Je suppose que je n'apprendrai rien à ses admirateurs: Clint Eastwood est aussi un musicien accompli. J'ai eu très récemment l'occasion d'apprécier cet autre talent de l'acteur-réalisateur, en découvrant l'un de ses "vieux" films: Honkytonk man. Adapté d'un roman éponyme publié deux ans auparavant, ce long-métrage braque ses projecteurs sur l'Amérique profonde au temps de la Grande dépression. Touchant.
Souvent habile pour filmer et camper les petites gens, Clint s'offre ici un beau personnage: celui de Red Stovall, guitariste country oublié par le succès, porté sur la bouteille et en duel contre la tuberculose. Pour un peu, on se croirait chez John Steinbeck... et je vous assure que, dans mon propos, c'est tout sauf un reproche. Une différence majeure toutefois avec l'oeuvre du romancier de Salinas: Eastwood garde une place pour l'humour et la décontraction. Honkytonk man aurait sa place au rayon des drames, mais je tiens à le défendre comme un film plus riche qu'un banal tire-larmes. Autant le souligner explicitement: c'est aussi un bel hommage à une certaine culture musicale américaine, avec de la guitare, donc, mais aussi du piano jazz et du chant, assez pour convertir les oreilles les moins averties. Enfin, et c'est je crois ce qui est le plus beau, il s'agit d'un road movie classieux, que vient transcender une reconstitution d'époque soignée.
Partant de ces constats, je crois bien que... ça passe ou ça casse. J'aime beaucoup cette veine eastwoodienne, mais je peux imaginer aussi qu'elle soit absolument repoussante pour d'autres. J'y vois l'hommage d'un artiste reconnu à d'autres moins illustres, dépourvu d'ailleurs de la moindre trace de cynisme et de condescendance. Clairement, pour moi, Honkytonk man est un très bon Eastwood. Vous n'êtes pas obligés d'être d'accord, hein ? Je voudrais attirer l'attention des sceptiques sur ce que le long-métrage peut contenir d'envie de transmission. Non seulement Clint nous ramène avec lui dans une Amérique qu'il n'aura connu que bébé, mais en plus il le fait en famille: c'est en effet l'aîné de ses fils, Kyle, qui joue un môme collé aux basques de Red Stovall - il avait alors 13 ou 14 ans. En face de son père, je dirais qu'il n'a pas à rougir de la comparaison. Aujourd'hui, 33 ans plus tard, il est bassiste et contrebassiste jazz !
Honkytonk man
Film américain de Clint Eastwood (1982)
Dans la liste intégrale des oeuvres de ce cher Clint, je pense pouvoir placer cet opus aux côtés de Bronco Billy, sorti deux ans auparavant. Seulement, je n'ai pas vu cet autre long-métrage... j'y reviendrai donc un autre jour, quand ça sera fait. D'ici là, je dois vous avouer qu'au cours de ce bon moment passé avec Red Stovall, j'ai repensé parfois à un antihéros des frères Coen: celui de Inside Llewyn Davis.
Souvent habile pour filmer et camper les petites gens, Clint s'offre ici un beau personnage: celui de Red Stovall, guitariste country oublié par le succès, porté sur la bouteille et en duel contre la tuberculose. Pour un peu, on se croirait chez John Steinbeck... et je vous assure que, dans mon propos, c'est tout sauf un reproche. Une différence majeure toutefois avec l'oeuvre du romancier de Salinas: Eastwood garde une place pour l'humour et la décontraction. Honkytonk man aurait sa place au rayon des drames, mais je tiens à le défendre comme un film plus riche qu'un banal tire-larmes. Autant le souligner explicitement: c'est aussi un bel hommage à une certaine culture musicale américaine, avec de la guitare, donc, mais aussi du piano jazz et du chant, assez pour convertir les oreilles les moins averties. Enfin, et c'est je crois ce qui est le plus beau, il s'agit d'un road movie classieux, que vient transcender une reconstitution d'époque soignée.
Partant de ces constats, je crois bien que... ça passe ou ça casse. J'aime beaucoup cette veine eastwoodienne, mais je peux imaginer aussi qu'elle soit absolument repoussante pour d'autres. J'y vois l'hommage d'un artiste reconnu à d'autres moins illustres, dépourvu d'ailleurs de la moindre trace de cynisme et de condescendance. Clairement, pour moi, Honkytonk man est un très bon Eastwood. Vous n'êtes pas obligés d'être d'accord, hein ? Je voudrais attirer l'attention des sceptiques sur ce que le long-métrage peut contenir d'envie de transmission. Non seulement Clint nous ramène avec lui dans une Amérique qu'il n'aura connu que bébé, mais en plus il le fait en famille: c'est en effet l'aîné de ses fils, Kyle, qui joue un môme collé aux basques de Red Stovall - il avait alors 13 ou 14 ans. En face de son père, je dirais qu'il n'a pas à rougir de la comparaison. Aujourd'hui, 33 ans plus tard, il est bassiste et contrebassiste jazz !
Honkytonk man
Film américain de Clint Eastwood (1982)
Dans la liste intégrale des oeuvres de ce cher Clint, je pense pouvoir placer cet opus aux côtés de Bronco Billy, sorti deux ans auparavant. Seulement, je n'ai pas vu cet autre long-métrage... j'y reviendrai donc un autre jour, quand ça sera fait. D'ici là, je dois vous avouer qu'au cours de ce bon moment passé avec Red Stovall, j'ai repensé parfois à un antihéros des frères Coen: celui de Inside Llewyn Davis.
4 commentaires:
Premier film signé du réalisateur à réellement émouvoir la critique jusqu'alors bloquée sur l'image du fascistoïde "Dirty Harry". En prouvant qu'il est aussi un auteur, Eastwood signe sans doute un de ses plus beaux films, un de mes préférés.
C'est vrai qu'on est ici à mille lieues de "L'inspecteur Harry". Bien d'accord avec toi pour dire qu'il s'agit sûrement de l'un des meilleurs films d'Eastwood réalisateur. Clint a su affirmer sa qualité d'auteur et prouver sa valeur... autrement.
Je l'ai découvert tard aussi mais c'est un excellent film tu as raison.
Mon préféré de Clint reste "Un monde parfait" qui passe bientôt à la télé je crois.
Si tu ne l'as pas vu, je te le recommande. Ce doit être le film de et avec Clint que j'ai le plus. Je ne m'en lasse pas, j'y découvre toujours des choses.
Il y a la Lula de Sailor qui est formidable et Kevin Costner extraordinaire, sans doute son meilleur rôle.
J'ai déjà vu "Un monde parfait". Il repasse effectivement à la télé la semaine prochaine. Je ne sais pas si je profiterai de cette occasion pour le revoir, mais c'est quelque chose que je ferai un jour, c'est certain. D'autant que je l'ai dans ma collection personnelle...
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