vendredi 13 janvier 2017

Un mur pour abri

Internet donne parfois l'impression que le monde est à portée de clic. Sincèrement, je pense que c'est faux, mais j'estime tout de même qu'aujourd'hui, l'information va trop vite, parfois. Nous risquons alors d'oublier très vite aussi des faits historiques pourtant encore récents. Un simple exemple: l'existence de deux Allemagne, de 1949 à 1990. C'est le - double - cadre d'un beau film: Les trois vies de Rita Vogt...

Quelques éléments de scénario, pour commencer. Rita Vogt - l'héroïne du film, donc - n'est qu'un personnage fictif, mais nettement inspiré de certaines femmes d'Allemagne de l'Ouest, prêtes à la lutte armée au nom de leurs idées d'extrême-gauche. C'est désormais un fait incontesté: certaines de ces activistes (ou terroristes !) ont trouvé refuge en Allemagne de l'Est, côté soviétique donc, tant que le Mur séparait les deux entités étatiques. Les trois vies de Rita Vogt dresse ainsi le portrait d'une femme en fuite et, autant que je vous le dise avant que vous vous posiez la question, avec du sang sur les mains. Personnellement, je n'ai pas ressenti le scénario comme un plaidoyer à décharge. Je ne l'ai pas perçu non plus comme un réquisitoire cinglant. Constamment sur la corde, le long-métrage est en réalité très humain... et ce n'est pas la moindre de ses qualités. Je dois dire que j'ai apprécié cet équilibre narratif. Assez particulier, il est vrai...

C'est mon association, pour l'occasion en collaboration avec un Cercle culturel franco-allemand, qui m'a en fait permis de découvrir ce film. Avant, je ne connaissais qu'un peu Volker Schlöndorff, le réalisateur. J'ai noté avec intérêt que cet ex-Allemand de l'Ouest avait travaillé sur le scénario d'un ancien Allemand du côté Est, Wolfgang Kohlhaase. Cela étant souligné, je veux bien admettre que ma germanophilie avérée m'a été d'un grand secours pour m'intéresser à cette oeuvre. Les premières images défilent vite et il n'est pas forcément évident de se repérer quand on ne connaît pas l'histoire de l'Allemagne contemporaine. Mais si on sait s'accrocher aux bons wagons, je crois sincèrement qu'on peut prendre plaisir à ce récit. Il y a en effet quelque chose de poignant à suivre Les trois vies de Rita Vogt. D'après moi, pour tout dire, elles n'en font qu'une, plutôt pathétique. Détaché du manichéisme, le long-métrage ne souffre d'aucun temps mort, mais ne sacrifie pas pour autant ses personnages secondaires. Du cinéma d'auteur - du bon ! Méconnu et peu diffusé, je le crains...

Les trois vies de Rita Vogt
Film allemand de Volker Schlöndorff (2000)

Esthétiquement, le film n'est pas très "joli" ! Les deux Allemagne d'alors ne l'étaient pas forcément... rien de grave, donc. Je suis entré dans cette histoire plus vite et plus facilement que dans Le tambour. Bon... mon côté Bisounours continue de préférer Good bye Lenin. Reste que je suis content de mieux connaître Volker Schlöndorff ! D'autres films allemands sont cités sur ma page "Cinéma du monde".

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Un autre aperçu avant de vous lancer ?
Je vous suggère d'aller lire aussi la chronique de "L'oeil sur l'écran". 

2 commentaires:

Véronique Hottat a dit…

Je connais mal ce réalisateur et j'avais noté ce film il y a pas mal de temps. Cette piqûre de rappel tombe bien, je le re-note donc :)

Martin a dit…

Ravi que ma prose puisse te servir de mémo !

J'espère que tu auras l'occasion de voir le film et que nous pourrons dès lors en reparler pour comparer nos points de vue. En Belgique, je ne sais pas ce qu'il en est, mais j'ai cru comprendre que le film n'avait plus de distributeur en France.

Si nous avons pu le présenter lors d'une soirée de mon association, il me semble que c'est aussi parce que nous étions associés avec un cercle culturel franco-allemand, lequel a obtenu l'autorisation de diffusion... de Volker Schlöndorff lui-même !