mardi 15 juillet 2025

Après maintes traversées

On imagine volontiers Ulysse en héros, assez rusé pour prendre Troie grâce à un cheval de bois et suffisamment fort pour écarter les périls qui, après vingt ans de guerre, veulent l'empêcher de rentrer chez lui. En juin, un film est venu raconter une autre version de la légende. Son titre bilingue est très incongru: The return - Le retour d'Ulysse !

Cette désignation tient sans doute au fait que les producteurs du film n'ont pas eu envie de se prendre la tête avec les nationalités multiples de ce fameux opus, américain, français, britannique, italien et grec. Passons ! De mon côté, j'étais plutôt content de suivre Ralph Fiennes dans un rôle qui lui va bien: celui d'un Ulysse revenu à la fois meurtri et désabusé de ses aventures lointaines. Reprendre le trône d'Ithaque n'a même pas l'air d'être sa priorité, ce qui donnerait presque raison aux prétendants qui rôdent autour de sa femme, la fidèle Pénélope, affirmant qu'il l'a abandonnée, s'il n'est pas mort depuis des lustres. Télémaque, son fils, voue aux gémonies ce père toujours absent. D'après le mythe, c'est Argos, le chien d'Ulysse, qui le reconnaîtra avant tout le monde. Bref... les très grandes lignes du récit antique sont respectées, mais c'est à un roi fatigué que nous avons affaire. Après tout, pourquoi pas ? Homère lui-même aurait pu le concevoir...

Le film a un autre atout: Juliette Binoche dans le presque-unique rôle féminin. L'allure hiératique de la comédienne et ses quelques rides apparentes rendent son - beau - personnage de résistante crédible. Rien que pour elle et son premier partenaire, The return... mérite d'être vu. Attention, toutefois: c'est un film assez long (deux heures). Il est possible que vous soyez quelque peu dérouté par les postures quasi-théatrales que prennent les acteurs, voire par leurs répliques. Les scènes intérieures manquent parfois de souffle, malgré la qualité indéniable des décors et des costumes. Je peux dès lors comprendre que l'on s'ennuie devant un tel spectacle, bien peu épique, finalement. Je pense que vous saurez dès les premières minutes si cela convient pour vous... ou même avant, rien qu'en regardant la bande-annonce. Vous n'êtes évidemment pas obligés d'insister si vous le sentez pas. C'est un fait: le jour même de la sortie, j'étais tout seul dans la salle !

The return - Le retour d'Ulysse
Film britannique d'Uberto Pasolini (2024)

Le premier Ulysse que j'ai connu voguait dans l'espace intergalactique et son fils avait pour ami un petit robot rouge, qu'il appelait Nono. Cruel, le temps l'avait moins éprouvé que le héros du film du jour ! Vous cherchez un entre-deux ? Je vous suggère de revoir Kirk Douglas dans ses jeunes oeuvres et donc le Ulysse de Mario Camerini (1954). Vous pouvez aussi attendre 2026 et la version de Christopher Nolan...

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Je vous montre un autre chemin ?

Oui: une seconde chronique (ironique) n'attend que vous chez Pascale.

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