mercredi 26 avril 2017

Ordinaire

Ils sont jeunes, chantent ensemble dans la même chorale et s'aiment tendrement, sans le dire aux autres. Leur histoire serait très simple et tout à fait ordinaire s'ils ne souffraient pas d'une légère déficience mentale. Gabrielle aurait pu s'appeler Gabrielle et Martin, en fait. Mais je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose, à vrai dire...

Ce n'est certes pas un hasard si j'ai donné à ma chronique le titre d'une chanson de Robert Charlebois. Le chanteur fait une apparition importante dans ce film réalisée par une réalisatrice québécoise. Précision importante pour celles et ceux qui ne sont pas très à l'aise avec la parlure de nos "cousins" nord-américains: le long-métrage présenté ce jour est sous-titré, ce qui devrait leur faciliter la tâche. Est-ce que ça rend le visionnage agréable ? Il faut voir ! Il me semble en tout cas que Gabrielle dit des choses assez justes sur le handicap et les discriminations que peuvent subir les personnes qui souffrent de cette différence. Gabrielle Marion-Rivard, la comédienne choisie pour le premier rôle, vit avec le syndrome de Williams, une maladie génétique rare caractérisée par une anomalie du développement. C'est évidemment tout sauf anodin. Alexandre Landry, son partenaire à l'écran, n'est, lui, "que" dyslexique - et son jeu est très convaincant.

Gabrielle n'est pas pour autant un film militant. C'est en fait un film doux, digne et qu'on a le droit de trouver parfois un peu tire-larmes. Les émotions qu'il déploie sont toutefois sincères, à mon sens. Finalement, je trouve plutôt bien (et disons rassurant) que ce genre de cinéma existe: c'est très bien si, par la fiction, les mentalités peuvent évoluer vers une meilleure compréhension entre personnes handicapées et valides. Je regrette simplement que le film s'éparpille un peu et qu'il ne soit pas plus concentré sur son sujet principal. Quelques brèves sous-intrigues me semblent compliquer inutilement une trame scénaristique pourtant limpide et belle, en s'éloignant temporairement du duo Gabrielle/Martin. C'est vers eux cependant que l'on revient pour la conclusion, ce qui est logique et heureux ! L'équilibre est juste: bien amené, ce final sait se montrer touchant tout en restant crédible. De quoi prendre une jolie petite leçon de vie.

Gabrielle
Film canadien de Louise Archambault (2013)

Pour les gens de ma génération, Le huitième jour ou Rain man restent sûrement des références incontournables en termes de films sur le handicap mental. Deux films qu'il me faudrait revoir, aussi. Peut-être sont-ils meilleurs que celui évoqué aujourd'hui, qui m'a paru finir par tourner en vase clos (sans que cela soit infamant, cela dit). J'ai aussi un souvenir très correct d'un film d'animation: Mary et Max.

6 commentaires:

Pascale a dit…

Aucun souvenir de ce film lorsqu'il est sorti.
J'adore le "parlement" québécois moi. J'ai même du mal à comprendre ceux qui ne l'aiment pas.
Le handicap qu cinéma ce n'est pas simple... il y a aussi le 8eme jour et un autre québécois que j'avais ADORÉ Cafe de Flore.
J'ai revu Max et Mary avec ma Poupée. Une splendeur ce film.

Martin a dit…

Une partie de ceux qui n'aiment pas la parlure québécoise ont du mal... à la comprendre.
"Café de Flore", je note. Et oui, je dois revoir "Le huitième jour". Merci du rappel.

Pascale a dit…

Aaaaaaaaaaah Cafe de Flore. J'en avais fait tour un pataquès quand je l'ai vu. Je me donne envie de le revoir...

Martin a dit…

Et tu me donnes envie de le découvrir, à l'occasion.

Véronique Hottat a dit…

J'avais bien aimé ce film-là, et j'en garde un bon souvenir, même s'il s'éparpille un peu. Puis quel plaisir de revoir Robert Charlebois, il est sympa comme tout ce gars :)

Martin a dit…

Les charmantes intentions du film et l'interprétation très impliquée des acteurs emportent le morceau.
Et tu as raison: la présence de Robert Charlebois est un gros "plus" au bénéfice de cette oeuvre généreuse.