J'ai fait le calcul: après les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et le Japon, l'Italie est le cinquième pays de cinéma le plus représenté sur Mille et une bobines. Je m'efforce de saisir toutes les occasions d'apprécier ses grands classiques, souvent cités en "incontournables". Aujourd'hui, direction Rome pour une perle: Le voleur de bicyclette !
Ce film est l'un des chefs d'oeuvre les plus illustres du néoréalisme italien. Petit rappel au cas où: ce courant apparu avant même la fin de la seconde guerre mondiale repose sur l'idée d'inscrire la fiction dans un cadre réel - celui des quartiers populaires des grandes villes transalpines, en l'occurrence - pour y développer une vision artistique portée par de fortes convictions sociales. Le voleur de bicyclette tourne autour d'un protagoniste principal, Antonio Ricci, ex-chômeur recruté comme colleur d'affiches. Les premières images démontrent que rien ne sera facile: Maria, l'épouse du héros, est en effet obligée de vendre les draps du foyer conjugal pour permettre à son mari d'acheter le vélo indispensable à l'exercice de sa nouvelle activité professionnelle. Si vous l'ignoriez encore, je suis certain que le titre du film suffit à deviner ce qui arrive ensuite. La vraie force du film tient alors à ce qu'il n'enfonce pas le (bi)clou: il ne sombre jamais dans le misérabilisme bêta et évite tout manichéisme simplificateur. La classe sociale ne détermine pas seule l'attitude des personnages...
On sent au contraire du respect dans le regard que porte le réalisateur sur les petites gens auxquelles il a donné vie. Le comportement pragmatique de certains n'empêche pas la caméra de les montrer aussi comme des êtres superstitieux (ou bigots). Rien n'est tourné cependant dans une logique de dénonciation de cette ambivalence. Bien au contraire: Le voleur de bicyclette témoigne d'une empathie profonde et, tourné peu de temps après l'effondrement du régime fasciste, peut véritablement constituer une édifiante leçon d'histoire. J'ajoute cependant qu'à mes yeux, l'aspect le plus touchant du film réside ailleurs: dans la tendresse qu'il dégage aussi lorsqu'il focalise son propos sur la relation entre Antonio et son jeune fils, Bruno. Impeccable, le bout d'chou imprime la pellicule comme peu d'acteurs adultes savent le faire: il en ressort de très belles séquences révélatrices d'un amour pudique, jusqu'à la toute fin du long-métrage. Cette production indépendante fut honorée de l'Oscar du meilleur film étranger. Les années n'ont en rien affecté sa puissance émotionnelle !
Le voleur de bicyclette
Film italien de Vittorio de Sica (1948)
J'ai aimé ce long-métrage, présenté parfois comme l'un des meilleurs du cinéaste, et qui me donne donc forcément envie d'en voir d'autres. Le néoréalisme naissant s'exprime aussi avec une vigueur certaine chez Roberto Rossellini: cf. Rome, ville ouverte et quelques autres. Si vous voulez croiser un autre Vittorio de Sica, je vous recommande une oeuvre plus tardive (et plus grinçante): Il boom ! J'y reviendrai...
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Et pour faire le tour de la question...
J'aurais volontiers publié un lien vers le blog d'Eeguab, mais mon ami et comparse, grand amoureux du cinéma italien, a évoqué le film plusieurs fois... sans écrire de texte dédié. Plan B: "L'oeil sur l'écran".
Ce film est l'un des chefs d'oeuvre les plus illustres du néoréalisme italien. Petit rappel au cas où: ce courant apparu avant même la fin de la seconde guerre mondiale repose sur l'idée d'inscrire la fiction dans un cadre réel - celui des quartiers populaires des grandes villes transalpines, en l'occurrence - pour y développer une vision artistique portée par de fortes convictions sociales. Le voleur de bicyclette tourne autour d'un protagoniste principal, Antonio Ricci, ex-chômeur recruté comme colleur d'affiches. Les premières images démontrent que rien ne sera facile: Maria, l'épouse du héros, est en effet obligée de vendre les draps du foyer conjugal pour permettre à son mari d'acheter le vélo indispensable à l'exercice de sa nouvelle activité professionnelle. Si vous l'ignoriez encore, je suis certain que le titre du film suffit à deviner ce qui arrive ensuite. La vraie force du film tient alors à ce qu'il n'enfonce pas le (bi)clou: il ne sombre jamais dans le misérabilisme bêta et évite tout manichéisme simplificateur. La classe sociale ne détermine pas seule l'attitude des personnages...
On sent au contraire du respect dans le regard que porte le réalisateur sur les petites gens auxquelles il a donné vie. Le comportement pragmatique de certains n'empêche pas la caméra de les montrer aussi comme des êtres superstitieux (ou bigots). Rien n'est tourné cependant dans une logique de dénonciation de cette ambivalence. Bien au contraire: Le voleur de bicyclette témoigne d'une empathie profonde et, tourné peu de temps après l'effondrement du régime fasciste, peut véritablement constituer une édifiante leçon d'histoire. J'ajoute cependant qu'à mes yeux, l'aspect le plus touchant du film réside ailleurs: dans la tendresse qu'il dégage aussi lorsqu'il focalise son propos sur la relation entre Antonio et son jeune fils, Bruno. Impeccable, le bout d'chou imprime la pellicule comme peu d'acteurs adultes savent le faire: il en ressort de très belles séquences révélatrices d'un amour pudique, jusqu'à la toute fin du long-métrage. Cette production indépendante fut honorée de l'Oscar du meilleur film étranger. Les années n'ont en rien affecté sa puissance émotionnelle !
Le voleur de bicyclette
Film italien de Vittorio de Sica (1948)
J'ai aimé ce long-métrage, présenté parfois comme l'un des meilleurs du cinéaste, et qui me donne donc forcément envie d'en voir d'autres. Le néoréalisme naissant s'exprime aussi avec une vigueur certaine chez Roberto Rossellini: cf. Rome, ville ouverte et quelques autres. Si vous voulez croiser un autre Vittorio de Sica, je vous recommande une oeuvre plus tardive (et plus grinçante): Il boom ! J'y reviendrai...
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Et pour faire le tour de la question...
J'aurais volontiers publié un lien vers le blog d'Eeguab, mais mon ami et comparse, grand amoureux du cinéma italien, a évoqué le film plusieurs fois... sans écrire de texte dédié. Plan B: "L'oeil sur l'écran".
4 commentaires:
Hello Martin.
C'est vrai que je n'ai pas écrit précisément sur Ladri di bicicleta (au pluriel en italien). Mais ce film m'a tellement marqué quand je l'ai vu à l'âge de dix ans à la TV française que presque toute ma cinéphilie est partie de là et de Rome ville ouverte que je ne te présente plus. Je crois que j'avais déjà commencé de comprendre avec mon regard d'enfant ce que formulerai plus tard et que je pense toujours. Le Néoréalisme (somme toute assez peu de films) est à mon sens le courant cinématographique qui a été le plus en phase avec un pays, un peuple, une époque. Mais je ne veux pas être trop long. Tu sais le culte que je voue au NR, le cinéma dans toute sa noblesse.
A bientôt Martin et merci de ton éclectisme. :D
Ciao Eeguab ! Je suis content que tu réagisses par ce beau commentaire !
J'ai donc désormais vu les deux films à l'origine de ta cinéphilie. D'autres suivront...
Je ne me lasse pas du néoréalisme, à vrai dire, et j'ai encore de quoi faire quelque temps. Chouette !
Merci à toi de contribuer à me faire mieux connaître le cinéma italien.
Dans un avenir plus ou moins proche, j'espère aussi être plus au fait de ses films récents.
Ce beau film émouvant me renvoie toujours à celui que j'ai le plus adoré de la grande période italienne, Nous nous sommes tant aimés dans lequel il est question... du Voleur de bicyclette.
Un autre de ces films que je dois voir absolument, ça !
Je ne connais encore que très peu le cinéma d'Ettore Scola. Ce serait l'occasion.
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