Cette fois, ça y est: j'ai chroniqué tous les films que j'ai vus ou revus l'année dernière. Il y en a 106 au total, dont seulement 14 "rediffusions". Avant de vous présenter les premiers films visionnés pour le début de cette nouvelle décennie, je souhaite revenir en arrière et faire un bilan. La période s'y prête, je trouve. Ce bilan, comme le titre de la chronique d'aujourd'hui vous a déjà permis de l'imaginer, je le dresserai en deux temps. Avant d'évoquer quelques-uns des longs métrages appréciés en salles, je commence aujourd'hui avec ceux que j'ai découverts sur d'autres supports - et généralement sur ma platine DVD. En fait, il s'agit de recenser encore une fois ceux qui m'ont le plus marqué, par ordre de préférence. Subjectivité assumée et, bien sûr, liste ouverte aux commentaires.
1. Lettres d'Iwo Jima / Clint Eastwood / 2006
Vu le 4 mai, chroniqué le 22.
Ceux d'entre vous qui sont habitués à me lire ne seront pas surpris de voir le réalisateur américain en tête de ma liste. J'ajouterai que, dans la filmographie de son auteur, ce film a pour moi une place particulière. J'y vois une main tendue vers l'autre. J'admire ce culot dont Eastwood a fait preuve en s'intéressant aux combattants japonais de la guerre du Pacifique et en tournant dans la langue asiatique. Il y a là beaucoup plus qu'un simple film de guerre.
2. Still walking / Hirokazu Kore-eda / 2009
Vu le 22 novembre, chroniqué le 30.
Le Japon toujours, mais contemporain cette fois, et en partant désormais à la découverte d'un cinéaste dont j'ignorais absolument tout jusqu'au moment où j'ai vu ce film. Cette histoire d'une famille réunie autour d'un deuil a quelque chose d'universel: chacun de nous pourra sans doute y retrouver quelque chose de lui et des siens. Dans le traitement, en revanche, le raffinement asiatique joue pleinement son rôle: on est saisi par l'émotion. Au final, les images sont tellement naturelles et simples qu'on se sent comme chez soi. Immergé dans l'histoire, j'en suis sorti lentement et très touché.
3. L'assassinat de Jesse James... / Andrew Dominik / 2007
Vu le 17 mai, chroniqué le 1er juin.
La preuve par l'exemple que le western n'est pas un genre éteint. Objectivement, ce film ne ressemble certes pas à un classique hollywoodien des années 1950-60. J'ai envie de dire que c'est mieux ainsi: il n'en est finalement que plus intéressant. Avec une approche plus contemplative et un héros aussi désabusé qu'ambigu, Dominik signe là une oeuvre remarquable. Brad Pitt, lui, continue de prouver qu'il n'est pas qu'un beau gosse, mais l'un des tout meilleurs acteurs de sa génération. L'un des plus éclectiques, aussi. Brillant !
4. Du rififi chez les hommes / Jules Dassin / 1955
Vu le 21 juin, chroniqué le 19 juillet.
C'est un peu le hasard qui m'a permis de découvrir cette perle. Avant de l'emprunter à la Fnac pour en faire une chronique dans le journal qui m'emploie, je n'en avais jamais entendu parler. J'ai du coup également découvert un cinéaste: Jules Dassin, père de Joe. Un coup de bol, un vrai, tant l'oeuvre ici proposée est admirable de maîtrise cinématographique. Dans le genre "série noire à l'ancienne", c'est sans doute l'une des plus belles pièces que j'ai vues. Un travail d'orfèvre, encore rehaussé par le génie d'une scène de braquage d'une grosse vingtaine de minutes, entièrement sans dialogues.
5. Le train sifflera trois fois / Fred Zinneman / 1952
Vu le 21 août, chroniqué le 10 septembre.
Quand le générique final est arrivé, je me suis demandé si j'avais déjà vu ce classique. Je le pensais, mais je n'en suis plus sûr. Conséquence, le doute lui profitant, j'ai décidé de l'intégrer directement dans mon classement, car il est patent qu'il mérite bien d'être distingué. Tourné en noir et blanc en pleine période Technicolor, ce western n'en est pas moins d'une modernité fascinante, notamment en ce qu'il déroule son scénario pratiquement en temps réel. Remarquable aussi, cette idée d'un shérif contraint d'affronter, seul et le jour de ses noces, le danger qui menace toute une communauté. Gary Cooper et Grace Kelly forment un couple relativement classique, lui, mais néanmoins inoubliable.
6. Les parapluies de Cherbourg / Jacques Demy / 1964
Vu le 24 mai, chroniqué le 7 juin.
Palme d'or du festival de Cannes, cette histoire a fait connaître l'auteur dans le monde entier. Il est difficile d'en parler de manière particulièrement originale. Je dirai donc simplement qu'elle m'a bouleversé, moi aussi. Ces amoureux séparés par la guerre d'Algérie laissent en mon esprit une empreinte durable, sinon indélébile. Avant de lancer le film sur ma platine DVD, je craignais de le trouver vieillot, voire un peu ridicule, avec ses dialogues "en chanté". C'est tout le contraire qui s'est produit: l'ensemble m'a marqué. Vraiment et profondément. Je ne peux que me réjouir de pouvoir encore découvrir quelques-unes des oeuvres du même réalisateur.
