Ado, je n'appréciais que peu la littérature française du XIXème siècle. Je n'ai lu qu'un Jules Verne ou deux. L'amour de la langue m'est venu assez tardivement, peut-être bien à partir du jour où une enseignante m'a dit comprendre qu'à 16 ou 17 ans, le roman Fort comme la mort de Maupassant puisse me rebuter. Et tout a bien changé depuis lors...
Je ne connais toujours pas beaucoup de "classiques", mais leurs récits ancrés dans la France d'autrefois m'intéressent davantage. Le cinéma permet aussi d'aborder ce patrimoine et je l'ai encore fait récemment devant une belle adaptation d'un roman de Balzac: Eugénie Grandet. L'héroïne est une jeune femme de Saumur, petite ville de l'Anjou. Loin, très loin de tout, et vivant toujours aux côtés de ses parents. C'est le noeud de l'histoire: Félix, le père d'Eugénie, mène ses affaires seul et, tonnelier, laisse croire à sa femme qu'il n'a que peu d'argent. Un mensonge éhonté qui cache en réalité sa cupidité et son avarice. En un mot: le bonhomme prive même sa fille d'un possible bonheur conjugal, car il n'a aucune intention de payer une quelconque dot ! L'atout numéro 1 du film ? La comédienne Joséphine Japy dans le rôle ingrat de la demoiselle brimée - je vous laisserai voir à quel point. Certains critiques ont estimé que le scénario prenait trop de libertés vis-à-vis de la source balzacienne. Il est vrai que son féminisme assumé n'est pas toujours éloigné d'une forme d'anachronisme. Bon...
J'ai envie de vous dire que tout cela permet aux actrices (et acteurs) d'exprimer leur talent dans toutes ses nuances. Une mention spéciale pour Olivier Gourmet, qui compose avec grande justesse le monstre d'égoïsme et de duplicité qu'est son personnage. Certes, l'acteur belge n'est plus une révélation pour moi, mais bigre: ici, il est immense ! Tout le casting est admirable, en fait, et j'attirerai votre attention sur Valérie Bonetton: elle qui a tourné de nombreuses comédies franchouillardes dévoile cette fois une grande force de conviction dramatique, en incarnant la mère. Ma foi, je l'ai trouvée parfaite ! Eugénie Grandet est vraiment un très beau film, avec des images superbes, bien sûr, mais aussi un soin particulier accordé aux sons. Résultat: je n'ai vu aucun défaut (ou en tout cas rien de rédhibitoire). Malgré l'intérêt que je peux porter aux lauréats, je suis même surpris que les César 2022 soient passés totalement à côté de cet opus. Côté box-office, avec 202.421 entrées en salles, c'est plutôt faible aussi. Peut-être le long-métrage a-t-il été mal promu. Je n'ai pas de recul...
Eugénie Grandet
Film franco-belge de Marc Dugain (2021)
Ironie du sort: le film est sorti un petit mois avant le beau succès public et critique d'Illusions perdues, une autre adaptation de Balzac. Sans doute est-il moins flamboyant, mais cette sobriété m'a plu ! J'entreprends donc une très modeste entreprise de réhabilitation cinématographique, ainsi que je l'avais fait pour Madame Bovary revisitée par Sophie Barthes (2014). Et je poursuis mon exploration...
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D'autres avis pourraient vous intéresser ?
Très bien ! J'en ai trouvé trois, à (re)lire chez Pascale, Dasola et Lui.
Je ne connais toujours pas beaucoup de "classiques", mais leurs récits ancrés dans la France d'autrefois m'intéressent davantage. Le cinéma permet aussi d'aborder ce patrimoine et je l'ai encore fait récemment devant une belle adaptation d'un roman de Balzac: Eugénie Grandet. L'héroïne est une jeune femme de Saumur, petite ville de l'Anjou. Loin, très loin de tout, et vivant toujours aux côtés de ses parents. C'est le noeud de l'histoire: Félix, le père d'Eugénie, mène ses affaires seul et, tonnelier, laisse croire à sa femme qu'il n'a que peu d'argent. Un mensonge éhonté qui cache en réalité sa cupidité et son avarice. En un mot: le bonhomme prive même sa fille d'un possible bonheur conjugal, car il n'a aucune intention de payer une quelconque dot ! L'atout numéro 1 du film ? La comédienne Joséphine Japy dans le rôle ingrat de la demoiselle brimée - je vous laisserai voir à quel point. Certains critiques ont estimé que le scénario prenait trop de libertés vis-à-vis de la source balzacienne. Il est vrai que son féminisme assumé n'est pas toujours éloigné d'une forme d'anachronisme. Bon...
J'ai envie de vous dire que tout cela permet aux actrices (et acteurs) d'exprimer leur talent dans toutes ses nuances. Une mention spéciale pour Olivier Gourmet, qui compose avec grande justesse le monstre d'égoïsme et de duplicité qu'est son personnage. Certes, l'acteur belge n'est plus une révélation pour moi, mais bigre: ici, il est immense ! Tout le casting est admirable, en fait, et j'attirerai votre attention sur Valérie Bonetton: elle qui a tourné de nombreuses comédies franchouillardes dévoile cette fois une grande force de conviction dramatique, en incarnant la mère. Ma foi, je l'ai trouvée parfaite ! Eugénie Grandet est vraiment un très beau film, avec des images superbes, bien sûr, mais aussi un soin particulier accordé aux sons. Résultat: je n'ai vu aucun défaut (ou en tout cas rien de rédhibitoire). Malgré l'intérêt que je peux porter aux lauréats, je suis même surpris que les César 2022 soient passés totalement à côté de cet opus. Côté box-office, avec 202.421 entrées en salles, c'est plutôt faible aussi. Peut-être le long-métrage a-t-il été mal promu. Je n'ai pas de recul...
Eugénie Grandet
Film franco-belge de Marc Dugain (2021)
Ironie du sort: le film est sorti un petit mois avant le beau succès public et critique d'Illusions perdues, une autre adaptation de Balzac. Sans doute est-il moins flamboyant, mais cette sobriété m'a plu ! J'entreprends donc une très modeste entreprise de réhabilitation cinématographique, ainsi que je l'avais fait pour Madame Bovary revisitée par Sophie Barthes (2014). Et je poursuis mon exploration...
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D'autres avis pourraient vous intéresser ?
Très bien ! J'en ai trouvé trois, à (re)lire chez Pascale, Dasola et Lui.
4 commentaires:
Je l'ai découvert il y a quelques temps sur une chaîne ciné et j'ai franchement bien aimé. L'atmosphère sublimée par un "clair obscur" savamment utilisé, nous plonge de façon intime dans ce duo père-fille que tout oppose.
A voir donc !
C'est vrai que les images sont somptueuses et que certains plans en clair-obscur m'ont rappelé la beauté de la peinture des maîtres flamands.
J'ai aussi beaucoup apprécié les quelques scènes extérieures, notamment celle au bord d'un fleuve sous de très hauts peupliers.
Bonsoir Martin, j'ai trouvé dommage que ce film n'ait pas eu plus de succès. Rien que pour Olivier Gourmet, le film vaut la peine d'être vu. Les critiques n'ont pas été sympas pour ce film, c'est dommage. Bonne soirée.
Bonjour Dasola. Je partage pleinement ton avis: il est dommage que ce film n'ait pas attiré un plus large public.
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