C'est bien sûr inévitable: chaque édition du Festival de Cannes laisse quelques réalisateurs sur le carreau. Ils sont tous venus présenter leur film et repartent bredouilles. Certains doivent se contenter d'avoir ainsi été placés sous les feux de la rampe, mais je suppose que pour d'autres, plus célèbres et/ou plus sensibles, ne pas obtenir la plus petite récompense doit laisser un goût amer. Il n'y a pas forcément de place pour tout le monde sous le soleil de la Croisette. Je me suis même laissé dire que certaines Palmes s'oublient vite sitôt le rideau retombé. Et cette année, je doute que vous ayez ainsi beaucoup entendu parler de Marco Bellocchio, ou d'Isabel Coixet, Xavier Giannoli, Ang Lee ou Tsai Ming-liang. Peut-être un peu plus d'Elia Suleiman, favori pour certains, ou de Jane Campion, déjà célébrée lors d'une précédente édition. Et encore... même pas sûr.
Cannes a un côté paradoxal. Il arrive qu'on parle beaucoup de films qui ne retiennent pas l'attention du jury. Notoriété du cinéaste, intérêt du grand public, popularité d'un acteur donné ou encore parfum de scandale: les raisons sont nombreuses pour qu'une oeuvre non primée trouve néanmoins un certain écho dans les gazettes. Exemple, cette année, avec Soudain le vide, le nouveau film signé du Français Gaspar Noé. La photo vous montre que le réalisateur, chemise orange, a monté les marches avec les quelques enfants de son casting, bambins finalement écartés de la salle de projection. Son trip sur le parcours post mortem de l'âme d'un toxicomane a suscité du dédain et quelques sifflets. Mais au moins, on en a parlé !
Le film de Johnnie To, lui aussi, a fait couler de l'encre, version sympathique cette fois. Il a suffi pour cela qu'il associe une star nationale française, son "presque-homonyme" Johnny Hallyday, dans un rôle cousu main de truand mutique. Même moi qui ne suis pourtant pas fan inconditionnel de celui que les gens appellent l'idole des jeunes, je pense aller voir Vengeance. Les festivaliers ne l'ont que modérément apprécié ? Peu importe. L'intrigue me paraît suffisamment solide pour motiver une prochaine sortie cinéma.
Star française, intérêt tout relatif du public cannois et envie de juger par moi-même: c'est aussi tout ce qui caractérise pour moi Looking for Eric, le nouveau Ken Loach. Employer le sieur Cantona, et dans son propre rôle, à un film de fiction, je demande vraiment à voir ce que ça peut donner. J'ai fermé les écoutilles pour ne pas en savoir trop à l'avance, mais tout de même lu que, sans se départir aucunement de son discours social habituel, Ken Loach propose ici une comédie, un genre pour lui assez insolite - si ce n'est pas inédit. Est-ce la raison qui explique son absence du palmarès ? Pas sûr, mais possible: après tout, c'est un drame qui lui a valu la Palme en 2006.
La médaille du favori qui ne confirme pas les attentes placées en lui ? Je crois qu'elle doit revenir cette année à Pedro Almodovar. Et oui ! Avant le Festival, les aficionados de l'Espagnol le voyaient déjà tout en haut de l'affiche. Je n'ai pas vraiment lu de mauvaises choses contre ses Etreintes brisées, bien au contraire. Reste pourtant qu'avant de toucher le Graal cannois, il lui faudra revenir une fois prochaine avec un autre film. Même l'incontestable touche glamour apportée par Penelope Cruz n'a pas suffi à décrocher la timbale. D'ailleurs, j'y pense tout à coup, c'est peut-être une tendance marquée de cette édition 2009: aucune immense star au palmarès. On verra bien l'année prochaine si elle se confirme... ou pas.
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