Une chronique de Martin
Claude Lelouch n'a pas encore trente ans quand il tourne le plus connu de ses films: Un homme et une femme. Je ne savais pas franchement à quoi m'attendre quand je l'ai découvert il y a un mois pile. On dira que j'ai laissé mes parents choisir le DVD du soir, confiant en le talent du duo Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant. Pas de déception après coup: si cette histoire d'amour porte la trace des années passées, elle n'en est pas moins digne d'intérêt. Pudique et touchant, j'ai trouvé le ton du long-métrage très Nouvelle Vague.
L'histoire est somme toute fort classique. Jean-Louis Duroc, coureur automobile, croise à Deauville une jolie femme prénommée Anne, qui est venue ramener sa fille au pensionnat. L'infortunée maman ayant manqué son dernier train pour Paris, le galant pilote s'offre pour la raccompagner. Un homme et une femme rend la rencontre crédible par les points communs entre ses protagonistes: les enfants d'Anne et Jean-Louis vont dans la même école, les futurs amoureux sont tous les deux veufs et, sans fréquenter les mêmes cercles, s'intéressent l'un à l'autre, en tout cas suffisamment pour se poser réciproquement des questions et ainsi montrer une comptabilité possible. Petite anecdote: j'ai noté au passage que Claude Lelouch avait fait de son personnage féminin une scripte de cinéma. L'occasion pour lui de faire passer quelques messages sur sa vision du septième art. Pas sûr que ce soit neutre. Pas certain du contraire.
Ce qui est flagrant, en revanche, c'est que la forme du long-métrage est très particulière. Je passe rapidement sur le son et cette musique mythique de Francis Lai, à grands renforts de "Chabadabadas". Ancré dans le réel, le film montre notamment de longues sessions de course auto, bruits de moteur vrombissants à la clé. L'aspect cinématographique de l'entreprise saute toutefois aux yeux, notamment par l'usage alterné de la couleur et du noir et blanc. Aucune certitude sur ce point, mais il m'a semblé que le noir et blanc s'imposait sur la durée. Il est l'apanage des scènes intérieures. J'ai lu que Claude Lelouch était trop fauché pour faire autrement. On a pu dire aussi qu'il n'était pas mécontent du résultat et qu'il imaginait avec plaisir que ça permettrait à son film de sortir du lot. Pari gagné: Un homme et une femme reçut la Palme d'or et, peut-être plus surprenant, deux Oscars. C'est devenu un véritable classique.
Un homme et une femme
Film français de Claude Lelouch (1966)
Ne cherchez pas: c'est le premier film du réalisateur présenté ici. J'imagine qu'il y en aura d'autres, mais en attendant,vous pouvez donc vous tourner vers d'autres oeuvres de la Nouvelle Vague. Exception faite de ses courts-métrages, celles de François Truffaut qui sont évoquées sur le blog sont peut-être un peu récentes. Pourquoi alors ne pas revoir Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard ? Autre option très recommandable: le Model shop de Jacques Demy.
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