Le cinéma est parfois injuste. Pourtant pourvus d'un certain nombre de qualités, des films tombent dans l'oubli sans que ça puisse totalement se justifier. Les patriotes d'Éric Rochant me semble(nt) s'inscrire dans cette catégorie des longs-métrages mésestimés. Loin d'être parfaite, cette - double - histoire d'espionnage méritait probablement plus d'attention que celle des 321.000 spectateurs venus la découvrir sur grand écran. Elle avait d'ailleurs su capter l'intérêt du comité organisateur du Festival de Cannes 1994, apparaissant en sélection officielle pour mieux repartir bredouille, décision du jury présidé cette année-là par Clint Eastwood. J'entreprends donc ce matin une petite entreprise de réhabilitation.
Le film tourne autour d'Ariel Brenner, jeune Juif parisien un peu idéaliste, qui parvient à intégrer le Mossad, les services secrets israéliens, puis l'unité 238, un corps indépendant servant à peu près les mêmes desseins. Ce sont, eux, je crois, Les patriotes du titre. Leur mission - et ils l'ont acceptée - est de gagner toute la confiance d'un physicien français probablement impliqué dans la construction d'une centrale nucléaire dans un pays arabe. Un argument de scénario qui se développe jusqu'à la moitié du métrage, une autre opération réclamant alors du jeune espion et de ses hommes qu'ils portent assistance à un agent double américain pour exfiltrer des documents confidentiels. Deux idées inspirées de l'actualité de cette époque.
Les patriotes aurai(en)t pu être un long-métrage très conventionnel. Ma seule vraie déception est d'avoir eu l'impression de suivre plutôt deux petits films qu'un grand: en fait, les intrigues ne s'entremêlent pas suffisamment à mon goût. J'ai apprécié leur intelligence, portée plus haut encore par la réalisation, bien sûr, et le fait qu'au départ, on a du mal à croire à la métamorphose d'un jeune homme ordinaire en parfait espion au service d'une puissance étrangère. Acteur malin que je trouve trop rare, Yvan Attal s'en tire bien, à l'image d'ailleurs du reste de la distribution, où l'on appréciera Emmanuelle Devos, Bernard Le Coq ou Jean-François Stévenin (entre autres). J'ai gardé Sandrine Kiberlain pour la fin: méconnaissable avec ses cheveux courts, la comédienne illumine le film de sa beauté, dans un rôle marquant et ambigu. Elle en est presque le fil conducteur inattendu. Mais vous devez bien vous douter que je ne vous ai rien dit...
Les patriotes
Film français d'Éric Rochant (1994)
Une grande réussite ? Peut-être pas. Disons un film bien assez retors pour mériter qu'on lui consacre une soirée plateau télé - ce que j'ai fait il y a quelques semaines. Il est vrai que les "concurrents" possibles ne manquent pas: autant cet exemple ne fait pas l'unanimité, autant l'espionnage reste une valeur sûre des scénarios cinéma. Dans le genre, je vous recommanderais plutôt le Spy game de Tony Scott, avec Robert Redford et Brad Pitt, sauf à lui préférer un énième James Bond, dont l'ultime aventure, Quantum of solace, m'avait passablement déçu. Ceux qui auront apprécié ici Yvan Attal pourront également le retrouver avec plaisir dans un autre film porté par le suspense, dont j'ai parlé en août: Rapt, de Lucas Belvaux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire