Une bonne nouvelle, d'abord: Jafar Pahani a été libéré. Le réalisateur iranien a été autorisé à quitter sa prison mardi, soit deux jours après que le jury cannois a délibéré... sans lui. Le palmarès aurait-il été différent en sa présence ? On ne le saura jamais. Il faut néanmoins se réjouir de cette info - tout en restant lucide sur le fait qu'il est toujours très difficile de faire du cinéma au pays d'Ahmadinejad. Cela étant dit, comme le titre de ma chronique l'indique et ainsi que je l'ai annoncé ici même lundi, je veux revenir sur les films repartis bredouilles de ce 63ème Festival de Cannes. L'occasion d'en dresser un bilan dans l'autre sens, en quelque sorte.
Le plus notable pour 2010 ? C'est difficile à dire. Une certitude toutefois: Another year, de Mike Leigh, était favori pour la Palme. Au final, le réalisateur britannique rentre chez lui sans Prix, mais impossible d'oublier qu'il avait déjà été consacré, et ce dès 1996. Quant à son nouveau film, il évoque paraît-il la vie d'un vieux couple tout au long d'une année. Je pense que ça peut être intéressant. Touchant, même. Deux raisons qui devraient sûrement m'encourager à aller le voir "malgré tout" quand il sortira en France. Et la date ? Elle n'est pas encore annoncée. Je vais surveiller ça, si je peux.
Autre Britannique couronné à Cannes (cette fois en 2006), Ken Loach ne fera pas non plus le doublé, pas cette année en tout cas. Rappel pour ceux qui auraient loupé le début: son Route Irish avait été sélectionné en compétition à la toute dernière minute. Ce n'est sûrement pas ce qui a compromis ses chances: je lisais dernièrement un article qui expliquait qu'au contraire, certaines oeuvres arrivées sur la Croisette juste avant le coup d'envoi du Festival en étaient reparties primées. Là encore, et toujours dans l'attente d'une date pour la sortie en salles, je n'exclus pas de découvrir le film, qui parle de la guerre en Irak. Vous l'aurez compris: le réalisateur fait donc visiblement un retour au drame social. Son genre de prédilection.
Doug Liman, lui, est américain. Sa caractéristique: avoir été le seul de ses compatriotes à avoir brigué la Palme cette année. C'est raté une fois encore: Fair game n'a pas convaincu le jury. Lui aussi parle du conflit irakien, mais, d'après une critique que j'ai pu lire, il n'est qu'à peine sauvé par ses vedettes, Naomi Watts et Sean Penn. Notons au passage que la première a apporté l'une des rares touches glamour d'une édition du Festival a priori assez pauvre en stars. Quant à son partenaire, il était même resté aux States pour monter une opération humanitaire en Haïti. Pas de regret à avoir, du coup.
Côté français, parmi les films qui ont défrayé la chronique cannoise et qui repartent sans rien, il y a Hors-la-loi, de Rachid Bouchareb. Personnellement, je vous le dis tout de suite: il est plus que probable que j'aille le voir à sa sortie - programmée le 22 septembre prochain. Pour peu que vous ayez un peu suivi le Festival, j'ai alors beaucoup de mal à imaginer que vous soyez passés à côté de la polémique née autour de ce long-métrage. Son scénario suit les pas de trois frères sur fond de guerre d'Algérie. Vilipendé par une partie de la droite azuréenne et conspué par les censeurs réclamant l'interdiction immédiate de toute projection, il paraît que le film n'en est pas moins une belle réussite. Réponse à l'automne, ce qui pourrait ouvrir le débat sur la délicate question des représentations artistiques.
D'ici là, peut-être que j'aurais vu La marquise de Montpensier, nouveau film de Bertrand Tavernier. Plusieurs raisons m'y poussent: 1) le fait que ce soit un film en costumes, 2) le constat additionnel qu'il se tourne vers l'une des périodes qui m'intéressent particulièrement dans l'histoire de France (la fin du 16ème) et enfin 3) le respect que je porte au réalisateur, artisan et fin connaisseur du cinéma au sens très large. Autre source d'intérêt pour ce film d'après moi: sa distribution, portée par quelques jeunes comédiens qui commencent à se faire une place dans le paysage du septième art français, à l'image de Gaspard Ulliel ou Grégory Leprince-Ringuet, par exemple. Je ne parle pas de Mélanie Thierry: elle ne me fascine pas. Toutefois, ça ne m'empêchera probablement pas de lui donner une nouvelle chance. Ne jamais rester sur une idée toute faite.
Pour finir, je changerai de continent et vous dirai juste deux mots sur Outrage, du réalisateur japonais Takeshi Kitano. Spécialiste connu et reconnu des films de yakuzas, consacrés donc aux mafias nippones, le cinéaste a semble-t-il déçu avec cet opus, sans saveur ni odeur autre que celle du sang. Si ce que j'ai entendu est vrai, il y a bel et bien ici beaucoup d'hémoglobine, mais pas grand-chose d'autre. Il est clair en tout cas que ça n'a pas plu aux festivaliers. Pas de quoi hypothéquer une sortie en France, peut-être, mais disons simplement que l'exposition cannoise du projet ne lui a pas fait beaucoup de promo. On verra si le grand public voit les choses autrement: il faut admettre que ce ne serait pas la première fois.
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