lundi 28 juillet 2014

Mille euros

Simple ouvrière d'une entreprise lambda, Sandra se remet tout juste d'une dépression. Alors qu'elle se sent prête à reprendre le travail maintenant qu'elle est guérie, elle apprend qu'un vote a été organisé entre ses collègues: son poste a été mis en balance avec le versement de primes de 1.000 euros. Sur seize votants, quatorze ont "préféré" toucher une prime et, de ce fait, "accepté" de voir Sandra licenciée. Avec l'aide d'une amie, la jeune femme obtient alors de son patron qu'un nouveau scrutin soit organisé après un week-end de réflexion.

Ainsi débute Deux jours, une nuit, cru 2014 des frères Dardenne. Une nouvelle fois en lice pour la Palme d'or cette année, les frangins sont repartis de Cannes bredouilles - ce qui, vu l'historique, a surpris le petit monde de la Croisette. Je ne peux pas vous parler aujourd'hui en termes de carrière: ce n'était que mon deuxième Dardenne. L'idée de départ du scénario m'a en fait paru suffisamment intéressante pour que j'aille voir le film, motivé que j'étais également par l'envie d'avoir une meilleure connaissance du cinéma (social) belge. Maintenant, pour tout vous dire, j'espérais mieux. Ce que j'ai vu m'a paru très honnête, mais n'a pas tout à fait comblé mes attentes. Accrochée aux basques de Sandra, la caméra l'accompagne systématiquement partout, à la porte de chacun des appartements qu'elle visite pour convaincre ses collègues de voter en sa faveur. Nous la découvrons parfois en famille, à l'écoute des encouragements de son mari ou répondant doucement aux sollicitations des enfants.

La faille de ce dispositif cinéma, c'est qu'il tend à une répétition infinie de son argument. Sandra convainc ou non, mais use toujours des mêmes formules pour s'expliquer et justifier sa démarche. Ponctuellement, sa maladie semble devoir la rattraper: elle avale alors un comprimé et repart sur son chemin de croix de salariée ordinaire. Évidemment, ce n'est pas très rigolo... et un peu rapide parfois pour paraître vraiment crédible. Beaucoup d'encre a coulé également sur le choix de Marion Cotillard pour ce rôle de mère courage: la comédienne fait preuve de sobriété, pour le coup, et tient dignement son contre-emploi. Deux jours, une nuit est un bon film. Personnellement, j'apprécie la manière qu'ont les Dardenne d'illustrer cette histoire banale, un peu comme s'ils tournaient un documentaire. C'est un morceau de cinéma épuré, sans effets faciles pour appuyer l'émotion. Les rares musiques, par exemple, jouent à contre-courant lors de scènes de répit. Sur le terme du chemin, on peut discuter...

Deux jours, une nuit
Film franco-belge de Jean-Pierre et Luc Dardenne (2014)

En attendant de remonter le temps avec les frangins, j'avoue donc une petite déception à l'égard de cet opus, moins abouti d'après moi que Le gamin au vélo, leur film précédent, Grand Prix à Cannes 2011. C'est vrai que c'est probablement complexe de trouver la formule parfaite pour du cinéma social, digne et pertinent. En attendant d'apprécier le dernier Ken Loach, je reparlerai de Louise Wimmer...

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Et voici quelques liens pour retrouver Sandra/Marion...

- "Sur la route du cinéma",
- "Le blog de Dasola",
- "La cinémathèque de Phil Siné".

2 commentaires:

Ronnie a dit…

Avec 1000 euros tu n'as plus rien de nos jours ..... Ca doit être le salaire de Cotillard pour 10 mns de taf ....
Les Dardenne & leur cinéma estampillé misère sociale, non merci, pareil pour la Marion.

ChonchonAelezig a dit…

J'ai hâte de voir celui-là. Je ne suis pas ultra fan des Dardenne, mais ils ont fait de bons films. Et contrairement à Ronnie, j'aime bien Cotillard.