mercredi 15 janvier 2020

Un peu d’espièglerie

Les petites filles modèles lisent-elles toujours la comtesse de Ségur ? Comme surgi d'un lointain souvenir, le pseudonyme de cette femme de lettres du 19ème siècle a ressurgi dans mon actualité cinéma. Juste avant la fin de 2019, j'ai ainsi regardé l'adaptation - à la fidélité discutable, dit-on - de son célèbre roman: Les malheurs de Sophie...

Sophie Rostopchine (de son vrai nom) s'identifie-telle au personnage pour lui avoir donné un peu de son identité ? Pas sûr : elle approchait de la soixantaine quand le livre a été publié. Un âge bien plus avancé que celui de Christophe Honoré, 46 ans à peine, à la sortie du film. Ceux qui le connaissent déjà suggèrent que le réalisateur s'est offert une pause dans une filmographie plutôt destinée aux adultes. "Marier le cinéma et la littérature jeunesse était un désir ancien, a-t-il dit. J'ai écrit de nombreux romans et albums pour enfants". Le cinéaste parle d'une part moins connue de son travail, mais dit y accorder beaucoup de valeur. Sur écran, le résultat ne m'a qu'à moitié séduit...

Christophe Honoré s'est déclaré curieux de filmer ainsi une fillette pendant plusieurs semaines. Un plaisir pour lui de "pouvoir construire un modèle de récit brisé". Ignorant de la teneur du récit, j'ai plongé dans le film sans me poser de questions sur l'intérêt d'avoir lu le livre au préalable. Un constat: cette gamine frondeuse de la haute société ne m'a pas ému autant que j'aurais pu l'espérer. Ses bêtises répétées ont suscité chez moi un intérêt poli, mais pas davantage. Je dois dire toutefois que je ne m'attendais pas à ce que Les malheurs de Sophie soit si sombre: on parle quand même bientôt d'une petite orpheline ! La jeune actrice, Caroline Grant, est douée, mais le décalage ressenti entre sa réalité et celle des enfants d'aujourd'hui est trop important pour me toucher véritablement. Cela dit, il y a aussi de belles choses dans ce film d'auteur pour mômes, notamment dans l'enchaînement des séquences. Mention spéciale également pour le choix d'introduire des créatures animées - un écureuil, des hérissons... - à la place d'animaux réels. Prudence: leur sort peut heurter les âmes sensibles.

Les malheurs de Sophie
Film français de Christophe Honoré (2016)

Trois étoiles sévères, bien que je respecte le joli travail ici accompli. J'ajoute que d'autres enfants parviennent à s'illustrer dans un casting logiquement tourné vers eux, mais aussi que de très bonnes actrices assurent l'essentiel des rôles adultes: du côté obscur, Muriel Robin jubile face à Golshifteh Farahani, Anaïs Demoustier et Laëtitia Dosch. Côté marmots, je préfère Les géants ou Nobody knows, voilà tout...

----------
Et pour rebondir sur ma chronique...

Pascale vous expliquera (mieux que moi) qu'elle a bien aimé le film. Un bilan positif aussi du côté de "L'oeil sur l'écran". À vous de voir...

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ah oui très sévère après les 4 étoiles pour Anna et Elsa.
C'est aussi un film et une histoire sur la maltraitance pas uniquement sur des bêtises d'enfants.
J'ai souvent été émue.

Martin a dit…

Le côté maltraitance est évoqué à la fin avec le personnage de Madame Fichini.
C'est peut-être développé dans le livre, mais là, ça semble (presque) anecdotique.

Après, je comprends qu'on puisse s'émouvoir. C'est juste que le film m'a paru un peu déséquilibré.