Souvenez-vous: l'année dernière, le 19 novembre exactement, j'ai parlé ici du cinéaste chinois Chen Kaige. Depuis, je l'ai entendu interviewé dans le documentaire dont je parlais mercredi et, il y a quelques jours, j'ai revu l'un de ses films: L'empereur et l'assassin. Le cinéaste nous invite à la cour de Ying Zhen, souverain du royaume de Qin, l'une des sept provinces de ce qui n'est pas encore la Chine. Le monarque a justement cette ambition d'unifier l'empire ou, comme il est dit beaucoup plus joliment au cours du métrage, "tout ce qui existe sous le ciel". Pour cela, peu à l'aise avec la diplomatie, il mène la guerre et fomente des complots. L'idée du dernier lui vient de la dame de Zhao, une amie d'enfance devenue sa concubine.
Incarnée par la ravissante Gong Li, la possible future impératrice choisit de se présenter à un prince rival le visage marqué au fer rouge. Elle espère ainsi susciter à la fois la pitié et la haine, conduire son chevalier servant à réclamer réparation à Ying Zhen et alors offrir à son vrai amant le prétexte d'une nouvelle annexion. Oui ? Vous avez tout compris ? Je le reconnais: L'empereur et l'assassin repose sur un scénario un peu compliqué, dont ce que je viens juste de dévoiler n'est que le point de départ. Ces somptueuses images partent visiblement d'abord d'une histoire très écrite, on pourrait même dire littéraire - d'où le titre de ma chronique, en fait. Il faut aimer. Pour ma part, cette densité de l'intrigue n'est pas un obstacle au plaisir pris à la découvrir. Bien au contraire, j'apprécie toujours autant ces grandes fresques historiques, même si elles se déroulent dans un univers étranger. Précision: celle-ci se découpe en chapitres.
Sur la forme, L'empereur et l'assassin n'a pas grand-chose d'un film d'action. S'il montre bien quelques scènes de bataille, c'est plutôt dans les alcôves des palais que se déroule l'essentiel de son intrigue. Pourtant, débarrassée des effets numériques jugés incontournables en Occident, l'oeuvre garde un indéniable souffle épique, celui qu'apporte une formidable galerie de personnages. Je ne suis pas sûr qu'elle soit apte à séduire tous les publics, mais j'affirme qu'il y a là un style, un vrai, encore magnifié par des décors et des costumes d'une incroyable beauté. Origine du long-métrage oblige, la plupart des membres de sa distribution reste méconnue. C'est certainement une raison supplémentaire d'apprécier le travail qu'ils proposent ici. Une escapade dans le lointain passé dont je suis revenu charmé.
L'empereur et l'assassin
Film chinois de Chen Kaige (1998)
Bien que sans doute un peu plus accessible que d'autres, le film fait aussi partie, je crois, de ces oeuvres pour lesquelles il vaut mieux abandonner toute référence occidentale. C'est en s'y plongeant tête en avant, sans préjugé ni retenue, que l'on en tire toute la saveur. Amateur du genre, je me suis régalé - la première fois, bien sûr, mais presque autant à la deuxième vision. Le comparatif s'impose naturellement avec Hero: le film de Zhang Yimou s'appuie en effet sur le même argument et élément historique. Il me faudrait le revoir pour en juger avec plus de pertinence. Le souvenir que j'en ai est celui d'une création onirique et colorée, qui m'avait moins convaincu.
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