Autant l'exprimer comme je le pense: avec Shining, j'ai le sentiment de m'attaquer à un Everest cinématographique. Regarder un film aussi illustre pour la première fois génère forcément une dose d'excitation: j'ouvre grand mes yeux et mes oreilles pour évoquer ensuite avec une certaine pertinence cette plongée dans l'inconnu. Cette fois, mon seul vrai regret est d'avoir manqué une projection cinéma - la salle était pleine. Un constat: le onzième des treize films de Stanley Kubrick reste délectable sur canapé. Qu'importe le flacon...
Pour vous en parler, j'ai fait un choix: n'en montrer que des images relativement neutres et vous laisser donc (re)découvrir sans indice cette oeuvre noire, incroyablement magnétique. Je tiens à signaler sans délai qu'elle adapte un roman éponyme de Stephen King, paru courant 1977. De ce que j'ai lu à droite et à gauche, je retiens notamment que, passées leurs initiales, l'écrivain et le cinéaste n'avaient que peu de choses en commun. Stanley Kubrick a donc pris d'importantes libertés pour adapter le texte et en faire "son" Shining. L'idée de départ reste la même, bien sûr: nous suivons de près les pas de Jack Torrance, un ancien enseignant bien décidé à écrire un livre. Pour se garantir le calme propice à la création littéraire, notre homme s'engage comme gardien à l'Overlook, un immense hôtel montagnard. L'établissement est fermé à la saison hivernale, son unique route d'accès devenant impraticable du fait d'importantes chutes de neige.
Il existe plusieurs versions de Shining: j'ai pu voir celle qui est sortie aux États-Unis, version intégrale amputée d'environ une demi-heure lors de son exploitation en Europe. Ces coupes auraient été réalisées par Stanley Kubrick lui-même, le cinéaste jugeant décevant le résultat de son film au box-office américain. Il faut dire que les critiques n'épargnent pas le long-métrage: il est même nommé à deux reprises aux Razzie Awards, l'équivalent des Oscars pour les productions ratées du cinéma outre-Atlantique. À l'inverse, il trône aujourd'hui parmi les meilleures références en matière d'épouvante cinématographique. Télé, musique, jeu vidéo... d'autres univers artistiques l'ont érigé en modèle à suivre. Il faut bien dire qu'aujourd'hui encore, quand Jack Torrance installe sa petite famille dans cette si grande maison, on comprend vite que leur villégiature va se transformer en cauchemar. Il suffit juste d'attendre un peu...
Avec moins d'une dizaine de personnages, dont un très jeune enfant dans l'un des trois rôles principaux, Shining est toujours, 34 ans après sa sortie, d'une efficacité implacable. Ce que le film raconte n'est pas très original, mais la tension qui va crescendo tout au long du métrage délivre une vraie leçon de cinéma. Stanley Kubrick s'amuse visiblement à nous faire peur - et il le fait bien, le bougre ! Génie de l'image, le réalisateur compose d'extraordinaires scènes mobiles, donnant l'impression de suivre de très près les protagonistes de son récit. Nous voilà embarqués dans le manège à chocottes: il est difficile de ne pas trembler quand, au bout d'un couloir, la caméra accompagne notre regard vers des zones encore inexplorées. Mélange de musique classique, de sons sourds ou d'éclats stridents, la bande originale contribue elle aussi à la chute de la température. Tout ça sans céder à la facilité de la surabondance d'hémoglobine. Grandiose !
De nombreuses théories circulent pour expliquer les phénomènes paranormaux à l'oeuvre dans le film. D'aucuns lisent le long-métrage comme une allégorie de la conquête de l'Ouest, les paisibles pionniers des débuts devant imposer leur mode de vie aux populations primitives. D'autres y voient plutôt une représentation de la Shoah. D'autres encore assurent que Stanley Kubrick avait l'idée de démontrer à Stephen King que la force évocatrice du cinéma était d'essence supérieure à celle de la littérature. Très honnêtement, je me moque un peu de toutes ces explications. Shining est bel et bien un film saisissant par lui-même: il ne me paraît pas nécessaire d'échafauder d'autres hypothèses pour se convaincre de sa grandeur. Sa force vient aussi de ses acteurs, bien sûr, et notamment d'un Jack Nicholson terrifiant. Shelley Duvall est également excellente, en épouse poussée aux portes de la folie. Et c'est ne rien dire du gamin, Danny Lloyd...
Shining
Film américain de Stanley Kubrick (1980)
Le plus incroyable est encore que cette merveille de long-métrage horrifique a été presque exclusivement tournée... en studio. Il paraît impossible de lui trouver un équivalent dans l'histoire du cinéma. Psychose pourrait offrir une bonne alternative en termes de tension dramatique - on constate d'ailleurs qu'un autre hôtel isolé est au coeur du thriller d'Alfred Hitchcock. Il semble également que les tournages aient tous deux été éprouvants. Les grands du cinéma "accouchent" souvent dans la douleur. C'est peut-être ça, le prix du grand frisson.
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Une info pour les plus passionnés d'entre vous...
En 2012, le documentariste américain Rodney Ascher a tourné un film sur cinq des études consacrées à Shining. Le long-métrage est sorti en France le 19 juin 2013: il est désormais disponible en support DVD.
Vous pouvez maintenant consulter quelques blogs amis...
