samedi 29 septembre 2018

Un monde froid

Si je me souviens bien, c'était presque devenu une blague: un nombre conséquent de lauréats des César a cru bon de remercier Claude Berri. Bientôt dix ans après sa disparition, je m'aperçois que je ne connais guère ce grand acteur, réalisateur, scénariste et producteur français. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de regarder Uranus...

La distribution (masculine) en est une autre ! Dans les rôles principaux, on retrouve ainsi Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Gérard Depardieu, Michel Blanc, Daniel Prévost, Michel Galabru, Fabrice Luchini... et j'en passe. Le scénario, lui, adapte le roman éponyme de Marcel Aymé, sorti en 1948, et nous embarque du coup dans un petit village français, à peine la guerre terminée. L'ambiance de la Libération n'est pas au beau fixe: entre militants communistes et anciens collabos, par exemple, l'heure des règlements de comptes semble devoir survenir plus vite que celle des procès équitables. Logiquement, tout ce petit monde est donc sous pression. L'harmonie attendra: c'est justement tout l'intérêt du film que de nous montrer pourquoi la fin d'un conflit majeur ne veut pas dire "paix immédiate".

Tous placés dans un registre qui leur est familier, les comédiens livrent une partition vraiment impeccable, portée par des dialogues intelligents et une intrigue somme toute plutôt assez intéressante. Malgré tout, Uranus ne m'a pas totalement convaincu. Il m'a semblé qu'il en émanait une profonde misanthropie: les divers personnages m'ont tous paru négatifs - à des degrés divers, je vous le concède. Sans doute m'a-t-il manqué un héros... ou au moins un brave type. Assez discrètes, les femmes, en réalité, ne relèvent pas le niveau. Maintenant, il est possible que je sois passé à côté, comme parfois. Pas question de vous décourager de voir le film si ce que j'ai révélé de son pitch vous a semblé attrayant: la seule prestation des acteurs vaut le détour. Aucun doute: cela pourrait légitimement vous suffire !

Uranus
Film français de Claude Berri (1990)

Il y a quelques jours, je vous ai parlé d'un autre film axé sur la France de l'immédiat après-guerre: Les portes de la nuit. Sur les ravages que peut causer un conflit majeur sur la vie collective, Le corbeau mérite d'être cité. Sans doute plus exacerbés, ces deux classiques m'ont aussi paru mieux équilibrés que le film présenté aujourd'hui. Peut-être bien parce qu'ils ont été réalisés dans les années 40, à vif...

2 commentaires:

Pascale a dit…

Je me souviens de cette cérémonie où tout le monde remerciait Claude Berry (l'incontournable du cinéma français, son fils a pris le relai je crois), c'était drôle.
Je l'avais vu cet Uranus (et lu aussi). Je crois que j'étais comme toi, mitigée.
Acteurs impeccables (forcément) mais il manquait l'étincelle en plus.
Mes films préférés de Claude Berri (vérif' faite, je les ai tous vus) sont Jean de Florette et Manon des sources, Germinal et Je vous aime (pour son casting renversant).

Martin a dit…

Je vais bientôt parler d'un autre Claude Berri et lui dire merci !
Effectivement, il manque quelque chose à ce film pour décoller vers les sommets.