La question des migrations fait la Une des journaux. Elle inspire aussi certains réalisateurs de cinéma, parfois bien loin de notre Europe. Exemple aujourd'hui: Midi Z, un jeune cinéaste taïwanais, a voulu exposer une réalité qu'il connaît bien pour réaliser Adieu Mandalay. Son scénario s'inscrit dans le triangle Birmanie / Thaïlande / Taïwan.
Nous sommes ainsi invités à suivre Liangquing et Guo, deux jeunes originaires de Birmanie, qui franchissent illégalement la frontière thaïlandaise. Après avoir descendu un fleuve en canot et être montés dans la voiture d'un passeur, ils se retrouvent finalement à Bangkok sans réelle perspective professionnelle et, évidemment, avec la peur constante d'être arrêtés par la police, jetés en prison ou expulsés. Bien plus qu'aux questions politiques, c'est au quotidien de ces exilés que le film va nous intéresser. Adieu Mandalay en dresse un portrait différencié: Liangquing se démène pour obtenir des papiers qui, imagine-t-elle, lui apporteront un peu de sérénité, tandis que Guo, désabusé, la suit un peu partout sans croire vraiment à la possibilité d'être autre chose qu'un paria. Leur relation se teinte d'ambigüité. C'est toute la tragédie de ce récit, qui démontre qu'une condition sociale commune ne conduit pas nécessairement aux mêmes envies...
D'envies et même d'espoir, il est bien entendu question dans ce film d'Asie. Les situations décrites sont des plus sombres, mais le pathos est judicieusement laissé de côté. Constamment contraints de rester à la marge de la société qui les "accueille" ainsi, les deux personnages n'ont qu'une alternative: la quitter ou s'y fondre, tant bien que mal. Adieu Mandalay prend tout son temps pour nous l'expliquer et tient presque davantage du documentaire que du film militant. Midi Z semble étirer à dessein quelques-unes des séquences, pour établir que le temps s'écoule lentement et que presque rien ne se passe. D'après ce que j'ai compris, il a connu des situations comparables. Présenté dans plusieurs festivals, son film y a rencontré le succès. Seule sa conclusion aurait fait polémique... et c'est vrai qu'elle est, sinon illogique, à tout le moins expéditive et d'une violence radicale. Je veux bien croire que c'est ainsi que les choses se passent, parfois.
Adieu Mandalay
Film taïwanais de Midi Z (2016)
Né en 1982, éduqué à la birmane et à la chinoise, le jeune cinéaste évoqué aujourd'hui s'appelle en réalité Zhao Dé-Yin. Il a pu apprendre son art avec les conseils des Taïwanais Hou Hsiao-hsien et Ang Lee. Aujourd'hui, avec lui, je crois avoir fait une découverte intéressante. J'ajoute toutefois que, sur les migrations, un film comme Rêves d'or m'a davantage marqué. Et Desierto ? L'approche est plutôt "musclée" !
Nous sommes ainsi invités à suivre Liangquing et Guo, deux jeunes originaires de Birmanie, qui franchissent illégalement la frontière thaïlandaise. Après avoir descendu un fleuve en canot et être montés dans la voiture d'un passeur, ils se retrouvent finalement à Bangkok sans réelle perspective professionnelle et, évidemment, avec la peur constante d'être arrêtés par la police, jetés en prison ou expulsés. Bien plus qu'aux questions politiques, c'est au quotidien de ces exilés que le film va nous intéresser. Adieu Mandalay en dresse un portrait différencié: Liangquing se démène pour obtenir des papiers qui, imagine-t-elle, lui apporteront un peu de sérénité, tandis que Guo, désabusé, la suit un peu partout sans croire vraiment à la possibilité d'être autre chose qu'un paria. Leur relation se teinte d'ambigüité. C'est toute la tragédie de ce récit, qui démontre qu'une condition sociale commune ne conduit pas nécessairement aux mêmes envies...
D'envies et même d'espoir, il est bien entendu question dans ce film d'Asie. Les situations décrites sont des plus sombres, mais le pathos est judicieusement laissé de côté. Constamment contraints de rester à la marge de la société qui les "accueille" ainsi, les deux personnages n'ont qu'une alternative: la quitter ou s'y fondre, tant bien que mal. Adieu Mandalay prend tout son temps pour nous l'expliquer et tient presque davantage du documentaire que du film militant. Midi Z semble étirer à dessein quelques-unes des séquences, pour établir que le temps s'écoule lentement et que presque rien ne se passe. D'après ce que j'ai compris, il a connu des situations comparables. Présenté dans plusieurs festivals, son film y a rencontré le succès. Seule sa conclusion aurait fait polémique... et c'est vrai qu'elle est, sinon illogique, à tout le moins expéditive et d'une violence radicale. Je veux bien croire que c'est ainsi que les choses se passent, parfois.
Adieu Mandalay
Film taïwanais de Midi Z (2016)
Né en 1982, éduqué à la birmane et à la chinoise, le jeune cinéaste évoqué aujourd'hui s'appelle en réalité Zhao Dé-Yin. Il a pu apprendre son art avec les conseils des Taïwanais Hou Hsiao-hsien et Ang Lee. Aujourd'hui, avec lui, je crois avoir fait une découverte intéressante. J'ajoute toutefois que, sur les migrations, un film comme Rêves d'or m'a davantage marqué. Et Desierto ? L'approche est plutôt "musclée" !
4 commentaires:
Hello Martin,
Figure-toi que j'ai découvert Midi Z au Festival de la Rochelle en 2014, qui diffusait la totalité de ses courts et longs métrages. Je pense avoir vu Poor Folk, et je me retrouve assez bien ton ressenti à propos de son dernier film : beaucoup de lenteur, proche du documentaire et d'un certain vécu (on sent qu'il sait de quoi il parle), de la douleur de l'exil, de la pauvreté. J'ai assisté également à la rencontre avec le réalisateur, qui avait fait spécialement le déplacement. Une bonne heure d'interview par Xavier Leherpeur, fan du réalisateur depuis ses débuts. Il en parle ici http://archives.festival-larochelle.org/festival-2014/decouverte-midi-z
Je me souviens d'un jeune homme très sympathique qui disposait de moyens plus que dérisoires pour tourner ses films. Une anecdote ? Une spectatrice lui demandait la raison d'avoir utiliser la même chanson dans deux de ses longs métrages. Réponse : parce que j'avais acheté les droits et que cela coûte cher alors je l'ai utilisé par deux fois. Ben oui, cela fait aussi partie des contraintes d'un réalisateur ;-)
Hé ! Merci pour cette anecdote fameuse, Sentinelle !
Franchement, avec peu de moyens et sans bien des complications, Midi Z sort un film très soigné. L'anecdote est magique.
Tu sais que je t'envie presque d'avoir eu cette chance de croiser son chemin ?
J'aurais aimé le voir.
Je le vois bien passer sur Arte d'ici quelques années. Il te faudra être patiente.
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