vendredi 30 décembre 2011

Une question de date

Une chronique de Martin

Michael Bay aime ce qui est symbolique, simple et spectaculaire. Armageddon, son film sur la possibilité de la fin du monde, répond au cahier des charges. Symbolique, le film l'est en ce qu'il convoque Charlton Heston en voix off, pour expliquer que ce qui est arrivé jadis aux dinosaures - disparaître à cause d'une météorite tombée sur Terre - pourrait bien également arriver aux humains. Il s'agit ensuite de broder une histoire simple et spectaculaire. Mission confiée à une troupe d'acteurs connus, à la tête de laquelle est placé un grand habitué des missions de sauvetage: Bruce Willis, bien sûr.

Spécialiste du forage sur une plateforme offshore, Harry Stamper s'engage parce que son pays a besoin de lui et, au-delà, la planète toute entière. Le vrai aspect sympa du film, c'est qu'il vient donc avec un bel aréopage de confrères de talent: Billy Bob Thornton, Steve Buscemi, Ben Affleck, Owen Wilson ou Peter Stormare. N'oublions pas la très jolie Liv Tyler en premier personnage féminin, raccord avec une B.O. portée par le groupe de papa, Aerosmith. Côté scénario, Armageddon n'est rien d'autre que l'histoire d'un groupe d'astronautes amateurs, formés en 18 jours seulement et vite partis dans l'espace faire exploser un astéroïde gros comme le Texas menaçant d'anéantir l'humanité. Il faut tout de même reconnaître que, niveau pyrotechnie, caméra tremblante et effets spéciaux XXL, les Américains savent faire. C'est presque le seul intérêt de la chose.

Petit clin d'oeil à mes lecteurs: c'est parce que 2012 a été présenté comme l'année de la fin du monde selon les Mayas que j'ai cru amusant d'écrire cette chronique aujourd'hui. Le film lui-même reste un archétype de ces longs-métrages qu'Hollywood semble devoir produire à la chaîne. On a le droit d'aimer Armageddon simplement pour ce qu'il est, un pur divertissement dénué de message. L'extinction de la race humaine n'étant pas nécessairement attendue pour demain, on peut aussi préférer les oeuvres plus signifiantes. Nous sommes prévenus au début que ce n'est juste qu'une "question de date". C'est l'autre des caractéristiques du film: Michael Bay vise donc une certaine universalité, à grands renforts de sites historiques tels que visibles sur la deuxième photo. Ses jouets numériques l'autorisent à détruire une partie de Paris - après les petits ports populaires des faubourgs de Shanghai, tout de même. Surenchère visuelle que d'aucuns trouveront pesante et qui, de fait, étire le film jusqu'à une durée de deux heures et demie. L'essentiel du propos tient pourtant sur une modeste feuille de papier à cigarettes...

Armageddon
Film américain de Michael Bay (1998)
À regarder donc avec un oeil bienveillant et le cerveau en mode silencieux. Le réalisateur mise tellement sur l'image-choc que j'ai lu qu'il lui était arrivé de recycler certains plans d'un film à l'autre. Risque limité ici: après Bad Boys et Rock, cette grosse production n'est que la troisième de sa filmographie. Il me faudra un jour voir 2012 (de Roland Emmerich) pour comparer l'étendue des dégâts. D'ici là, si vous aimez jouer à vous faire peur ou si l'idée de la chute d'une météorite sur Terre ne vous effraie pas, je vous recommande un film bien plus intéressant, au rang de mes préférés pour l'année écoulée: le superbe et pathétique Melancholia, de Lars von Trier.

1 commentaire:

David Tredler a dit…

Ca m'avait amusé à sa sortie, j'avais 16 ans. Aujourd'hui, je ne cours pas après une relecture d'Armageddon ^_^