vendredi 24 août 2012

Un homme et deux femmes

Une chronique de Martin

Benjamin Braddock est l'enfant chéri de ses parents. Américain d'origine modeste, il vient d'obtenir son diplôme de fin d'études. Avant de se lancer dans la vie active, il compte bien faire un break et profiter de quelques jours de vacances. Alors que son père a prévu une petite sauterie, Ben est reclus dans sa chambre. Pas envie d'aller saluer un à un tous les amis de papa-maman. Le lauréat avait pensé à autre chose, sans savoir vraiment à quoi. Une convive qui souhaite rentrer chez elle lui donne l'occasion de s'éclipser. Oui, mais voilà...

L'image vous l'aura fait comprendre: Benjamin et sa passagère finiront dans le même lit. D'abord timide, le jeune homme devra bien convenir que Madame Robinson est "la plus belle de toutes les amies de (ses) parents". Piqué au vif dans sa fierté, il entamera aussitôt une liaison avec cette femme d'au moins vingt ans son aînée. Le duo Dustin Hoffman / Anne Bancroft joue parfaitement cette joute amoureuse qui ne dit pas son nom - peut-être parce qu'ils n'ont réellement qu'à peine six ans d'écart. J'ai vu Le lauréat en VF. Déçu d'abord, j'ai toutefois pris plaisir à entendre Patrick Dewaere doubler le jeune séducteur. J'ai appris un peu plus tard que, derrière la voix de son initiatrice, se cachait... Rosy Varte ! Là, la différence d'âge des personnages est respectée. Magie des anecdotes de cinéma...

Le scénario, lui, ne s'arrête pas là. Au contraire. Aussitôt la relation Braddock / Robinson sur les rails de la quasi-normalité, il la dynamite avec un personnage tierce: Miss Robinson junior (Katharine Ross). J'en dis trop ! Je vous laisse découvrir la manière dont la belle Elaine s'impose dans le paysage. Il est temps pour moi de parler technique. Sans être trépidant, le rythme du film développe un tempo soutenu. Quelques fondus au noir bien placés le découpent en scènes multiples et bien écrites. Quasi-subliminaux et coquins, une série de plans illustre bien les pensées troublées de Benjamin. Son charme vintage ne doit pas faire oublier que Le lauréat était un film assez audacieux à l'époque de sa sortie. Très souvent drôle, il s'achève sur une note ambiguë. Le sourire de son héros s'efface devant un avenir incertain.

Le lauréat
Film américain de Mike Nichols (1967)
Méconnu, le réalisateur peut pourtant se targuer d'une carrière longue d'une quarantaine d'années ! Si son deuxième long-métrage reste dans les esprits, c'est aussi sans doute pour la bande originale signée Simon et Garfunkel. Quant à trouver des films qui lui soient comparables, c'est une autre histoire. Sur un site où j'ai pioché quelques infos, on parlait de La garçonnière. Pas idiot. J'indique également à celles et ceux qui voudraient voir la jolie Katharine Ross dans un autre registre que, deux ans plus tard, elle sera l'héroïne féminine de Butch Cassidy et le Kid. Avec cette fois Robert Redford et Paul Newman, une variation sur le thème du trio amoureux...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Damned ! Tu as oublié de parler de la B.O qui sert le film à merveille ...
V.O + B.O = 5 étoiles !


S.

Anonyme a dit…

Oops ... autant pour moi ...je maintien V.O+B.O = 5 étoiles :)