Du soleil tout le temps. La mer à quelques pas. Des invités heureux de passer quelques jours en sa compagnie. Le quotidien de Julija ressemble à des vacances de rêve, mais n'est en fait qu'une existence oppressante. On rencontre l'adolescente dans Murina, la Caméra d'or du Festival de Cannes l'an passé. J'ai pensé que c'était un bon choix...
Murina n'a pas volé cette récompense remise aux premières oeuvres. De manière plus anecdotique, c'est aussi le tout premier film croate que j'ai l'occasion de voir - et de chroniquer, donc, sur ce cher blog. Autant le dire: ce n'est pas un divertissement. Est-ce le cadre enchanteur ? Ou serait-ce plutôt la prestation habitée des acteurs principaux en général et de la jeune Gracija Filipovic en particulier ? J'ai eu l'impression de me frotter à un récit de nature mythologique. Julija, l'héroïne du film, y affronte un père tyrannique, aux faux airs de Dieu punisseur, incapable de lui laisser la moindre petite liberté dans ce monde (presque) coupé du tout. Faudrait-il une intervention extérieure pour qu'elle s'affranchisse ? Possible: le scénario le suggère brièvement, mais dresse avant tout le portrait d'une jeune femme déterminée à ne pas se laisser faire et portée par une colère muette semblant aller crescendo. Cela pourrait-il s'arranger ? À vous de juger.
Pour compléter mon propos, je dirais que j'ai vu un très beau film. Non content de nous embarquer vers une terre peu vue dans les salles françaises, le long-métrage tire le meilleur parti de ce littoral croate sur lequel, à vrai dire, je n'avais aucune connaissance pré-établie. Point important: Murina montre également les incursions du monde extérieur dans ce supposé paradis et révèle qu'elles n'apportent guère de solution à qui voudrait s'en échapper. Je n'oserai pas me risquer aux conclusions ethnologiques, mais ce serait une piste à creuser après votre propre séance de cinéma. Le fait que le personnage principal soit une fille et le grand chef derrière la caméra une femme m'apparaît également tout sauf anodin: on tient peut-être l'opus féministe le plus inattendu de l'année - ou de son premier semestre. La fin, elle, m'a semblé laisser une porte ouverte à nos imaginations. Et le tout dernier plan avant le générique pourrait... vous hypnotiser !
Murina
Film croate d'Antoneta Alamat Kusijanovic (2021)
Soutenu par Martin Scorsese et des fonds slovènes, ce long-métrage festivalier probablement peu diffusé s'avère singulier à plus d'un titre. Je ne regrette pas d'être allé le voir: les terrae incognitae du cinéma titillent toujours ma curiosité et, ensuite, savent affûter mon regard. Chacun à leur manière, Les géants et Adoration - frappent fort aussi pour parler des ados. Je reste à l'écoute de vos éventuels bons plans !
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Vous n'êtes pas inspirés ?
Le serez-vous davantage après avoir lu le texte de Dasola ? Peut-être.
Murina n'a pas volé cette récompense remise aux premières oeuvres. De manière plus anecdotique, c'est aussi le tout premier film croate que j'ai l'occasion de voir - et de chroniquer, donc, sur ce cher blog. Autant le dire: ce n'est pas un divertissement. Est-ce le cadre enchanteur ? Ou serait-ce plutôt la prestation habitée des acteurs principaux en général et de la jeune Gracija Filipovic en particulier ? J'ai eu l'impression de me frotter à un récit de nature mythologique. Julija, l'héroïne du film, y affronte un père tyrannique, aux faux airs de Dieu punisseur, incapable de lui laisser la moindre petite liberté dans ce monde (presque) coupé du tout. Faudrait-il une intervention extérieure pour qu'elle s'affranchisse ? Possible: le scénario le suggère brièvement, mais dresse avant tout le portrait d'une jeune femme déterminée à ne pas se laisser faire et portée par une colère muette semblant aller crescendo. Cela pourrait-il s'arranger ? À vous de juger.
Pour compléter mon propos, je dirais que j'ai vu un très beau film. Non content de nous embarquer vers une terre peu vue dans les salles françaises, le long-métrage tire le meilleur parti de ce littoral croate sur lequel, à vrai dire, je n'avais aucune connaissance pré-établie. Point important: Murina montre également les incursions du monde extérieur dans ce supposé paradis et révèle qu'elles n'apportent guère de solution à qui voudrait s'en échapper. Je n'oserai pas me risquer aux conclusions ethnologiques, mais ce serait une piste à creuser après votre propre séance de cinéma. Le fait que le personnage principal soit une fille et le grand chef derrière la caméra une femme m'apparaît également tout sauf anodin: on tient peut-être l'opus féministe le plus inattendu de l'année - ou de son premier semestre. La fin, elle, m'a semblé laisser une porte ouverte à nos imaginations. Et le tout dernier plan avant le générique pourrait... vous hypnotiser !
Murina
Film croate d'Antoneta Alamat Kusijanovic (2021)
Soutenu par Martin Scorsese et des fonds slovènes, ce long-métrage festivalier probablement peu diffusé s'avère singulier à plus d'un titre. Je ne regrette pas d'être allé le voir: les terrae incognitae du cinéma titillent toujours ma curiosité et, ensuite, savent affûter mon regard. Chacun à leur manière, Les géants et Adoration - frappent fort aussi pour parler des ados. Je reste à l'écoute de vos éventuels bons plans !
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Vous n'êtes pas inspirés ?
Le serez-vous davantage après avoir lu le texte de Dasola ? Peut-être.
6 commentaires:
Une histoire d’émancipation non?
Je connais la Croatie mais pas son cinéma.
Le thème me fait un peu penser au film ”Respiro” qui se passait à Lampedusa avec une femme ayant des envies de liberté face aux conventions qui demeuraient dans le Sud de l’Italie.
Pourquoi pas alors.
Je suis très content d'avoir eu cette opportunité de voir un film croate. J'espère en voir d'autres, mais ce n'est pas gagné d'avance. Il me semble d'ailleurs bien que c'est la première fois qu'un film de ce pays remporte la Caméra d'or à Cannes...
Je n'ai pas parlé d'émancipation et c'est volontaire. Je doute que le terme soit applicable, mais ça se discute. Au plaisir d'en reparler avec vous si vous voyez le film. J'avais bien aimé "Respiro" et le parallèle me semble relativement pertinent, pour le coup. Merci de ce commentaire !
Oui je pense y aller et les paysages sont sublimes. J’ai une copine croate,qui est traductrice.Je lui demanderai à l’occasion si elle a vu le film et son ressenti sur le poids des traditions dans le pays.
Merci à vous.
J'avais moi-même un ami croate, mais je l'ai perdu de vue.
Si vous avez l'occasion d'en parler avec votre amie, je suis plus que preneur d'un retour !
Vu. Très beau film qui aborde quelques questions et j’en discutais avec cet copine,le patriarcat s’impose toujours, on le ressent davantage dans les campagnes en Croatie,où il y a bien trente ans de retard.Ce n’est peut-être pas le cas dans toutes les familles.
On voit bien comment cette jeune femme tente de se libérer du carcan du père odieux, qu’elle trouve certainement dans le contact avec la mer une évasion, un contact vivant.
Sinon il y a une belle mise en lumière des côtes Croates et des vues ravissantes.
Ça aurait pu se passer en Italie du Sud ou en Corse où on retrouve les mêmes composants.
Merci de ce retour argumenté et très intéressant, Jourdan. J'aurais aimé pouvoir échanger avec votre amie croate. Et je suppose que vous avez raison sur la Corse et l'Italie du Sud...
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