7. Man on the moon / Milos Forman / 1999
Vu le 28 novembre, chroniqué le 6 décembre.
Parfois, la découverte d'un film tient à peu de choses. Ici, c'est d'abord un titre, juste un titre, qui m'a intéressé au long métrage. Aucun regret à avoir, au contraire: je détiens désormais une preuve supplémentaire du génie de Forman pour montrer... celui des autres. Il faut dire que le personnage d'Andy Kaufman, humoriste américain totalement décalé, promettait un film assez dingue. Le risque était aussi qu'une telle exubérance ne soit pas reproductible. Hé bien si ! Pour l'original comme pour la copie jouée par Jim Carrey, on touche deux fois au grand art. Et ce dès le générique initial !
8. Fargo / Joel et Ethan Coen / 1996
Vu le 12 avril, chroniqué... le jour même !
Les frangins Coen sont décidément capables de tout. Il me semble toutefois y avoir aussi quelques constances dans leurs créations, parmi lesquelles une dose de cynisme vis-à-vis de l'Amérique profonde. C'est particulièrement patent ici: quelques millimètres seulement sous le vernis d'une histoire policière peu banale figure une description au vitriol d'un groupe de rednecks de très haut vol. Seul le personnage de la femme flic semble échapper à la médiocrité. On rit beaucoup, objectivement, mais avec les dents qui grincent. Tout est bon: le fond est purement dantesque, la forme (images, son et ambiance générale) presque parfaite.
9. Dans la vallée d'Elah / Paul Haggis / 2007
Vu aux alentours du 15 février, chroniqué le 22.
Les Américains m'impressionnent toujours pour leur capacité à aller de l'avant et à tourner rapidement les pages de leur histoire contemporaine. Ce film-là est, je crois, un bon exemple. Sans doute pas encore tout à fait remis du traumatisme causé par la guerre irakienne, les States nous envoient ce petit bijou sombre, qui s'intéresse au sort des parents restés au pays. Les images du conflit sont rares: ce n'est le sujet que par ricochet. Le résultat n'en est pas moins extrêmement poignant. Le trio d'acteurs, Tommy Lee Jones, Susan Sarandon et Charlize Theron, fait mouche. En plein coeur.
10. La grande course autour du monde / Blake Edwards / 1965
Vu le 22 juillet, chroniqué le 3 août.
Certainement le film qui m'a fait le plus rire cette année ! Je savais le duo Jack Lemmon-Tony Curtis potentiellement irrésistible. Nouvelle démonstration ici, avec en prime une Natalie Wood absolument géniale dans le rôle de la suffragette de service. Vraiment du grand comique, basé sur une improbable compétition automobile. Le réalisme est resté au vestiaire, mais c'est très bien. Un moment de pure loufoquerie, comme on aimerait en voir plus souvent. Je ne citerai personne, mais quelques-uns des réalisateurs contemporains ont sans doute des leçons à prendre...
"Bonus" 1: Pierrot le fou / Jean-Luc Godard / 1965
Vu le 13 décembre, chroniqué le 8 janvier (cette année !).
C'est dur de ne retenir que dix films, surtout parmi 81 au total ! J'ai donc choisi de décerner deux coups de coeur, le premier pour ce film emblématique de la Nouvelle Vague. C'est un fait: la première vision de cette oeuvre pour le moins atypique m'a laissé surpris et séduit, dans l'attente de découvrir (vite ?) un autre extrait de la filmographie de Godard. Il y a là une manière de filmer tout à fait originale, nouvelle à l'évidence, et qui sublime une histoire d'amour paradoxalement assez classique. Dans un rôle du genre casse-gueule de par le style de l'auteur, le jeune Jean-Paul Belmondo est particulièrement convaincant. Même chose pour Anna Karina, épouse du réalisateur, dans le premier rôle féminin. Je retiens également une apparition pour le moins incongrue du regretté Raymond Devos.
"Bonus" 2: Duplicity / Tony Gilroy / 2009
Vu le 2 novembre, chroniqué le 20.
Julia Roberts et Clive Owen, d'accord: d'un tel duo d'acteurs, et pour un deuxième coup de coeur, vous pourriez attendre une production glamour. Et pan ! Erreur ! Ou plutôt, vous voilà sur la touche: le film est bien plus qu'une énième comédie romantique anglo-saxonne. Réussite d'un réalisateur particulièrement malin, et que j'ai du coup décidé de suivre un peu, le scénario nous emmène vers le labyrinthe d'une histoire d'espionnage industriel aussi drolatique que corsée. Finalement, tel est pris qui croyait prendre: c'est peut-être la morale du long métrage. Avec un ultime retournement de situation, comme on les aime, dans les toutes dernières secondes avant le générique final. Inattendu, mais remarquable sur toute la ligne !
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