mardi 2 juillet 2024

Une ligne de fuite

24 février 2013. Mille et une bobines existait depuis plus de cinq ans quand j'y ai présenté un premier film africain. J'en ai vu d'autres après ce "baptême" - au moins un chaque année (si ce n'est en 2014). Aujourd'hui, nous irons au Maroc avec un opus de la mi-mai: Reines. Je crains qu'il n'ait pas été diffusé dans beaucoup de cinémas ! Bref...

Réalisé par une femme, le film s'appuie sur trois héroïnes: une mère s'évade de prison, récupère sa fille et prend la poudre d'escampette en braquant une inconnue qu'elle pense être la conductrice attitrée d'un camion. Dit autrement: Zineb aggrave son cas, croit sauver Inès d'un embrigadement scolaire néfaste et s'appuie sur des compétences dont Asma est dépourvue. Le trio fait pourtant cause commune aussitôt qu'il s'agit de rouler vers le haut-Atlas en quête d'une solution aux différents ennuis de l'une, l'autre ou la totalité de ses membres. J'aurais ainsi pu appeler ma chronique Sororité si deux générations n'étaient pas embarquées ensemble dans cette drôle d'aventure. Deux ou même trois, en comptant celle d'un vieux flic lancé aux trousses des fuyardes. Mission moins évidente qu'on l'imagine de prime abord !

La réalisatrice dit avoir voulu faire de son film un "conte d'aventure". L'une de ses intentions affichées était de donner une représentation nouvelle de la femme marocaine, tout en mélangeant les genres. D'après moi, elle y est parvenue en introduisant un peu de fantastique dans son récit - avec aussi un ancrage dans les traditions culturelles de son pays. Vous ne les connaissez guère ? Moi non plus, à vrai dire ! Face à Reines, le mieux est alors de se laisser porter par les images et de ne pas forcément chercher à tout comprendre tout de suite. Autre possibilité, je crois complémentaire: s'appuyer sur la musique. D'après ce que j'ai lu, elle a en effet été pensée en amont du tournage pour donner au long-métrage sa tonalité, basée sur un thème voulu comme à la fois "lyrique, mélancolique et magique". Une promesse tenue, même si j'aurais apprécié un rythme un tantinet plus soutenu. Cela dit, la lenteur crée un décalage, qui s'avère parfois intéressant...

Reines
Film marocain de Yasmine Benkiran (2022)

D'un festival à l'autre, ce long-métrage en aura fait une cinquantaine. C'est peut-être ce qui expliquera que, malgré les attaches françaises de la cinéaste, il ne soit pas sorti très vite dans nos salles obscures. Désormais, certains critiques le voient comme un Thelma & Louise nord-africain. Je comprends l'idée, mais je la trouve bien réductrice ! Autant rester au Maroc pour le comparer avec le surprenant Animalia.

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