Il y a des soirs comme ça, où on est complètement désoeuvré télévisuellement, et où on se dit "bon sang mais c'est bien sûr ! Si j'me r'gardais un p'tit film ???". Pourquoi pas, après-tout ? Un film, ça peut détendre, amuser, passionner ou..... pas. Alors voilà, j'avais plusieurs films sous la main que je n'avais pas encore vus. Parmi eux, Splice de Vincenzo Natali (Cube). Je ne savais plus trop de quoi traitait ce film, mais après tout, si je l'avais sélectionné c'est que le pitch m'avait donné envie (non?). Le générique de début, très "mystéwieux" (avec l'accent US),me rassurait déjà quand je voyais Adrian Brody au casting (Le Pianiste, Hollywoodland) et Sarah Polley (Mr Nobody). Je me trompais...
Le synopsis du film selon (le très sérieux) Allociné est le suivant : "Clive et Elsa sont des superstars de la science : ils ont réussi à combiner l’ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils sont amoureux l’un de l’autre autant que de leur travail et veulent à présent passer à l’étape suivante : fusionner de l’ADN animal et de l’ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, Clive et Elsa décident de poursuivre leurs expériences en secret. Ils créent Dren, une créature étonnante dont la croissance rapide la fait devenir adulte en quelques mois. Alors qu’ils redoublent d’efforts pour préserver leur secret, leur intérêt scientifique pour Dren se mue peu à peu en attachement. Dren finira par dépasser les rêves les plus fous du couple… et leurs pires cauchemars." Ce synopsis, c'est un peu Madonna avec son maquillage spécial "Confessions Tour". Laissez-moi vous parler du film façon "Madonna au saut du lit"...
Effectivement, les premières minutes du film nous introduisent dans l'environnement professionnel de Clive et Elsa, deux scientifiques qui mettent au point une nouvelle espèce vivante (et non pas une fantastique créature hybride, hein ?) issue de la combinaison de l'ADN de plusieurs animaux. Celle-ci est informe, peu avenante et créée, non pas juste pour le plaisir ou pour peupler un nouveau parc à thème, mais dans un but purement industrio-pharmaceutique. Leurs résultats sont salués par la directrice du laboratoire privé où ils travaillent. Mais celle-ci bride leurs ambitions en leur demandant de stopper là la phase "recherche" pour passer à une production de masse afin de lancer de nouveau médicament (pour le secteur agro-alimentaire notamment). Les 2 scientifiques, amoureux et rebelles (oh yeah !) voudraient eux pouvoir expérimenter la phase d'introduction de l'ADN humain. "Que nenni", leur répond-t-on fermement. Nous avons droit entre-temps à une petite phase d'immersion intime dans le couple pour comprendre qu'Elsa est la plus ambitieuse et opportuniste des deux, qu'elle veut un nouvel appart deux fois plus grand que l'actuel et qu'elle ne veut pas d'enfant. Un élément fondamental pour la suite (smile !). Et voici qu'entre les murs du laboratoire de leur employeur, les apprentis sorciers se livrent à un exercice dangereux, aux yeux et au sus de tous. Ils continuent leur expérience et lance la gestation d'un nouvel hybride. Nous avons droit à une scène "so cliché" avec des écrans "style commande MS-DOS" qui défilent en "freestyle", couplés à des poses fatiguées des deux acteurs, le tout sur fond de musique "geek ultime" (métal): moins convaincant et pathétique, tu meurs !
Alors évidemment, leur plan ne va pas se passer comme prévu. Bien entendu, ils n'ont pas le temps d'étouffer la créature dans l'oeuf et l'hybride naît et à l'air "twé twé méchant". Bien sûr, il y a une "couille" dans le processus qui aurait dû logiquement se dérouler. Ainsi, Elsa la "femme-qui-ne-veut-pas-d'-enfant" se découvre un instinct maternel et protecteur au-delà de la raison. Elle insiste, sans consience du cataclysme qui la guette pour garder le nouveau-né. Que se passe-t-il ensuite ? Le "bébé" grandit et l'illogisme d'Elsa - et du scénario - aussi. Elle baptise la créature Dren, la stimule cognitivement, l'éveille, la fait jouer et commence à (trop) sérieusement s'y attacher. Elle l'habille comme une petite fille (ou une petite poupée) et tente de convaincre Clive que cette utopie va pouvoir continuer. Son jusqu'au-boutisme scientifique est surjoué et franchement pas crédible. Quand à Clive, son "scientifisme" n'est pas convainquant et on finit même par sentir qu'Adrian Brody se doute qu'il a fait là un mauvais choix de rôle. Car si tant est qu'il en existe, l'un des fils conducteurs de Splice, c'est le traitement des différents paramètres qui gérent ce couple de scientifiques, partagés entre leur côté boit-sans-soif d'expériences irréalistes et leur amour, mis à l'épreuve de leurs ambitions et des risques professionnels qu'ils prennent. Ils nous prouvent ici que la science, c'est dangereux quand c'est aux mains d'immatures aux mains déliées et qu'aucun couple n'est à l'abri de l'égarement sentimental et émotionnel en situation perturbante.
Revenons à nos moutons. Dren le bébé moche continue de pousser. Et si certains ne l'avaient pas vu venir à des kilomètres, je le précise : oui, le scandale va être à deux doigts d'éclater... ou d'éclabousser, terme plus précis vu le développement de l'intrigue. Voilà donc notre petite famille qui s'en va dans la campagne pour rejoindre la vieille ferme où Elsa a été élevée. Et c'est le début de la fin. Là encore se profile une intrigue grosse comme un éléphant au milieu d'un couloir: Clive qui était le plus réticent des deux à garder Dren au départ, est finalement celui qui lui casse le moins les bonbons. Et ce n'est pas fini: il s'en rapprochera encore et encore. Bref...
Film franco-canadien de Vincenzo Natali (2010)
Vincenzo Natali avait notamment réalisé Cube et c'était quand même un argument de poids pour se dire que Splice pouvait être autre chose que ce que j'ai vu. Scénario peu inspiré, cliché, abusif... une déception en longueur et en largeur. Quand aux acteurs, on les plaint d'avoir enduré un tel tournage. Une seule petite mention pour Delphine Chanéac, que j'avais entre-aperçue dans la mini-mauvaise-série Lola, qui es-tu Lola ? sur TMC, et qui ici offre une prestation vraiment pas mal dans le rôle de Dren. Splice, traduit de l'anglais, signifie littéralement "épissure", soit la jonction entre 2 éléments. J'ai vu beaucoup de jonctions farfelues et improbables dans ce film, mais celle entre le talent qu'a pu avoir son réalisateur par le passé et l'inconsistance de ce scénario... non, je ne vois pas. Déconseillé aux amateurs de bon cinéma !
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