Une chronique de Martin
Mon titre du jour ? Il correspond à mon idée première au moment d'aller voir La fée au cinéma. C'est parce qu'il se passe au Havre, ville où j'ai vécu quatre ans pendant mes études, que j'ai été attiré par le film. J'avais aussi entendu des choses assez encourageantes autour d'Abel, Gordon et Romy, le trio de réalisateurs, que j'ai donc découvert à l'occasion. Après L'iceberg et Rumba, les échos relevés autour de leur dernière création commune étaient motivants, annonçant une oeuvre burlesque non dénuée d'une touche de poésie. Point de départ: Dom, un veilleur de nuit maladroit, voit débarquer une femme, Fiona, qui lui promet d'exaucer trois de ses souhaits.
Et ça marche ! Dom obtient un scooter et de l'essence gratuite à vie. Quant à son troisième voeu, il préfère ne pas l'exprimer, de peur probablement de voir disparaître sa bienfaitrice (qui n'insiste pas). La fée est un petit film qui fait du bien: il apporte véritablement quelque chose d'original au cinéma d'aujourd'hui et nous embarque avec lui dans une aventure irrationnelle - un peu comme l'avaient fait, parait-il, les deux premiers longs-métrages de ses créateurs. Conséquence: la meilleure conduite à suivre devant pareil spectacle est de larguer les amarres et de se laisser prendre au jeu. Inutile d'aller chercher un message sous le vernis de cet univers décalé.
Pourtant, l'air de rien, La fée parle aussi (un peu) du monde d'aujourd'hui, des immigrés clandestins venus d'Afrique, des malades internés en hôpital psychiatrique ou des employés en contrat précaire. On y croise encore un petit chien enfermé dans le sac écossais de son maître anglais et kleptomane, une équipe complète de rugbywomen, sa capitaine chanteuse et un patron de bistro myope comme une taupe. On y danse au fond de la mer ou bien sur les toits de la ville. Le Havre est reconnaissable, bien exploité et bien trouvé pour une production de ce genre. J'attends le prochain Ari Kaurismäki en décembre pour le revoir encore une fois en décor de cinéma.
La fée
Film français de D. Abel, F. Gordon et B. Romy (2011)
Même si leur univers peut déplaire, Dominique, Fiona et Bruno ont bien travaillé. Je les désigne d'autant plus volontiers par leur prénom que c'est aussi à chaque fois celui de leurs personnages. Ce cinéma me rappelle les Deschiens ou, côté cinéma, le Ni à vendre ni à louer de Pascal Rabaté. Son côté artisanal m'évoque aussi certains travaux de Michel Gondry. À noter le succès d'une certaine approche francophone: Abel est belge, Gordon canadienne et Romy français.
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