Une chronique de Martin
Il y a quelque chose d'un peu paradoxal à évoquer une princesse aujourd'hui, jour anniversaire de l'abolition des privilèges féodaux. C'est d'autant plus incongru que la princesse dont je vais vous parler a perdu sa couronne et se bat pour la récupérer. À deux reprises cette année, Hollywood a ressuscité Blanche Neige. J'ai fait l'impasse sur la comédie avec Julia Roberts et Lily Collins. Je me suis contenté d'aller voir Blanche Neige et le chasseur, porté par une imagerie plus noire. Malheureusement, imagerie ne rime pas avec magie...
Blanche Neige et le chasseur n'est pas un mauvais film. C'est juste une aventure linéaire et prévisible. La donzelle est donc princesse. Fille du roi Magnus, elle a perdu sa môman et voit son pôpa convoler de nouveau avec Ravenna, une très jolie femme sauvée des griffes d'une armée ennemie. Grossière erreur: la beauté de belle-maman dissimule un coeur de sorcière et c'est donc le côté obscur de la force qui se manifeste pendant la nuit de noces. Fillette est aussitôt jetée en prison pour de longues années, le temps de concevoir projets d'évasion et actions revanchardes dignes de son rang. J'ai l'air d'ironiser, sans doute, mais c'est bel et bien la lutte pour son retour sur le trône qui sera ensuite le moteur du film. Le long-métrage revient alors aux bonnes vieilles recettes du blockbuster hollywoodien. Honnêtement, ce n'est pas tout à fait déplaisant. Malgré l'absence de surprises dans le récit, les images sont à tomber par terre et les deux heures passent à toute allure. Le seul truc fâcheux, c'est que je ne me suis pas attaché aux personnages...
Plutôt que d'une oeuvre, nous profitons là d'un long-métrage de série. Les options "grand souffle épique" et "rebondissements inattendus" ne sont pas fournis avec le modèle. J'exagère: je n'avais pas vu venir le retournement d'un des personnages, gentil, puis méchant. Le fait est que c'est un leurre - la ficelle était un peu grosse, de toute façon. Son ambiguïté vole en éclats en cinq minutes chrono et il reste alors dans le camp des fidèles à la princesse. Pour tout dire, j'attendais tout de même un peu mieux pour une raison particulière, au-delà donc des superbes images évoquées: la présence de Charlize Theron dans le rôle de Ravenna la félonne. Blanche Neige et le chasseur aurait pu être le titre trompeur d'un film axé sur le personnage maléfique. Mais non: si la froide blondeur de l'intéressée semblait source possible de réjouissances glacées, le long-métrage reste sagement sur les rails d'une production "grand public". Le sentiment demeure en moi qu'il y avait matière à quelque chose de plus grand. Je me dis que c'est peut-être aussi une question de liberté créatrice.
Blanche Neige et le chasseur
Film américain de Rupert Sanders (2012)
Notez que le réalisateur signe ici son tout premier long-métrage. C'est important, je crois: l'avenir nous dira s'il a d'autres possibilités ou s'il se contente de mettre en images des produits de commande sans grande profondeur. Son premier opus a été comparé à la trilogie Le seigneur des anneaux. Comparaison à mon sens à moitié valable: Peter Jackson est certes plus talentueux, mais il est aussi plus expérimenté et s'appuie sur un matériau plus noble à l'écriture. Même constat avec le Braveheart de Mel Gibson, référence des films d'action moyenâgeux. Loin des frères Grimm, cette Blanche Neige rebelle fait aussi penser à une Jeanne d'Arc made in Luc Besson. Kristen Stewart n'y suffit pas: il lui manque toujours un peu d'âme.
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J'ai lu un avis similaire au mien...
C'est celui de Pascale, dans sa chronique de "Sur la route de cinéma". J'ai aussi vu passer d'innombrables articles people sur les amours adultérines de Kristen Stewart et Rupert Sanders. Rien à en dire ici. Désolé pour les amateurs de potins: moi, je préfère parler cinéma...
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