J'ouvre cette chronique par un mot japonais: le terme hikikomori désigne les adolescents ou jeunes adultes qui, dans l'archipel nippon, souffrent d'une pathologie psychosociale et "décident" de vivre reclus. Ce phénomène touche avant tout les garçons, à hauteur de centaines de milliers de cas. C'est lors d'une soirée de mon association cinéma que je l'ai découvert, via un film intitulé De l'autre côté de la porte.
Hiroshi dort profondément lors d'un examen. Il compte un à un les pas qu'il doit faire pour se rendre à son école. Une fois qu'il est arrivé devant le portail, il rebrousse chemin en courant, sans se préoccuper du petit frère qui l'a suivi. Un autre soir, en pleine rue, il arrête soudain de marcher et, sitôt rentré chez lui, se mure dans le silence. Il s'enferme dans sa chambre et ne redescend même pas pour dîner. Alors que l'on comprend qu'il ne ressortira plus, le scénario du film entame un virage décisif: plutôt qu'à une recherche des causes éventuelles du comportement de Hiroshi, De l'autre côté de la porte se livre à une observation minutieuse de ses diverses conséquences. Il va sans dire que ça n'a rien d'amusant: son premier personnage escamoté, le film scrute alors le reste de la famille et révèle du coup sa faiblesse. Mère dépassée, père absent et fataliste, second enfant soudain livré à lui-même... une chape de plomb s'abat sur les Okada.
Il faut savoir une chose: la plupart des comédiens sont des amateurs. Kenta Negishi, qui joue le rôle d'Iroshi, a même été un hikikomori pendant deux ans ! Autre point que je trouve intéressant: le film confie un personnage de thérapeute à Sadatsugu Kudo, qui exerce précisément ces fonctions dans la "vraie vie". Il faut ajouter enfin que le réalisateur, qui signe ici sa première fiction, peut se targuer d'une expérience de documentariste. Ses images sont d'un réalisme cru, saisissant: il n'est pas rare que le cadre soit pour partie obstrué par tel ou tel objet, ce qui contribue à l'impression d'enfermement. Conclusion: rien n'est confortable, dans De l'autre côté de la porte. J'ai pourtant vu un beau film, d'autant plus intense qu'il est l'oeuvre d'un Britannique installé à Los Angeles, immergé dans un sujet lourd et pour lui étranger. C'est à mes yeux la preuve d'une audace louable.
De l'autre côté de la porte
Film japonais de Laurence Thrush (2008)
Le film n'est sorti dans quelques salles françaises qu'en mars dernier. Avant, il a fait une assez belle carrière en festivals. Son noir et blanc est très hypnotique et, en le voyant, j'ai aussi pensé aux couleurs tristes de Nobody knows, du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda. J'ai également perçu des ressemblances avec Mommy, l'enfant malade et la mère qui s'accroche, tant bien que mal. Émotion(s) à prévoir...
Hiroshi dort profondément lors d'un examen. Il compte un à un les pas qu'il doit faire pour se rendre à son école. Une fois qu'il est arrivé devant le portail, il rebrousse chemin en courant, sans se préoccuper du petit frère qui l'a suivi. Un autre soir, en pleine rue, il arrête soudain de marcher et, sitôt rentré chez lui, se mure dans le silence. Il s'enferme dans sa chambre et ne redescend même pas pour dîner. Alors que l'on comprend qu'il ne ressortira plus, le scénario du film entame un virage décisif: plutôt qu'à une recherche des causes éventuelles du comportement de Hiroshi, De l'autre côté de la porte se livre à une observation minutieuse de ses diverses conséquences. Il va sans dire que ça n'a rien d'amusant: son premier personnage escamoté, le film scrute alors le reste de la famille et révèle du coup sa faiblesse. Mère dépassée, père absent et fataliste, second enfant soudain livré à lui-même... une chape de plomb s'abat sur les Okada.
Il faut savoir une chose: la plupart des comédiens sont des amateurs. Kenta Negishi, qui joue le rôle d'Iroshi, a même été un hikikomori pendant deux ans ! Autre point que je trouve intéressant: le film confie un personnage de thérapeute à Sadatsugu Kudo, qui exerce précisément ces fonctions dans la "vraie vie". Il faut ajouter enfin que le réalisateur, qui signe ici sa première fiction, peut se targuer d'une expérience de documentariste. Ses images sont d'un réalisme cru, saisissant: il n'est pas rare que le cadre soit pour partie obstrué par tel ou tel objet, ce qui contribue à l'impression d'enfermement. Conclusion: rien n'est confortable, dans De l'autre côté de la porte. J'ai pourtant vu un beau film, d'autant plus intense qu'il est l'oeuvre d'un Britannique installé à Los Angeles, immergé dans un sujet lourd et pour lui étranger. C'est à mes yeux la preuve d'une audace louable.
De l'autre côté de la porte
Film japonais de Laurence Thrush (2008)
Le film n'est sorti dans quelques salles françaises qu'en mars dernier. Avant, il a fait une assez belle carrière en festivals. Son noir et blanc est très hypnotique et, en le voyant, j'ai aussi pensé aux couleurs tristes de Nobody knows, du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda. J'ai également perçu des ressemblances avec Mommy, l'enfant malade et la mère qui s'accroche, tant bien que mal. Émotion(s) à prévoir...
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