Un monde fou, fou, fou, fou: même le titre est improbable ! Remarquez, les trognes de Terry-Thomas et de Buddy Hackett disent assez bien à quel point le film peut être cinglé. Tout commence bizarrement: si vous croyez que les routes américaines sont toutes droites, sachez que celle du début de l'histoire est au contraire tout ce qu'il y a de plus tournicotante. Danger ? Oui, car, tout juste quelques minutes après le générique, l'un de ses usagers est victime d'un accident. Parti dans le fossé et éjecté de son engin, il meurt avant même qu'il lui soit porté secours. Aux autres conducteurs venus essayer de le sauver, à peine a-t-il le temps de révéler l'endroit (encore assez lointain) où sont enterrés... 350.000 dollars !
Vu que le film date de 1963, comprenez qu'il s'agit d'une somme encore plus rondelette qu'elle ne l'est aujourd'hui. Pas étonnant alors qu'elle suscite les convoitises: sur le bord de la route tournicotante dont je parlais à l'instant, on retrouve donc toute une série d'individus ordinaires devenus prétendants au magot. L'option partage ? Elle fait long feu. Un monde fou, fou, fou, fou débute alors vraiment, en même temps qu'une véritable course-poursuite pour toucher le pactole. Une frénésie s'empare de chacun, d'autant plus immorale que l'origine des fonds est douteuse et, tiens donc ! que des policiers s'en mêlent... dans l'espoir - même pas dissimulé - de mettre eux aussi la main sur l'argent. Dès cet instant, le film, lancé sur des rails assez conventionnels, devient tout à fait débridé et particulièrement loufoque. En un mot comme en cent: jubilatoire !
Cinéphile nostalgique, moi ? Pas seulement. Il me paraît toutefois clair qu'aujourd'hui, personne ne tournerait plus une telle oeuvre. Entendons-nous bien: Stanley Kramer n'atteint pas la perfection absolue - dans le genre, je préfère d'ailleurs La grande course autour du monde, de Blake Edwards, film chroniqué ici l'année dernière. Le fait est pourtant qu'à condition d'accepter les pitreries d'une bande de personnages cupides, on s'amuse beaucoup à suivre leurs pérégrinations. La course au trésor est folle - et de fait le titre du long-métrage tout à fait bien choisi. Un délire de près de 2h30 ! Vous trouvez ça long ? Sachez qu'une version de 3h12 a été tournée et que ce n'est donc que le format "court" que je vous recommande de découvrir aujourd'hui. Un monde fou, fou, fou, fou est assurément l'un de ces films choraux à l'ancienne que j'affectionne tant: rien de franchement réaliste dans tout ça, mais c'est justement pour cela que tout fonctionne à plein régime et dans tous les sens ! Et ce jusqu'à la chute, au sens propre comme au sens figuré...
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