lundi 30 janvier 2017

Du sang dans l'eau

La chronique d'aujourd'hui marquera l'aboutissement d'une envie personnelle: découvrir (ou revoir) et chroniquer l'ensemble des films réalisés par Steven Spielberg à ses débuts, au cours des années 70. J'en termine donc ce jour avec Les dents de la mer, grand classique que j'ai donc vu pour la première fois dans son intégralité il y a peu...

Y aurait-il parmi vous des gens qui n'en ont jamais entendu parler ? J'imagine que toute personne un minimum intéressée par le cinéma sait que ce film tourne autour d'un grand requin tueur d'hommes. Aujourd'hui, on répète que le véritable poisson est moins dangereux que le long-métrage ne le montre et d'aucuns critiquent alors l'idée même du scénario, la jugeant plus que problématique pour la survie de l'espèce. Je ne souhaite pas entrer dans ce débat, à vrai dire. Compte tenu de sa place historique dans l'ensemble de la filmographie spielbergienne, je considère Les dents de la mer comme un film intéressant et même, pour tout vous dire, franchement divertissant !

Bon, évidemment, c'est loin d'être le film le plus compliqué du monde. Ma vraie surprise est venue du fait qu'il se déroule en deux temps. Avant de partir à la chasse au requin avec trois hommes déterminés par l'intention de stopper le carnage, on reste tranquilles sur le rivage et on observe les réactions d'une communauté face à une peur croissante (et en partie irrationnelle). Et c'est franchement moderne ! Même s'il est encore un peu brut de décoffrage, Tonton Steven utilise le monstre marin comme une allégorie de la menace - je crois vraiment qu'avec un autre symbole, il aurait gardé sa pertinence. Personnellement, dès qu'on part au large pour la traque, mon intérêt décline légèrement... mais respect pour Spielby, qui pose les bases des blockbusters actuels, en jouant avec nos émotions primaires. Après avoir vaincu mille difficultés tout au long du tournage, il décida de rester loin des océans pour ses autres films. Les dents de la mer porte la marque de son génie, à la fois pionnier et touche-à-tout. D'après moi, on peut le résumer facilement: c'est un grand petit film !

Les dents de la mer
Film américain de Steven Spielberg (1975)

Un mot des acteurs: Roy Scheider, Richard Dreyfuss et Robert Shaw sont très bons, en flic courageux, scientifique curieux et vieux loup de mer toujours prêt à en découdre. Un bon p'tit plaisir régressif. J'imagine que Les grands fonds, chroniqué vendredi dernier, lui doit beaucoup. À noter qu'il existe trois suites, mais d'autres réalisateurs. Pour aller en mer "autrement", privilégiez plutôt Abyss... ou Océans !

----------
Et s'il vous faut un plus gros bateau...

Je vous encourage à vous embarquer auprès de l'ami Princécranoir.

16 commentaires:

Laura L a dit…

Ah le mythique Dent de la mer !!!
Malgré tout ce n'est pas mon préféré du réalisateur :)
Merci en tout cas pour cette chronique qui rappel des souvenirs !
Bonne semaine

princécranoir a dit…

Un gros poisson que tu nous a pêché là ! Je suis bien sûr d'accord avec toi les mensurations blockbusteriennes de ce grand thriller au rez-des-vagues dont l'efficacité reste redoutable encore aujourd'hui. Merci d'avoir étendu le filet jusque sur mes plages :-)

Martin a dit…

@Laura:

Hé oui, les grands classiques ont toute leur place sur les Bobines !
Je suis en tout cas ravi d'avoir réveillé certains de tes souvenirs cinéphiles.

Ce n'est pas non plus mon Spielberg préféré, mais il y a une telle diversité de choix !

Martin a dit…

@Princécranoir:

Je n'allais tout de même pas te laisser seul sur la plage, moussaillon !
Pour renforcer le dispositif, je crois que la musique de John Williams est indispensable.

J'aurais peut-être dû en parler plus longuement...

eeguab a dit…

Efficace. Je souviens qu'à la sortie il y avait tant de monde dans l'ancien cinéma qu'une grande porte de verre avait explosé sous la pression. C'était vraiment un blockbuster comme on ne le disait pas encore en ces temps reculés. Bonne journée.

ideyvonne a dit…

Pas la peine de parler plus longuement de la musique, on l'a tout de suite en tête !!!
:)

Anonyme a dit…

On peut rajouter que ce film évoque, par l'intermédiaire de sa mise en scène et de son montage (plusieurs raccords le montrent, qui à chaque fois impliquent Brody) une peur primordiale, la peur de l'eau, de l'inconnu, du Leviathan qui pourrait s'y cacher. Si la première partie (la partie film d'horreur) est plus intense, la deuxième partie (la partie film d'aventure) a un côté Moby Dick qui personnellement me plait beaucoup. Jaws, c'est vraiment deux films en un, et chaque film est pour Brody un exorcisme de sa peur de l'eau.
Strum

cc rider a dit…

J'ai vu Jaws en salle à sa sortie en 76 et je confirme que le premier blockbuster de l'histoire du cinéma était plutôt efficace sur grand écran. Tellement efficace que l'été suivant sur les plages de Nice , le nombre de nageurs chuta brutalement.
Tout a été dit sur Spielberg et son coup de maitre , il s'auto parodia avec humour dans "1941" en détournant la fameuse scène d'ouverture de Jaws en remplaçant le fameux squale par un sous marin japonais...Hilarant

Martin a dit…

@Eeguab:

Sympa, cette anecdote. Cela devait être impressionnant !
La dernière réelle cohue dont je me souviens au cinéma, c'était pour "Le seigneur des anneaux".
Pas de blessé ou de casse, mais j'avais été obligé de faire demi-tour : la salle était déà pleine !

Martin a dit…

@Ideyvonne:

En effet. Surtout que, comme le dit CC Rider, Spielberg la réutilise en s'auto-parodiant dans son film suivant !

Martin a dit…

@Newstrum:

En effet, Brody a peur de l'eau. C'est pour ça qu'il juge "un plus gros bateau" nécessaire.

C'est vrai que l'on peut voir deux films en un ! C'est amusant d'ailleurs d'imaginer ce que ça aurait donné d'un seul tenant, en concentrant l'action sur le littoral ou, au contraire, en ne quittant jamais le beau milieu de l'océan.

Martin a dit…

@CC Rider:

Veinard ! Moi-même, j'ai manqué une soirée cinéma où le film était à nouveau projeté sur grand écran…
J'aime beaucoup "1941", ce Spielberg en roue libre qui fut loin d'avoir le même succès que "Les dents de la mer".

tinalakiller a dit…

On a beau regarder ce film actuellement, on s'aperçoit effectivement qu'il était d'une grande modernité pour l'époque même si comme tu dis il est "simple". Simple mais efficace. Et effrayant !

Pascale a dit…

Et la musique putain !!! Tadam tadam tadam...

Aaaaaaaaaaah Roy Schneider aaaaaaaaaaah Richard Dreyfus. J'en ai encore le coeur tout en émoi. .. Et là réplique culte : il va nous falloir un plus gros bateau :-)))

C'est surtout les ligues de vertu commerciales et touristiques qui ont flippé. Plus personne ne voulait se baigner pendant plusieurs saisons.

Quant aux suites lamentables, oublie même si Roy avait rempilé pour la 1ere je crois. Chaque fois que je suis tombée dessus au cours d'un zappage frénétique, le film m'est tombé des yeux.. ..

Martin a dit…

@Tina:

Simple mais efficace: c'est tout à fait ça.
J'aime l'idée que l'ami Steven a su dépasser les moyens techniques de l'époque pour livrer un film très personnel.

Martin a dit…

@Pascale:

John Williams est un génie, tellement complémentaire de son ami Spielberg que c'en est un délice.
Les acteurs sont magiques et, définitivement, je crois que je me contenterai très bien de ce premier opus.