mardi 2 novembre 2021

En toute humanité

Vous savez que j'aime les grands écarts: après mes deux scary movies consécutifs, j'ai voulu voir une chronique sociale des frères Dardenne. Petite info: La fille inconnue figurait dans la sélection officielle cannoise et fut ensuite en lice pour le César du meilleur film étranger. On peut donc dire que les deux frangins belges ont encore "la carte"...

Après Cécile de France et Marion Cotillard, ils misent une fois encore sur une comédienne connue (et reconnue): la grande Adèle Haenel. Disons-le: c'est d'ailleurs pour elle qu'à mon tour, je me suis penché sur ce nouvel opus - la dixième fiction - de leur vaste filmographie. Jenny Davin, médecin généraliste à Liège, apprend qu'une femme d'origine africaine a été retrouvée morte à proximité de son cabinet. Or, la veille du jour où la police vient l'interroger, elle a refusé d'ouvrir sa porte à une patiente arrivée assez tard dans l'après-midi. Lorsqu'on lui explique alors que personne ne connaît l'identité de celle qu'elle a éconduite, Jenny culpabilise... et entame sa propre enquête !

Vous l'aurez compris: comme d'habitude, les Dardenne ne sont pas là pour amuser la galerie. La fille inconnue est un film d'une sobriété qui confine franchement à l'austérité. Un genre en soi, probablement. Observateurs en tant que metteurs en scène, les cinéastes wallons n'embellissent pas une réalité qu'ils présentent comme assez sombre. Ce nouveau portrait de femme frappe pour autre chose: l'humanité qui accompagne les faits et gestes de leur toubib, sa vie personnelle restant constamment dans l'ombre. Cette façon de faire du cinéma paraît à la fois simple et très précise, d'où peut-être l'engouement constant de ceux qu'on appelle les professionnels de la profession. Bon... je comprends très bien qu'on puisse totalement passer à côté. Mais je crois que ce style n'a pas véritablement d'équivalent ailleurs...

La fille inconnue
Film belge de Jean-Pierre et Luc Dardenne (2016)

Confronté à un tel travail, on ne s'étonnera guère que les réalisateurs aient fait leurs débuts dans le documentaire (entre 1978 et 1983). Quelque chose ici semble en effet tout à fait proche de la vraie vie. Souvent, je compare les Dardenne à Ken Loach: le vieux lion anglais est un peu plus lyrique, sans doute - voir Jimmy's hall, par exemple. Vous vouliez plus de lumière ? Je vous recommande Le gamin au vélo.

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Pour avoir quelques repères supplémentaires...
Je vous signale qu'aux côtés d'Adèle Haenel, les deux frères belges ont ici placé une partie de leur troupe habituelle: on peut ainsi noter la présence d'Olivier Gourmet, Jérémie Renier et Fabrizio Rongione. Marc Zinga complète ce beau groupe d'acteurs belges comme "bizuth".

Et pour rester avec eux du côté belge du cinéma social...
Je vous suggère d'aller faire un tour chez Princécranoir et Benjamin.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Je crois que c'est le seul film des frangins que je n'ai pas aimé et la "grande" Adèle qui fait constamment la gueule c'était assez pénible.

Martin a dit…

Je te trouve bien sévère avec Adèle. Son rôle n'est pas très souriant.
Au fait, tu as fait l'impasse ? Je n'ai pas trouvé d'article sur ton blog...

Pascale a dit…

Elle n'a pas de raisons de sourire dans ce rôle mais son personnage est un peu trop accablé.
Je n'en ai pas parlé. Pas envie de dire du mal d'un film des frères :-)

Martin a dit…

Pour Adèle et pour les frères, je comprends mieux ! Merci d'avoir explicité ton propos.

princecranoir a dit…

Je me souviens de ce Dardenne pur jus qui, en effet, après "le gamin au vélo" et "deux jours, une nuit" (que je n'ai toujours pas vu alors qu'il traîne dans son boitier dvd depuis très longtemps), mettait en scène une actrice en plein affirmation. Un contre-emploi d'ailleurs qui lui allait pas mal. A quand un Dardenne avec Léa Seydoux ?
Merci encore pour le lien.

Martin a dit…

Je miserais plus sur leur compatriote Virginie Efira, mais c'est vrai que Léa Seydoux pourrait être intéressante ! Mais j'aimerais bien aussi que les Dardenne continuent de révéler certain(e)s comédien(ne)s comme ils ont si bien su le faire par le passé...

Un exemple: Émilie Dequenne, c'est quelqu'un qui compte, tout de même !

princecranoir a dit…

Très bonne idée un film avec Virginie.

Je suis comme toi, j'aime beaucoup Emilie Dequenne.

Martin a dit…

Émilie Dequenne, oui: je n'ai pas vu tous ses films et certains ne m'attirent pas vraiment, mais je ne l'ai jamais vu commettre de vraie fausse note dans son jeu d'actrice. Et il me semble qu'elle reste simple malgré sa notoriété.

D'ailleurs, je trouve souvent qu'au cinéma, les Belges, femmes et hommes, ont un petit truc à eux que les Français n'ont pas.