- "Ma bulle"...
- "L'oeil sur l'écran"...
- "La cinémathèque de Phil Siné".
Pour vous en parler, j'ai fait un choix: n'en montrer que des images relativement neutres et vous laisser donc (re)découvrir sans indice cette oeuvre noire, incroyablement magnétique. Je tiens à signaler sans délai qu'elle adapte un roman éponyme de Stephen King, paru courant 1977. De ce que j'ai lu à droite et à gauche, je retiens notamment que, passées leurs initiales, l'écrivain et le cinéaste n'avaient que peu de choses en commun. Stanley Kubrick a donc pris d'importantes libertés pour adapter le texte et en faire "son" Shining. L'idée de départ reste la même, bien sûr: nous suivons de près les pas de Jack Torrance, un ancien enseignant bien décidé à écrire un livre. Pour se garantir le calme propice à la création littéraire, notre homme s'engage comme gardien à l'Overlook, un immense hôtel montagnard. L'établissement est fermé à la saison hivernale, son unique route d'accès devenant impraticable du fait d'importantes chutes de neige.
Il existe plusieurs versions de Shining: j'ai pu voir celle qui est sortie aux États-Unis, version intégrale amputée d'environ une demi-heure lors de son exploitation en Europe. Ces coupes auraient été réalisées par Stanley Kubrick lui-même, le cinéaste jugeant décevant le résultat de son film au box-office américain. Il faut dire que les critiques n'épargnent pas le long-métrage: il est même nommé à deux reprises aux Razzie Awards, l'équivalent des Oscars pour les productions ratées du cinéma outre-Atlantique. À l'inverse, il trône aujourd'hui parmi les meilleures références en matière d'épouvante cinématographique. Télé, musique, jeu vidéo... d'autres univers artistiques l'ont érigé en modèle à suivre. Il faut bien dire qu'aujourd'hui encore, quand Jack Torrance installe sa petite famille dans cette si grande maison, on comprend vite que leur villégiature va se transformer en cauchemar. Il suffit juste d'attendre un peu...
Avec moins d'une dizaine de personnages, dont un très jeune enfant dans l'un des trois rôles principaux, Shining est toujours, 34 ans après sa sortie, d'une efficacité implacable. Ce que le film raconte n'est pas très original, mais la tension qui va crescendo tout au long du métrage délivre une vraie leçon de cinéma. Stanley Kubrick s'amuse visiblement à nous faire peur - et il le fait bien, le bougre ! Génie de l'image, le réalisateur compose d'extraordinaires scènes mobiles, donnant l'impression de suivre de très près les protagonistes de son récit. Nous voilà embarqués dans le manège à chocottes: il est difficile de ne pas trembler quand, au bout d'un couloir, la caméra accompagne notre regard vers des zones encore inexplorées. Mélange de musique classique, de sons sourds ou d'éclats stridents, la bande originale contribue elle aussi à la chute de la température. Tout ça sans céder à la facilité de la surabondance d'hémoglobine. Grandiose !
De nombreuses théories circulent pour expliquer les phénomènes paranormaux à l'oeuvre dans le film. D'aucuns lisent le long-métrage comme une allégorie de la conquête de l'Ouest, les paisibles pionniers des débuts devant imposer leur mode de vie aux populations primitives. D'autres y voient plutôt une représentation de la Shoah. D'autres encore assurent que Stanley Kubrick avait l'idée de démontrer à Stephen King que la force évocatrice du cinéma était d'essence supérieure à celle de la littérature. Très honnêtement, je me moque un peu de toutes ces explications. Shining est bel et bien un film saisissant par lui-même: il ne me paraît pas nécessaire d'échafauder d'autres hypothèses pour se convaincre de sa grandeur. Sa force vient aussi de ses acteurs, bien sûr, et notamment d'un Jack Nicholson terrifiant. Shelley Duvall est également excellente, en épouse poussée aux portes de la folie. Et c'est ne rien dire du gamin, Danny Lloyd...
Shining
Film américain de Stanley Kubrick (1980)
Le plus incroyable est encore que cette merveille de long-métrage horrifique a été presque exclusivement tournée... en studio. Il paraît impossible de lui trouver un équivalent dans l'histoire du cinéma. Psychose pourrait offrir une bonne alternative en termes de tension dramatique - on constate d'ailleurs qu'un autre hôtel isolé est au coeur du thriller d'Alfred Hitchcock. Il semble également que les tournages aient tous deux été éprouvants. Les grands du cinéma "accouchent" souvent dans la douleur. C'est peut-être ça, le prix du grand frisson.
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Une info pour les plus passionnés d'entre vous...
En 2012, le documentariste américain Rodney Ascher a tourné un film sur cinq des études consacrées à Shining. Le long-métrage est sorti en France le 19 juin 2013: il est désormais disponible en support DVD.
Vous pouvez maintenant consulter quelques blogs amis...
- "Ma bulle"...
- "L'oeil sur l'écran"...
- "La cinémathèque de Phil Siné".
1 commentaire:
Immense et effroyable bonheur que de pénétrer à nouveau dans la Chambre 237, de croiser les jumelles de l'Overlook, de suivre le parcours sanglant de Jack dans les méandres de l'hôtel, de son labyrinthique cerveau détraqué. Dommage pour le grand écran. D'autres occasion se présenteront sans doute.
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