dimanche 2 septembre 2018

Au bout du fil

Curiosité et bienveillance: je vais m'en tenir à ce que je vous disais hier de ma façon d'accueillir les premiers films d'un auteur de cinéma. Pour être très honnête, je ne sais pas si je serais allé voir The guilty sans la proposition d'un ami, mais j'aime - aussi - suivre les envies des autres. Ce qui m'amène bel et bien à reparler de ce film danois...

L'anglais vous échappe ? The guilty, le titre, fait écho à la culpabilité. J'aime autant ne pas m'étendre sur la traduction exacte, dans l'idée d'éviter toute révélation sur l'intrigue: vous comprendrez sans doute en voyant le film, tout simplement. Je peux quand même vous dire que celui-ci consiste avant tout en un huis-clos tendu dans un centre d'appel de la police danoise. Par les dialogues, on comprend assez vite qu'Asger Holm, le personnage principal, n'a plus que quelques heures devant lui dans ce service, avant de rejoindre sa précédente unité. Sauf que ce flic a aussi de sérieux problèmes, ce qui lui complique singulièrement la tâche dès lors qu'il s'agit de décider d'un mode d'intervention adapté aux situations d'urgence qu'on lui expose. Finalement, c'est le rapt d'une femme qui va retenir son attention jusqu'à la fin de sa journée et même au-delà - je n'en dirai pas plus. L'idée de placer toute l'action loin du champ de la caméra est géniale !

C'est bel et bien par son traitement formel que The guilty témoigne d'une efficacité incontestable. En fait, à proprement parler, l'histoire d'enlèvement n'est pas d'une originalité folle, mais tout faire passer par le son plutôt que par l'image est une vraie bonne idée narrative. Évidemment, pour que cela fonctionne, il faut aussi pouvoir compter sur un bon opérateur caméra - c'est le cas ici - et, surtout, un acteur impliqué. Sur ce dernier point, je dois vous dire que Jakob Cedergren livre une prestation sans défaut, à la fois sobre et convaincante. Chaque voix, elle aussi, est irréprochable et cet harmonieux ensemble fait aisément monter la pression ! Je place toutefois un petit bémol sur cette impression favorable: j'ai compris deux choses importantes avant que le récit les confirme. Résultat: plutôt qu'au vrai suspense proposé, je me suis intéressé au reste... et aux invraisemblances. Rien de grave, mais ça m'a un peu fait sortir de cette bonne histoire. Question de sensibilité, sans doute, et voir le film avec le doublage français n'a pas non plus favorisé mon immersion. Un peu frustrant...

The guilty
Film danois de Gustav Möller (2018)

J'en reviens à l'idée de premier film: il y a assez de maîtrise formelle et de bonnes idées dans ce long-métrage pour donner envie de suivre le réalisateur dans ce qu'il pourrait venir nous proposer ensuite. Repéré au Festival du film policier de Beaune et honoré par le public de Sundance, cet opus aura eu des facilités pour passer les frontières. Mon thriller scandinave de référence ? Insomnia devance Millénium !

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Si vous hésitez encore...

Vous pourrez constater que Pascale et Dasola sont plus enthousiastes. Strum l'est aussi, d'ailleurs, et entre dans le détail pour s'en expliquer.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ah tu es bien tiède. Rarement on a autant fait travailler l'imagination. Il reste des images (surtout une) en tête.. image qu'on a pas vue.
Quelle prouesse.
Je ne sais pas ce que tu avais deviné mais forcément plus ça avance plus on se doute. Mais ça reste plein de suspense et de rebondissements jusqu'au bout.
Tu dis que les voix sont irréprochables mais en VO la voix de la femme était insupportable à mes oreilles. Une voix traînante et cassée.
A mort la VF (pour les films étrangers 😁) mais je sais que parfois on a pas le choix.

Martin a dit…

Oui, c'est vrai, je suis tiède. Le film ne m'a pas emballé plus que ça.
Les images qui nous restent en tête, on en a vu de semblables dans d'autres films.

Cela dit, je crois que j'ai surtout eu du mal avec les invraisemblances.

Mais bon... ce n'est pas un film sur lequel je veux cracher. Il y a effectivement un bon petit suspense.