1570. Les guerres de religion qui déchirent la France connaissent enfin une trêve. Le roi Charles IX accepte de négocier avec le parti protestant les conditions de la paix. Sa mère, Catherine de Médicis, admet l'idée de lâcher du lest sur la liberté de conscience, mais pas forcément sur celle du culte. Des discussions s'engagent également sur l'éventualité de concéder certaines villes du royaume aux tenants de la Réforme. Du côté des catholiques, cet exercice diplomatique délicat incombe à M. de Malassise, ci-devant ambassadeur de France en Italie, assisté d'un noble de son choix, issu du corps militaire. Dans le camp d'en face, deux autres émissaires ont été dépêchés pour mener le débat. C'est donc, vous l'aurez bien sûr compris, autour d'un quatuor - plus ou moins harmonieux - que se déroule l'intéressant scénario de Saint-Germain ou la négociation, oeuvre que j'ai eu le plaisir de découvrir récemment. Salons donc d'emblée, comme le mérite, la belle performance des quatre acteurs principaux: Jean Rochefort, diplomate royal, mais aussi, à ses côtés, Rufus et, face à eux, Didier Sandre et Jean-Paul Farré. Tous sont bons. Le premier est magistral, expressif au moindre rictus, précis d'un simple froissement de paupières. Je ne m'en lasse pas ! En guise d'introduction, précisions également que, bien qu'évoquant la France du 16ème siècle, ce récit est doublement belge: tiré d'un roman signé Francis Walder, il a été mis en images par Gérard Corbiau.
Cela pourrait vous surprendre, mais j'ai hésité à cette chronique. Exception qui confirme la règle, le long métrage dont je vous parle aujourd'hui n'est pas un film de cinéma, mais de télévision. Sauf erreur de ma part, il a été produit - et en tout cas diffusé - via Arte. Après réflexion, je me suis rappelé que j'avais déjà fait mention ici de deux (mauvais) films directement sortis en vidéo. Ce souvenir m'a finalement incité à parler aussi de cette oeuvre du petit écran. Sans doute faut-il admettre qu'elle n'est pas parfaite et que transpire parfois l'économie de moyens. Qu'importe: comme je l'ai déjà dit, l'ensemble tire d'abord sa force de quatre acteurs inspirés. Pas d'action trépidante, de cape ou d'épée, mais plutôt une joute verbale dans une langue française des plus ciselées. De fait, Saint-Germain ou la négociation parle beaucoup et de fort agréable manière. N'eut été la diversité des lieux où se transporte l'intrigue, le résultat aurait pu tenir du théâtre filmé, ce qui ne serait alors pas un reproche. Avoir choisi le média télévisé est intéressant, en ce qu'il permet évidemment le gros plan sur les visages des différents protagonistes, particulièrement changeants au fil de leurs échanges. Chacun m'a semblé faire preuve d'une juste mesure: il n'y a aucune outrance choquante dans leur jeu à tous. Sans grands efforts d'imagination, certaines des scènes rappellent des situations contemporaines...
J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce film et peux donc remercier l'ami Philippe qui m'avait proposé de le regarder. Je crois qu'il me faut aussi dire deux mots des personnages secondaires. Entre deux phases de débat, encouragé à la patience par la reine Catherine elle-même, M. de Malassise peut rentrer dans ses foyers pour y retrouver sa famille, femme et enfants qu'il avait délaissés pour assumer sa mission italienne. C'est le deuxième point d'ancrage du long métrage, qui n'est pas moins intéressant que le premier, mais dont je préfère taire ici les enjeux. Aux passionnés d'histoire "grand format", Saint-Germain ou la négociation apporte aussi quelques scènes avec Charles IX ou Catherine de Médicis. Original, le scénario s'appuie sur l'idée que la trêve militaire n'est qu'une manoeuvre de cette dernière pour mieux gagner du temps dans l'idée de préparer le massacre de la Saint-Barthélemy, survenu deux ans plus tard. D'après ce que j'ai lu par la suite, cette lecture des faits est pour le moins farfelue. On pourra donc dire que, malgré la belle interprétation de Marie-Christine Barrault, et d'autres essais au cinéma, le grand film sur la mère des derniers Valois reste aujourd'hui à écrire. En attendant, ceux qui souhaitent en savoir plus sur Francis Walder, l'auteur du texte original, peuvent déjà consulter le site de l'Institut national de l'audiovisuel. Ils devraient y trouver l'une des rares interviews télévisées de cet homme discret.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire