lundi 10 avril 2017

Guinness oblige

Je n'en ai pas parlé avant-hier: quand le film sort sur les écrans internationaux, Alec Guinness est sans doute le nom le plus fameux de la distribution de La guerre des étoiles. Une petite trentaine d'années plus tôt, il jouait huit rôles (!) dans Noblesse oblige, un film britannique que j'ai revu dans la foulée - et que je vous recommande.

Tout cela me conduit aujourd'hui à vous parler brièvement de l'acteur. Je croyais qu'il avait fait ses débuts sur les planches, mais il semble que, dès l'origine, le cinéma fut, lui aussi, présent dans sa carrière. Ainsi ai-je trouvé la trace d'un Evensong, film musical sorti en 1934. Notre ami Alec avait alors vingt ans tout juste et, apparemment déçu par l'expérience, jura qu'il ne tournerait plus. Avant-guerre, il jouait d'abord au théâtre, enchaînant notamment les rôles shakespeariens. Une carrière de comédien qu'il mena en fait... tout au long de sa vie !

Après avoir fait la guerre en volontaire dans la Royal Navy, Guinness retrouva, contrairement à son projet initial, les joies du grand écran. C'est alors David Lean qui lui mit le pied à l'étrier, en le faisant jouer, dès 1946, dan son film Les grandes espérances. Les deux hommes travailleront de nouveau ensemble deux ans plus tard, à l'occasion d'une adaptation du grand classique de Charles Dickens, Oliver Twist. Les premiers pas d'une collaboration active jusqu'aux années 80. Guinness, lancé, apparut dans 36 longs-métrages entre 1949 et 1970.

Quatorze autres ont suivi jusqu'en 1994, dont les trois de la trilogie originelle Star wars - sur laquelle Guinness a tenu des propos franchement critiques, parfois, bien qu'elle lui valut une nomination tardive aux Oscars. Il est certes vrai qu'en matière d'expression artistique, notre homme n'avait que l'embarras du choix, travaillant pour la télé et, bien sûr, le théâtre (77 pièces de 1934 à 1989). Résumer cette incroyable carrière en quelques lignes ? Une gageure. Le comédien, lui-même, se confia en trois livres autobiographiques...

De cette vie incroyable, il y aurait mille choses à retenir, sans doute. Enfant malaimé, né de père inconnu, Guinness est souvent présenté comme un homme d'une très grande respectabilité. Sa carrière prolifique lui offrit notoriété et honneurs: il fut en particulier anobli par la reine Elizabeth II, dès 1959 ! Le génial saltimbanque sort aussi du lot pour sa fidélité à son épouse, Merula Salaman, depuis 1938. Nés tous deux en 1914, morts tous deux en 2000, les époux Guinness auront donc vécu 62 ans ensemble. Qui osera dire mieux aujourd'hui ?

L'histoire dit que Sir Alec aimait aussi ses confrères français, au point de nommer Jeanne Moreau et Pierre Fresnay dans l'un de ses livres. Peu à l'aise avec notre langue, en revanche, il eut plusieurs doublures de voix au cinéma, dont cinq (au moins) pour plusieurs de ses films. Aussi curieux que cela paraisse, son talent pour le travestissement dissimulait un homme réservé et, en réalité, assez mal dans sa peau. Cet homme confiait: "On devient acteur pour s'éloigner de soi-même. C'est peut-être une quête sans relâche de son identité". Tout est dit !

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Alors, envie de voir Alec Guinness dans ses oeuvres ?

Outre les deux déjà citées, sur Mille et une bobines, vous choisirez entre Tueurs de dames, Le pont de la rivière Kwaï, Lawrence d'Arabie, La chute de l'empire romain et Le docteur Jivago. Franchement, ce sont tous des grands films ! À vous de voir, donc...

8 commentaires:

eeguab a dit…

Sir Alec est inoubliable dans tous ses films ou presque. Je te parlais du célèbre Pont.... Il y est fabuleux en Colonel Nicholson, charismatique et ambigu à la fois et dont on ne saura jamais si son attitude est noble ou grotesque. Extraordinaire. Une mention particulière pour Notre agent à La Havane et L'homme au complet blanc. Bonne journée.

Pascale a dit…

Cette classe avec un nom de bière. Faut le faire ! (Et pas le frire comme me proposait mon coréen... Oui j'aime parler de mon téléphone).
Il était le narrateur du Docteur Jivago et il me fascinait autant que le fascinait son incroyable frère (dans le film). Il était toujours droit comme un piquet. Petite je le trouvais étrange jusqu'à ce que je remarque que c'était du charisme.
J'avais été très surprise de le retrouver dans les Étoiles !

Martin a dit…

@Eeguab:

Absolument d'accord pour ce qui est du "Pont de la rivière Kwaï" !
Merci à toi pour ta mention particulière: je tâcherai de retenir le titre des deux films.

Martin a dit…

@Pascale:

Cette fois, ton ami coréen avait doublonné au bout de... 17 minutes !
Je me suis permis de supprimer le deuxième commentaire.

Bref... d'accord avec toi sur Sir Alec. Il faut que je vois d'autres de ses films !

princécranoir a dit…

Quelle classe, et quel registre ! Noblesse oblige... :-)

Martin a dit…

Nous sommes bien d'accord.
Et, pourtant, quelque chose me dit que tu le connais bien mieux que moi...

ideyvonne a dit…

Voici ce que "Premiere" avait écrit à propos de ce très grand Monsieur ...
"Guinness n’a jamais caché son manque d’enthousiasme pour Star Wars, tout en étant reconnaissant au film de lui avoir assuré une retraite dorée. On raconte aussi qu’il était agacé par le fait que le jeune public ne le connaisse que pour ce rôle (alors qu’il avait joué dans des chefs-d’œuvre comme Le Pont de la rivière Kwaï , Lawrence d’Arabie, Le Docteur Jivago ou La Chute de l'Empire romain, et qu’il jetait directement les courriers que lui écrivaient les fans de la saga."

Martin a dit…

Oui, j'avais entendu parler de ce peu d'enthousiasme de Sir Alec pour la saga.
Je dois dire que, pourtant, il tient parfaitement son rôle... même si ce n'est pas le meilleur.