jeudi 16 juillet 2015

Vie civile

Dans la longue litanie des petits films nerveux de la fin des années 70 au début des années 80, ça faisait déjà un bon moment que j'avais envie de voir Rambo. Pour être franc, je ne me serais pas tourné spontanément vers cette histoire, mais deux amis - au moins - m'ont assuré qu'elle valait le détour. Je suis donc allé confronter mes idées toutes faites à la réalité du long-métrage. Et c'était (plutôt) sympa...

Oui, comme mes potes Ugo et Philippe, j'ai bien aimé Rambo. Contrairement à un premier préjugé, j'ai noté que Sylvester Stallone était déjà, à l'époque, reconnu pour son travail. S'il ne tourne pas ici ce qu'on pourrait appeler son film de la maturité, il dispose toutefois d'une expérience relativement enviable devant et derrière la caméra. Cette fois, son personnage, mutique, est un rescapé du Vietnam perdu sur les routes américaines à la recherche de ses compagnons d'arme revenus, eux aussi, du bourbier asiatique. Quand le film commence, notre homme découvre stupéfait qu'un ami qu'il avait vu quitter le front est mort entretemps d'un cancer. Il se rend compte alors que la médaille que l'État lui a remise ne fait pas de lui un héros pour tout le monde: cette Amérique d'après-guerre le considère même plutôt comme un paria et, au fond, préférerait donc se passer de lui. Sur cet argument, le long-métrage est, de fait, cruellement réaliste.

Son contexte posé, il évolue alors vers ce qu'on peut considérer comme une référence de film d'action. Molesté par une police provinciale corrompue jusqu'à la moelle, l'ex-soldat en quête d'oubli disparaît dans une forêt et y est littéralement traqué comme une bête sauvage. Là, l'efficacité de ses méthodes de guérillero lui permettra temporairement de sauver sa peau, jusqu'à l'intervention providentielle (euh...) d'un ancien officier supérieur. S'il est vrai qu'aujourd'hui, Rambo sent un peu la naphtaline, il est juste également de dire qu'il a quelque chose d'efficace et d'inattendu. D'après ce que j'ai pu lire par ailleurs, il serait même... moins violent et radical que le roman éponyme dont il est issu. Ce serait finalement la suite de la série qui manquerait de sensibilité, rognant jusqu'à l'os un personnage pourtant censé mourir dès la fin du premier épisode. Les choix du cinéma hollywoodien ne sont pas toujours les meilleurs...

Rambo
Film américain de Ted Kotcheff (1982)

Vous avez remarqué ? J'ai évoqué dernièrement plusieurs de ces films marqueurs d'époque, références d'une certaine culture populaire. Sorti un an auparavant, New York 1997 est meilleur, plus nihiliste encore. Du côté de Sylvester Stallone, ma préférence reste à Rocky, un film imparfait et cependant franchement révélateur d'un certain mal-être social. Je ne sais pas encore dire si je le verrais beaucoup ailleurs...

8 commentaires:

princécranoir a dit…

Évidemment, le film aujourd'hui doit supporter le poids de ses suites donnant dans la surenchère, dévoyant par ailleurs le discours très critique du premier opus. La difficile question du retour des vétérans avait déjà été évoquée dans d'autres films, mais plutôt sous l'angle de la dépression, voire de la délinquance mais pas sous l'aspect du rejet et de la sauvagerie comme ici. Quant à sa structure en forme de chasse à l'homme, elle n'est pas sans rappeler également le très beau film de David Miller, "lonely are the brave" lors duquel Kirk Douglas s'enfuyait à travers la montagne avec son cheval poursuivi par une shérif campé par Walter Matthau.

Martin a dit…

Je lisais avant-hier qu'on parlait d'un nouveau Rambo (contre Daesh), rumeur démentie par Sylvester Stallone... ouf ! Tout ça me donnerait plutôt envie de voir ce "Seuls sont les indomptés" que tu cites en référence. Merci !

Pascale a dit…

Je n'ai jamais vu Rambo... Mais j'aimerais bien.

Martin a dit…

Je n'avais jamais vu "Rambo"... et j'ai bien aimé. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais bon...

2flicsamiami a dit…

Je n'ai vu uniquement celui-ci et le dernier baroud d'honneur en date. Mais c'est sans doute le meilleur film d'une saga qui s'est un peu perdu dans la surenchère, au détriment du discours politico-socio-militaire qui fait la force de ce premier volet.

Martin a dit…

Je comprends bien la logique de la saga et la volonté d'amasser un max de thunes autour d'un héros charismatique - tout en explorant ses différentes facettes. Cela dit, en l'espèce, le roman original prévoyant la mort du personnage à la fin du tout premier épisode, les suites consécutives me paraissent, sinon illégitimes, tout du moins dispensables. Mais il est vrai aussi que je parle de ce que je n'ai pas vu...

Véronique Hottat a dit…

Oh quelle remontée dans le temps ! Quel évènement à sa sortie ce film quand même, je m'en souviens encore très bien, mais plutôt en ce qui concerne sa sortie en VHS. J'ai du le revoir plusieurs fois durant mon adolescence mais cela fait longtemps que je ne l'ai plus revu maintenant. Brian Dennehy jouait beaucoup les méchants de service dans ces années-là et il faut bien avouer qu'il le faisait très bien. Les années 80 sont fort marquées par ces héros solitaires qui ne trouvent plus leur place dans une société qui les rejette, comme de vulgaires kleenex usagés ...

Martin a dit…

Le héros solitaire rejeté par la société... oui, c'est exactement ça, "Rambo". Il était temps que je fasse connaissance avec lui ! Et je suis bien d'accord avec toi pour saluer Brian Dennehy, qui fait ici un méchant très bas du front, comme on les aime (parfois).