Une chronique de Martin
Bertrand Morane n'aime pas une femme, mais toutes les femmes. Fasciné par les jambes d'une demoiselle croisée par hasard, il va jusqu'à fracasser sa voiture contre un mur pour s'en prétendre victime et retrouver sa trace. Beau parleur respectueux de la gente féminine à sa façon, il connaît un certain succès et enchaîne facilement conquêtes d'un soir ou conversations de quelques heures. L'homme qui aimait les femmes n'est pas un macho. Pour analyser sa fascination et un peu mieux se comprendre lui-même, il décide d'écrire un livre sur ses rencontres et aventures, titré Le cavaleur.
Je me suis vite demandé, en découvrant le film de François Truffaut, s'il fallait justement faire le rapprochement avec Le cavaleur, celui de Philippe de Broca sorti moins de deux ans plus tard. J'y ai pensé, oui, mais je ne crois pas, en fait: ce second long-métrage est plutôt une comédie, tandis que le premier ouvre sur une cérémonie funéraire pour son héros et recèle donc d'une certaine nostalgie funeste dans son propos. Attention: L'homme qui aimait les femmes n'est pas un film austère, son auteur ayant écrit des scénarios beaucoup plus sombres que celui-là. Ici, on sourit même souvent. Chiadé, le texte du film est également d'une poésie certaine. J'ai l'impression que c'est même le premier point en faveur de l'oeuvre.
Quand on connaît un peu toute l'importance que revêtent les acteurs pour Truffaut, on ne peut s'empêcher de mentionner la prestation impeccable de Charles Denner dans le rôle titre. On sent confusément que les deux hommes se connaissent bien: c'est, de fait, la troisième et dernière fois qu'ils collaborent. L'homme qui aimait les femmes, c'est sans le moindre doute le réalisateur lui-même, bien plus encore que son comédien. Littéraire dans son approche, le film est un cri d'amour, assez sombre par moments, il est vrai, et un peu daté, aussi. Tourné à la fin des années 70, il a l'audace de son époque, cette liberté de ton malgré tout assez contenue, qui lui donne un côté un peu guindé, pas franchement révolutionnaire en tout cas. Replacée dans son contexte historique, c'est tout même une oeuvre très intéressante, portée par un texte flamboyant. À découvrir, donc: le faire comme moi avec des représentants des deux sexes peut même présenter l'avantage de susciter un débat sur sa modernité.
L'homme qui aimait les femmes
Film français de François Truffaut (1977)
Je crois ne pas trop me fourvoyer si j'affirme que, souvent inspirés par son propre destin, les films du réalisateur se répondent les uns aux autres. Encore trop inexpérimenté pour en dresser un panorama exhaustif, je vous propose tout de même de faire un rapprochement avec les deux autres qui sont déjà chroniqués ici. Je constate finalement qu'il s'agit à chaque fois d'histoires d'amours contrariées. Dans La chambre verte, c'est flagrant, avec ce personnage interprété par Truffaut lui-même, incapable de faire enfin le deuil d'une première épouse et qui rejette le bonheur qui lui tend les bras. L'histoire d'Adèle H. est tout aussi désespérée, bien qu'en l'espèce, la non-réciprocité soit inversée et le scénario appuyé sur des faits historiques. J'en ai surtout retenu la prestation ébouriffante d'Isabelle Adjani, récompensée d'une nomination aux Césars.
Je me suis vite demandé, en découvrant le film de François Truffaut, s'il fallait justement faire le rapprochement avec Le cavaleur, celui de Philippe de Broca sorti moins de deux ans plus tard. J'y ai pensé, oui, mais je ne crois pas, en fait: ce second long-métrage est plutôt une comédie, tandis que le premier ouvre sur une cérémonie funéraire pour son héros et recèle donc d'une certaine nostalgie funeste dans son propos. Attention: L'homme qui aimait les femmes n'est pas un film austère, son auteur ayant écrit des scénarios beaucoup plus sombres que celui-là. Ici, on sourit même souvent. Chiadé, le texte du film est également d'une poésie certaine. J'ai l'impression que c'est même le premier point en faveur de l'oeuvre.
Quand on connaît un peu toute l'importance que revêtent les acteurs pour Truffaut, on ne peut s'empêcher de mentionner la prestation impeccable de Charles Denner dans le rôle titre. On sent confusément que les deux hommes se connaissent bien: c'est, de fait, la troisième et dernière fois qu'ils collaborent. L'homme qui aimait les femmes, c'est sans le moindre doute le réalisateur lui-même, bien plus encore que son comédien. Littéraire dans son approche, le film est un cri d'amour, assez sombre par moments, il est vrai, et un peu daté, aussi. Tourné à la fin des années 70, il a l'audace de son époque, cette liberté de ton malgré tout assez contenue, qui lui donne un côté un peu guindé, pas franchement révolutionnaire en tout cas. Replacée dans son contexte historique, c'est tout même une oeuvre très intéressante, portée par un texte flamboyant. À découvrir, donc: le faire comme moi avec des représentants des deux sexes peut même présenter l'avantage de susciter un débat sur sa modernité.
L'homme qui aimait les femmes
Film français de François Truffaut (1977)
Je crois ne pas trop me fourvoyer si j'affirme que, souvent inspirés par son propre destin, les films du réalisateur se répondent les uns aux autres. Encore trop inexpérimenté pour en dresser un panorama exhaustif, je vous propose tout de même de faire un rapprochement avec les deux autres qui sont déjà chroniqués ici. Je constate finalement qu'il s'agit à chaque fois d'histoires d'amours contrariées. Dans La chambre verte, c'est flagrant, avec ce personnage interprété par Truffaut lui-même, incapable de faire enfin le deuil d'une première épouse et qui rejette le bonheur qui lui tend les bras. L'histoire d'Adèle H. est tout aussi désespérée, bien qu'en l'espèce, la non-réciprocité soit inversée et le scénario appuyé sur des faits historiques. J'en ai surtout retenu la prestation ébouriffante d'Isabelle Adjani, récompensée d'une nomination aux Césars.
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