Une chronique de Martin
Combien de fois ai-je vu Spy game ? Trois ? Quatre ? Davantage ? J'ai oublié. Je me souvenais simplement que mon cousin Mathieu l'avait regardé à plusieurs reprises quand il était venu me rendre visite. L'occasion d'un petit clin d'oeil au passage. Moi, j'ai replongé pour la énième fois il y a un mois. Que dire ? Le film m'a alors paru moins convaincant que le souvenir que j'en avais gardé. Peut-être parce que, depuis, j'ai pu apprécier le duo Robert Redford / Brad Pitt dans d'autres rôles plus convaincants. Ils méritent sûrement mieux.
Entendons-nous bien: Spy game n'est pas un mauvais film. Je suis juste en train de me demander si ce n'est pas typiquement le genre de films qui supportent mal d'être visionné plusieurs fois. Histoire d'espionnage, le scénario ménage un certain suspense. Agent CIA d'une belle efficacité, Tom Bishop perd le soutien de ses supérieurs quand, la veille d'un très important voyage officiel du président américain en Chine, il opère en solo pour faire évader une dissidente des geôles de Pékin. Problème: l'opération capote et il est à son tour emprisonné. Et le film de nous raconter comment, pourtant torturé et condamné à mort, il bénéficie lui aussi d'une mission-sauvetage officieuse. Que les amateurs de blockbusters musclés s'éloignent sans regret: une bonne moitié du long-métrage se déroule en fait dans les bureaux, quand les pontes de la CIA interrogent un agent bientôt retraité sur les activités de Bishop, que l'on considère être son poulain. Muir n'est peut-être pas le plus puissant, mais il reste l'un des plus malins. Il a juste 24 heures pour renverser la situation.
24 heures chrono, ça rappelle aussi le titre d'une série américaine. Exceptées ses deux grandes stars, on est en droit de s'interroger alors sur ce que le long-métrage conserve de cinématographique. Honnêtement, la réponse n'est pas évidente. J'apprécie Spy game parce qu'il ne sacrifie pas tout aux effets pyrotechniques. L'intrigue elle-même reste plutôt crédible, se déplaçant sur les théâtres probables de vraies opérations d'espionnage. Que manque-t-il donc pour avoir un vrai grand film ? Peut-être un peu de fond. Le scénario développe plusieurs sous-histoires qu'il ne conclut pas toujours. Certains personnages ne font que passer, semblent un temps devoir servir à la bonne compréhension des enjeux et finissent par s'effacer sans laisser de trace. C'est au mieux étonnant, au pire frustrant. Deux heures de projection ne suffisent pas à tout expliciter. Je dois dire aussi que j'ai fini par me désintéresser du sort de la dissidente des premières scènes, ce qui est quand même un comble. À vous d'estimer si Robert Redford et Brad Pitt valent à eux seuls le détour...
Spy game
Film américain de Tony Scott (2001)
Admettons quand même que tout ça sera toujours un peu meilleur qu'un James Bond de derrière les fagots ! J'ai (bêtement ?) manqué La taupe, cette année, et je n'ai donc que de très vagues références en termes de films d'espionnage. Vous voulez la jouer décalée ? Pourquoi alors ne pas vous tourner vers les espions d'entreprise ? Dans ce domaine, je peux vous conseiller deux longs-métrages signés Tony Gilroy, Michael Clayton et, sur un ton plus léger, Duplicity.
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Et parce qu'on a tous un avis différent...
Je vous recommande la lecture de "L'oeil sur l'écran", qui a publié deux opinions très différentes de Spy game. Les goûts et couleurs...
Et pour être tout à fait complet...
Puisque CgX me pose la question en commentaire, je précise également que c'est un hasard qui fait que j'ai publié cette chronique le lendemain de la mort de Tony Scott. J'ai appris la nouvelle tardivement, le 23 en fin d'après-midi... en lisant le commentaire.
1 commentaire:
Cette chronique apparaissant pas longtemps après le suicide de son réalisateur... coïncidence ?
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