mercredi 23 juillet 2025

Père et flic à Yaoundé

C'est la première fois que cela arrive: j'enchaine un troisième mois consécutif avec une présentation d'un long-métrage (franco-)africain. Pour Indomptables, je m'intéresse à un nouveau pays: le Cameroun. Je n'aurais pas cru pouvoir le visiter avec l'humoriste Thomas Ngijol. Dans un parfait contre-emploi, l'intéressé a choisi ici de devenir flic...

Un autre représentant des forces de l'ordre a été abattu à Yaoundé. Zacharie Billong, haut placé dans la hiérarchie, se lance sur la trace des assassins de son collègue. L'une des grandes métropoles d'Afrique subsaharienne se dévoile ainsi devant nos yeux d'Européens distants ou blasés. C'est, je crois, l'un des grands intérêts d'Indomptables. Sous ce beau titre-adjectif appliqué à l'équipe de foot du pays, le film dévoile une société hétéroclite, encore "en voie de développement" selon les critères occidentaux et qui voit ses traditions séculaires remises en question. On en oublie alors l'aspect policier du scénario pour nous intéresser plutôt au portrait de l'homme qui nous fait face. Un homme fatigué, parce qu'écartelé entre ses lourdes obligations professionnelles et sa vie de famille... particulièrement tumultueuse !

Chose étonnante, cette oeuvre de fiction s'inspire d'un documentaire sorti en 1997 (et signé Mosco Levi Boucault): Un crime à Abidjan. Comme vous l'aurez compris, le fait divers à l'origine des deux opus s'était produit en Côte d'Ivoire. À ceux qui pourraient lui reprocher d'être complaisant, Thomas Ngijol dit: "Je ne fantasme pas l'Afrique". Dans le pays de sa famille, il incarne un personnage de la génération de ses parents. Sans faire de politique, mais avec un propos assumé. Il visite sobrement le passé du continent, "ses douleurs, ses blessures qui ne sont pas guéries ou reconnues", et affirme: "Ça crée des gens complexes". Un constat dénué de toute agressivité ou ambivalence. Personnellement, je n'ai pas vu en Indomptables un film à message politique, mais je peux aussi concevoir que l'on pense le contraire. Mes connaissances des réalités africaines sont beaucoup trop limitées pour que j'en parle avec certitude ! D'autres sites existent pour cela...

Indomptables
Film (franco-)camerounais de Thomas Ngijol (2025)

Bonus: ma première "rencontre" avec l'acteur-réalisateur au cinéma. Et j'ai aimé cette heure vingt passée avec lui, dans ce pays méconnu ! Je me suis finalement retrouvé entre l'étonnante douceur d'un film comme Wallay et l'aspect documentaire brut du mémorable Makala. Difficile à décrire, mais cela m'incite à suivre la production africaine de plus près. Tout en me demandant où aura lieu ma prochaine étape.

----------
En attendant de le savoir...

J'ai trois conseils de lecture aujourd'hui: les avis de Pascale et Dasola ont été publiés rapidement - avant celui de Princécranoir. À vos clics !

Aucun commentaire: