mardi 14 août 2012

Masculin, féminin

Une chronique de Martin

Dissipons d'emblée l'ambiguïté: je ne compte pas vous parler aujourd'hui du film de Jean-Luc Godard. Si j'ai certes repris son titre pour celui de ma chronique, c'est pour évoquer un long-métrage américain, Victor Victoria, du génial et prolifique Blake Edwards. Après lui avoir longtemps couru après, j'ai eu le plaisir de le voir enfin, dans d'excellentes conditions, au format 35mm et en plein air. Mille mercis aux associations qui ont rendu ce petit miracle possible !

Victor Victoria, c'est avant tout l'histoire d'une femme dans le Paris des années 30. Malgré une voix impeccable, elle a du mal à obtenir un contrat pour chanter dans un cabaret. Elle erre donc sans un sou vaillant et, quand la faim est trop forte, entre dans un restaurant, prête à prétendre avoir trouvé un cafard dans la salade pour quitter les lieux sans payer l'addition. C'est au cours d'une de ces soirées qu'elle rencontre un homme, chanteur sans engagement lui aussi, gay jusqu'aux bout de ses ongles manucurés et tout à fait solidaire. Ensemble, ce couple improbable va imaginer un nouveau stratagème pour retrouver le chemin du succès: Monsieur sera impresario, Madame continuera de chanter. Travestie, elle passera toutefois pour un homme capable d'aborder le répertoire des artistes féminins. Sa poitrine cachée dans un corsage étroit, elle laissera au public l'impression d'un androgyne de talent. Et les bravos reviendront...

Blake Edwards a évidemment tout ce qu'il faut de brio pour imposer cette histoire comme crédible. Alors qu'il va atteindre les trente ans cette année, son film est un petit bijou burlesque et romantique. J'aime beaucoup ce type de comédies, drôles, touchantes et folles tout à la fois. Le fait de retrouver ici Julie Andrews et James Garner en têtes d'affiches vient encore améliorer le spectacle. J'admire également les seconds rôles, de Robert Preston à Lesley Ann Warren, en passant par John Rhys-Davies ou Alex Karras. C'est certain aussi que Victor Victoria leur offre à tous une agréable partition. Impossible de ne pas évoquer du même coup la bande originale d'Henry Mancini et Leslie Bricusse, qui emballe le long-métrage, porté alors par un rythme fou, fou, fou. Malgré quelques petits temps morts un peu avant la fin, l'ensemble du show vaut le détour. Coquine sans être trop osée, c'est une jolie expérience de cinéma !

Victor Victoria
Film américain de Blake Edwards (1982)
Allez faire un tour sur la page des réalisateurs: plusieurs autres films du même cinéaste y figurent déjà, ce qui pourra donc vous permettre de mieux le connaître si vous le souhaitez. Je vous y encourage ! Impeccablement réalisé, le long-métrage d'aujourd'hui a été adapté en comédie musicale made in Broadway, pour 734 représentations ! Je garde ma préférence au cinéma et j'aime autant d'autres films musicaux moins joyeux, et par exemple Que le spectacle commence ou Les parapluies de Cherbourg. J'y reviens d'ailleurs très bientôt...

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Pour vous faire patienter...
Vous pouvez aussi lire "L'oeil sur l'écran" et découvrir ainsi que le film est un remake d'un long-métrage allemand de 1933. Lequel a fait l'objet de plusieurs autres adaptations, dont une en France, Georges et Georgette, de la même année... et du même Reinhold Schünzel !

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