Une chronique de Martin
Aujourd'hui, un film italien. Grâce à La petite Venise, j'en aurai vu au moins deux fois plus cette année qu'au cours de la précédente. C'est toujours pour moi une surprise de voir aussi peu de cinéma d'Italie arriver jusqu'en France. J'ai signé la pétition pour les studios de Cinecitta, convoités par un promoteur prêt à en faire... un centre de fitness ! Et j'ai donc vu avec plaisir ce nouveau long-métrage.
Ouvrière d'une entreprise de confection de Rome, la jeune Chinoise Shun Li est envoyée dans la lagune vénitienne pour y occuper un job de serveuse. Elle n'a pas d'autre choix que d'accepter: elle doit gagner assez d'argent pour rembourser son employeur des frais qu'il a engagés pour la faire venir en Italie. Elle espère également pouvoir en mettre suffisamment de côté pour permettre à son fils de huit ans d'effectuer le voyage et de la rejoindre enfin. Sa bonne volonté manifeste fait vite d'elle une amie pour Bepi, un pêcheur retraité. Même si ses camarades l'ont oublié, le vieil homme vient lui aussi d'ailleurs, en fait de Yougoslavie. Il habite le coin depuis trente ans. Chioggia, ce bout d'Italie qu'on appelle donc parfois La petite Venise, il le connaît par coeur. C'est avec lui que Shun Li va le découvrir.
Le film repose donc d'abord sur l'histoire d'une rencontre. Improbable et jolie, la relation que Bepi et la jeune Chinoise tissent petit à petit recèle une tendresse qui ne plaît pas à tout le monde. En oubliant leurs différences, les deux personnes vont réveiller des sentiments contraires, chacun dans sa propre communauté. La petite Venise délivre alors un message de tolérance, d'écoute et de compassion. Modeste comme un premier film l'est souvent, il le fait avec douceur. Le réalisateur est parvenu à ménager de longues plages de silence qui en disent pourtant long. Les compositions de François Couturier pour la bande originale ajoutent à l'impression de douce langueur. Quant aux images, elles sont tout simplement magnifiques. Chioggia est un peu moins courue par les touristes que sa sérénissime voisine. Le long-métrage nous montre qu'elle n'est pourtant pas moins belle. La force - tranquille - de ce petit film s'en trouve démultipliée.
La petite Venise
Film italien d'Andrea Segre (2011)
Venu du documentaire, le réalisateur signe donc une première fiction assez remarquable. Peut-être bien est-ce parce qu'il a déjà l'habitude des images portées par une certaine force de conviction. La mienne serait qu'on tient là un petit joyau du cinéma social, encore imparfait sans doute, mais très prometteur pour la suite d'une carrière. Sorti de la salle de cinéma, mon père, Charles, trouvait des ressemblances entre ce film et Le Havre, le long-métrage normand d'Ari Kaurismäki. Pas faux: dans les deux cas, on voit naître un sentiment d'affection.
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Pour compléter ce que je viens de dire...
Je ne peux que vous recommander la lecture de la chronique publiée par Pascale ("Sur la route du cinéma"). Elle évoque un point important: le talent des deux acteurs, Zhao Tao et Rade Serbedzija. J'y associe volontiers le reste d'une distribution convaincante.
1 commentaire:
Chioggia est certes bien filmée... très bien même... car en réalité, il n'y a pas grand chose à voir, à part ce quai où travaille Li ! Je ne suis pas sûre que les Italiens soient à l'origine du surnom de "petite Venise", plutôt une idée du distributeur français non ? Non seulement je n'ai jamais entendu les Italiens en parler comme ça, mais même ils nous disaient que ce n'était pas la peine d'y aller, que c'était moche ! A vrai dire on n'y est resté que deux heures, le temps de faire quelques photos, et d'avaler un coca. Après on a cherché la plage... mais elle n'est pas à Chioggia même, et ça a bien fait rigoler tout le monde !
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