vendredi 25 juillet 2025

Jacques, Niels, Tahar, Romain...

Douze nominations et sept trophées: cette année, vous avez pu noter que Jacques Audiard s'est offert une belle moisson de prix aux César. J'ai aujourd'hui eu envie de revenir avec vous sur deux de ses films précédemment récompensés, sortis il y a tout de même 16 et 20 ans. Dites-vous bien qu'à cette époque, certains le croyaient "imbattable" !

Un prophète (2009)
J'ai donc découvert tardivement ce film, qui a révélé Tahar Rahim. L'acteur est excellent dans le rôle de ce jeune analphabète condamné à six ans de prison pour un délit que le scénario n'explicite pas. Presque aussitôt, Malik démontre sa fragilité: deux de ses codétenus lui tombent dessus et lui volent ses chaussures. Surprise: un parrain corse respecté par certains gardiens le prend sous sa "protection". Mais il y a une contrepartie: il faudra liquider un prisonnier arabe susceptible de dénoncer les chefs et méthodes d'un réseau mafieux encore actif à l'extérieur de la maison d'arrêt. Bref... la rédemption espérée de Malik pourrait n'être possible qu'en devenant un criminel endurci. Le récit de cette transformation s'appuie sur un scénario solide. Cela dit, quelque chose me dérange aux entournures: l'aspect explicite de la violence, je suppose, là où des films comme Mesrine ou Borgo sont appuyés sur des faits avérés. Mon bilan reste positif grâce aux interprètes (Niels Arestrup au top) et à une mise en scène de haut vol. Audiard joue de ses références pour mieux les dépasser !

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De battre mon coeur s'est arrêté (2005)
Quatre ans plus tôt, il le faisait dans ce qui reste son meilleur film d'après moi, juste derrière l'inégalé Sur mes lèvres. Ce long-métrage s'illustre entre autres grâce au (beau) rôle confié à Romain Duris. Ambigu comme rarement, le jeune trentenaire incarne Tom, un type qu'on voit vivre correctement en faisant des affaires dans l'immobilier parisien. Il est en fait très seul et subit clairement l'influence néfaste d'un père (Niels Arestrup), entouré de collègues adeptes de drogues dures et dépourvus d'états d'âme. Tom, lui, aurait voulu être pianiste comme sa mère avant lui: cela lui ouvre un chemin de rédemption. Saura-t-il l'emprunter ? Et avec qui ? Je vous laisserai le découvrir. D'emblée, la mise en scène s'avère de très bonne facture. Je dirais que, du point de vue du scénario, ce sont les personnages féminins (joués par Emmanuelle Devos, Aure Atika et surtout Linh-Dan Pham) qui sont décisifs - ou au moins révélateurs de la personnalité de Tom. Ils confèrent au film sa colonne vertébrale et offrent au protagoniste principal des chances d'évoluer. Et c'est brillant ? Non, mais pas loin...

(+) à lire aussi:
Pascale / Lui

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Un rappel pour finir...
Jacques Audiard, 73 ans, a réalisé dix longs-métrages pour le cinéma. Je vous invite à consulter la page "Les réalisateurs et réalisatrices". Emilia Pérez, le César de cette année, y est d'ores et déjà référencé. D'autres films le sont aussi. Il ne manque que Regarde les hommes tomber (2004), Dheepan (Palme d'or 2015) et Les Olympiades (2021) pour une intégrale. À suivre: cet objectif est clairement à ma portée !

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