jeudi 20 février 2025

Mécanique du crime

Aéroport de Bastia-Poretta, fin de la matinée du 5 décembre 2017. Deux hommes tout juste sortis d'un terminal tombent sous les balles d'un tueur isolé: l'un d'eux meurt sur le coup, le second quelques jours plus tard, à l'hôpital. Un film - Borgo - est revenu sur ce dossier criminel jugé en juin dernier. Certains avocats n'ont guère apprécié...
 
Je vous laisse découvrir seuls, sur Internet, les nombreuses facettes de cette affaire. Côté cinéma, je vous dirais simplement que Borgo s'appuie sur deux trames distinctes. La première place le spectateur dans les pas d'une jeune femme, Mélissa, une gardienne de prison très récemment mutée en Corse (depuis la banlieue parisienne). Heureuse de cette affectation, elle découvre un cadre professionnel nouveau: le milieu ouvert. Une partie des détenus qu'elle surveille bénéficie d'un quartier strictement réservé, avec des lieux de vie communs. L'incarcération y est donc plus "douce", en quelque sorte. Mélissa doit absolument rester ferme pour rappeler à quelques-uns qu'elle n'est pas leur amie et que ses ordres doivent être respectés. Franchement, le long-métrage est très réussi pour montrer la vie intérieure d'une prison: on comprend bien que son équilibre est fragile et que, souvent, les personnels sont dès lors soumis à rude épreuve. S'agissant d'une fiction, c'est intéressant et surtout... bien ficelé. J'aime à saluer ici la prestation de Hafsia Herzi dans le rôle principal !
 
Nous découvrons également Mélissa dans sa vie familiale, un moyen très efficace pour renforcer notre intérêt pour ce personnage crucial. La seconde trame du film, qui alterne constamment entre les deux, s'oriente autour de flics incarnés par Michel Fau et Pablo Pauly. Ensemble, ils enquêtent sur le double meurtre de l'aéroport bastiais. Leur outil: les images qu'ont capté les caméras de vidéosurveillance. Malheureusement pour moi, j'avais une idée assez claire du résultat de leur recherche avant même de voir le film ! Je peux donc supposer que cela m'a privé d'au moins une partie du plaisir pris à le regarder. Pas question toutefois de jeter le bébé avec l'eau du bain: Borgo possède bien assez de réelles qualités d'écriture et de mise en scène pour captiver le public qui ignorerait tout de l'affaire dont il s'inspire. Même celles et ceux qui craignent l'hémoglobine: la scène d'assassinat présentée dès le début ne laisse apparaître aucune goutte de sang. Habile et crédible, le scénario s'appesantit beaucoup plus longuement sur le sujet de l'embrigadement mafieux. Bien plus redoutable encore.

Borgo
Film français de Stéphane Demoustier (2024)

Le sujet n'est pas des plus originaux, mais son traitement assez bon pour susciter, je crois, l'adhésion d'un large public. Et tant mieux ! J'ai notamment apprécié que rien ne soit abordé ici de manière racoleuse. Je pourrais dire la même chose d'un célèbre film italien traité, lui aussi, sous une forme presque documentaire: Gomorra. Loin, très loin, du glamour qu'ont imaginé Le parrain ou L'impasse...

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Et qui d'autre s'est laissé prendre au jeu ?

Assez peu de monde ! Mais au moins Pascale, Dasola et Princécranoir.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Un des grands films de l'année dernière.
Je te recommande un nouveau séjour en Corse avec Mohican.
Beaucoup moins de moyens mais très efficace et beau. Et un grand Alexis Manenti.

Martin a dit…

C'est précisément ce que j'ai prévu d'aller voir ce week-end... et peut-être même dès aujourd'hui.