Une chronique de Martin
Comme suggéré mardi, j'enchaîne avec un second film musical. Cabaret a un point commun avec le précédent: c'est qu'il se passe dans les années 30, cette fois non plus à Paris, mais à Berlin. L'Américaine Sally Bowles y est danseuse de revue. Elle accueille Brian Roberts, un étudiant britannique venu étudier la philosophie. Devant sa réserve, elle le croit d'abord homosexuel, mais parvient finalement à le séduire et lui fait mener la grande vie. Au moins jusqu'à l'arrivée d'un autre homme et de sérieuses complications...
Parce qu'il vient de Broadway et parce qu'il est donc scandé d'innombrables passages chantés et dansés, Cabaret a un rythme entraînant. Le long-métrage ne cesse en fait d'alterner les scènes intérieures, où le music-hall se fait presque prophétique d'un monde en déclin, et les plans extérieurs, au cours desquels la poussée politique des Nazis est plusieurs fois évoquée. L'un des personnages en parle ouvertement: "Ce ne sont que des voyous que nous saurons contenir. D'ici là, ils aident à nous débarrasser des communistes". Seul le héros, un peu égaré tout de même, n'a pas cet aveuglement. N'allez tout de même pas croire à un film engagé dans un discours politique. Un message y est dispensé et c'est même certainement l'un des premiers fondements du propos du réalisateur. Le long-métrage évoque aussi le sort des Juifs, sans être trop explicite. Il s'intéresse toutefois d'abord à l'évolution de la relation entre Sally et Brian.
Liza Minnelli et Michael York s'avèrent tous deux assez convaincants pour leur donner vie. Est-ce parce que je suis un homme ? J'admets que mon regard a surtout porté sur le personnage féminin. L'Oscar qui a couronné son interprète ne me paraît pas injustifié: l'actrice fait preuve d'une belle énergie dans les scènes dansées et s'en sort parfaitement avec le côté pathétique de Sally Bowles. La femme sûre d'elle des premiers instants laisse la place à une pauvre petite fille perdue dans la tourmente des sentiments. Si son partenaire apparaît un peu moins impliqué, Cabaret brille aussi de ses rôles secondaires. Je veux citer Marisa Berenson, la riche héritière juive au sort incertain, Fritz Wepper, son amoureux transi, ou encore Joel Grey, maître de cérémonie et narrateur de ces funestes événements. Quarante ans après sa sortie, le film a un peu vieilli, c'est vrai aussi. Il a toutefois su me laisser mal à l'aise face à ce qu'il annonce.
Cabaret
Film américain de Bob Fosse (1972)
J'ai parlé mardi de Que le spectacle commence. Ma préférence irait plutôt à cet autre film du même réalisateur, plus jeune de sept ans. Un petit détour sur la page dédiée aux films et acteurs récompensés vous permettra bientôt de constater que Cabaret peut être considéré comme un classique: en 1973, il obtint huit Oscars ! J'aimerais désormais redécouvrir L'ange bleu, film de 1930 où Marlene Dietrich danse, chante et séduit, malgré la montée en puissance du nazisme.
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