fait a d'ailleurs été reproché à Klapisch, soupçonné d'une empathie coupable à l'égard de ses "héros". Je ne le vois pas comme ça, moi. Ou alors, s'il faut le confirmer, c'est un reproche qu'il faudrait également faire à d'autres, à commencer par les maîtres du cinéma noir français, les Dassin, Melville et consorts. Pas vraiment pertinent.
Comme souvent au cinéma, je crois en fait qu'il faut savoir dépasser la forme pour s'intéresser au fond (et réciproquement). Si je reviens désormais à des considérations strictement formelles, je trouve finalement Ni pour ni contre (bien au contraire) tout à fait réussi. Les plans d'ouverture du film, qui se répéteront une fois l'histoire avancée, sont de toute beauté et nous plongent dans l'atmosphère avec une réelle efficacité. Tout le métrage est nimbé d'une ambiance nocturne tout à fait adaptée à son propos. Les acteurs, eux, sont très inspirés: de Marie Gillain à Vincent Elbaz, en passant notamment par Simon Abkarian, Zinedine Soualem et Dimitri Storoge, il y a là tout à la fois du talent confirmé et des compétences un peu moins reconnues, en tout cas une bonne alchimie qui rend les choses crédibles. Certains jouent à contre-emploi: c'est encore mieux ainsi. La petite perle noire ne demande au fond qu'à briller davantage.
Ni pour ni contre (bien au contraire)
Film français de Cédric Klapisch (2003)
En attendant de découvrir le prochain film du même réalisateur, prévu l'an prochain, j'ai pris plaisir à revoir celui-là, à contre-courant du reste de sa filmographie. Je n'ai jamais trop saisi ce qui avait pu le tenir à l'écart du grand public. Peut-être bien l'image mainstream de son auteur: il est vrai que l'intéressé livre d'habitude un cinéma plus consensuel. Bref. Pour tous ceux qui aimeront ici Marie Gillain, je recommande L'appât. Encore plus jeune alors, la comédienne belge y montrait des prédispositions pour le film noir. Et dire que j'ai pu la rencontrer, que nous avons dit deux mots de ce beau rôle offert par Cédric Klapisch et que j'ai oublié celui de Bertrand Tavernier !
1 commentaire:
Etant fan de Klapisch et de Gillain, il me hâte de le voir !!!
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