Sacré Sam Mendes ! Pas franchement spécialiste de la filmographie du réalisateur américain, je crois pouvoir dire qu'en tournant Away we go l'année dernière, il a pris à contre-pied une partie du public. J'aurai l'occasion d'y revenir ultérieurement, mais il me semble bien que quelques-uns de ses longs-métrages étaient d'un cynisme glaçant. Là, c'est le contraire: l'oeuvre proposée est tout ce qu'il y a de plus tendre. Elle raconte l'histoire de Verona et Burt, un couple ordinaire qui attend un enfant. Nous sommes invités à les suivre, chez eux et sur la route. Les parents du jeune homme leur annonçant leur départ avant l'arrivée du nouveau né, les amoureux s'en trouvent un peu déboussolés et décident finalement de se mettre eux-mêmes en quête de l'endroit idéal où fonder une famille. Direction ailleurs...
Drôle ? Away we go l'est aussi, détaché de toute méchanceté gratuite. Il est facile de s'attacher aux deux jeunes adultes que sont Verona et Burt et je ne doute pas un seul instant que beaucoup d'entre vous se reconnaîtront en eux, peut-être pas tout le temps mais au moins à un moment ou à un autre du film. Sam Mendes offre également d'autres "modèles" d'identification, en fait une série d'autres personnes que le couple croisera sur son chemin. Galerie d'Américains lambda qui va du duo de hippies en guerre ouverte contre... la poussette aux pseudo-amis inquiétants, femme hystérique et mari parano, en passant par la famille composée à grands renforts d'adoptions successives et variées. Autant de miroirs plus ou moins déformants, repoussants ou au contraire attractifs.
Sur la forme, rien de révolutionnaire dans la technique Sam Mendes. Simplement une efficacité qu'on pourrait qualifier d'américaine. Cette petite heure et demie de cinéma, c'est d'abord la promesse (tenue) d'un chouette divertissement: on ne la voit pas passer ! Maintenant, je ne dirais pas que le film est trop court: de mon point de vue, il est parfaitement dosé. Au moment où démarre le déroulé du générique final, on se dit qu'on aurait volontiers passé un peu plus de temps avec Verona et Burt, ne serait-ce que pour voir comment, au final, ils s'en sortent dans leur nouvelle vie. Away we go s'arrête en fait juste avant de le montrer, comme si le réalisateur avait cherché à préserver l'intimité d'un vrai couple. Un ange passe alors. C'est aussi bien de quitter les tourtereaux sur le pas de leur porte. Sans faire de bruit et le sourire aux lèvres. C'est un vrai bonheur. Sentiment que Maya Rudolph et John Krasinski incarnent à merveille !
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